Le Liban est à un carrefour qui, selon les politiciens et les économistes, le mènera à la reprise économique et à la prospérité, ou à la désolation et à l'isolement, selon la voie qu'il choisira de suivre.
Le Hezbollah a amené le pays au bord de l'effondrement, ont-ils déclaré, soulignant que le désarmement du parti, qui est une demande libanaise et internationale, est la seule voie possible par laquelle le Liban peut retrouver sa prospérité.
Depuis 1982, de nombreux pays ont appelé au désarmement du Hezbollah, en raison de ses activités terroristes, et ils sont de plus en plus nombreux à le classer comme un groupe terroriste.
L'ingérence du Hezbollah dans des conflits étrangers, comme la guerre en cours en Syrie, ce qui enfreint la politique de dissociation du Liban, a porté préjudice aux relations du Liban avec ses voisins et à son économie.
Le Liban « est plus proche de l'effondrement que de la prospérité, à cause de nombreux éléments sous-jacents », a expliqué l'ancien ministre d'État Roger Dib à Al-Mashareq.
On retrouve notamment parmi ceux-ci « la complexité de la structure sociopolitique libanaise, l'instabilité de la région dans laquelle le pays est situé, la corruption de la classe dirigeante et l'implication du Hezbollah dans les conflits régionaux », a-t-il détaillé.
Selon Dib, le problème avec le Hezbollah trouve son origine dans les accords de Taïf, qui ont exclu le parti liée à l'Iran d'une disposition qui prévoyait la dissolution des milices et la remise de leurs armes à l'armée libanaise.
Après l'assassinat du Premier ministre Rafiq Hariri en 2005, un acte de terrorisme relié au Hezbollah, le parti a commencé à exercer une influence excessive sur la scène politique libanaise et s'est impliqué dans des conflits régionaux, a fait savoir Dib.
« Ce qui sauverait le Liban de l'effondrement est une proposition audacieuse du patriarche maronite Bechara Boutros al-Rahi, qui a appelé à éloigner le Liban des conflits régionaux et à désarmer le Hezbollah », a-t-il poursuivi.
Le désarmement du Hezbollah doit se faire dans le cadre d'une stratégie de défense nationale dirigée par le président et avec la participation et le soutien de tous les partis politiques libanais, a-t-il affirmé.
Une réforme politique est nécessaire
Mohammed Ali al-Hajj al-Ameli, éminent universitaire et opposant au Hezbollah, a déclaré à Al-Mashareq qu'il ne pense pas que le problème du Liban soit de nature économique, car la crise actuelle est ancrée dans la structure du système politique.
« Nos problèmes économiques peuvent être résolus, mais il est nécessaire de mener une réforme politique pour moderniser la structure du gouvernement libanais », a-t-il expliqué.
Le sentiment d'identité nationale doit être encouragé, a-t-il ajouté, car actuellement le Liban est fragmenté et « chaque groupe a sa propre initiative pour le pays ».
Il est également impératif d'éliminer les milices qui ont excessivement influencé le Liban depuis le début des années 1990, a-t-il poursuivi, notant que les armes qui échappent au contrôle de l'État entravent les réformes structurelles au sein du système.
Le Hezbollah n'est pas à lui seul à l'origine du problème, a-t-il déclaré, pointant le système politique existant, qui a ouvert la voie à son émergence et à son essor.
« Quelle crédibilité ont les partis politiques s'ils exigent le désarmement d'un parti après avoir contribué à sa croissance et à légitimer ses armes ? », s'est-il interrogé.
Le Liban devrait se fixer comme priorité d'établir un système politique moderne et non sectaire qui ne permettrait à aucun parti d'agir en dehors de l'État ou de porter des armes, a-t-il déclaré, afin qu'aucun ne ressente le besoin de poser sa propre initiative.
Le Liban a besoin d'aide pour se relever
Cela fait des années que le Hezbollah règne sur le Liban, directement et par l'intermédiaire de ses alliés, avec des conséquences dévastatrices pour le pays, a déclaré l'économiste Violette Ghazal al-Balaa à Al-Mashareq.
La mise en œuvre du programme du parti a mis le Liban en faillite, qui doit maintenant supporter les effets des sanctions américaines, a-t-elle indiqué, notant que le Liban ne pourra pas se relever tout seul.
Le Liban ne peut pas retrouver sa prospérité, « à part en désarmant le Hezbollah par des moyens diplomatiques, ce qui ramènerait le Liban au sein de la communauté internationale », a expliqué al-Balaa.
Un programme de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) injecterait entre 8 et 10 milliards de dollars dans le pays sur une période de cinq ans, a-t-elle noté, à condition que les réformes nécessaires soient mises en œuvre.
Ces réformes doivent également être menées à bien pour que le pays puisse bénéficier d'un programme d'aide internationale de 11,5 milliards de dollars, qui bénéficierait grandement à ses infrastructures et stimulerait les entreprises, y compris le tourisme.
L'économie libanaise est capable de se redresser à une vitesse record si elle est libérée du Hezbollah, a ajouté al-Balaa, soulignant en conclusion que le parti a imposé des sanctions économiques qui sont une source d'inquiétude pour les investisseurs en capital-risque et les investisseurs classiques.