Les récentes sanctions américaines à l’encontre de deux anciens ministres libanais pour le soutien qu’ils avaient apporté au Hezbollah s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie plus large d’escalade contre le parti et ses soutiens, ont déclaré des experts et des analystes à Al-Mashareq.
Suite à cette décision, ont-ils rapporté, certains alliés du Hezbollah ont commencé à prendre leurs distances avec le parti, craignant d’être les prochains visés.
Le 8 septembre, les États-Unis ont imposé des sanctions à l’encontre de l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil et de l’ancien ministre des Transports Youssef Fenianos, gelant tous les actifs qu’ils détiennent aux États-Unis et pénalisant toute transaction financière avec eux.
Le parti Amal, dont Khalil est membre, a immédiatement condamné les sanctions à son encontre, et le Hezbollah a annoncé sa « solidarité » avec les anciens ministres.
Les alliés du Hezbollah ont « peur »
En sanctionnant Khalil et Fenianos, les États-Unis montrent qu’ils vont continuer à augmenter la pression contre le Hezbollah, a déclaré Antoine Mrad, conseiller du chef des Forces libanaises Samir Geagea.
« Ces sanctions auront un impact important en ce qu’elles ont intimidé les alliés du parti », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, notant que les hommes d’affaires et les entreprises qui maintiennent un lien direct ou indirect avec le parti ont désormais peur d’être sanctionnés.
Certaines personnalités affiliées au Hezbollah ont commencé à « revoir leur position, annonçant que des réformes devraient être mises en œuvre et que l’arsenal du Hezbollah devait faire partie des sujets abordés », a-t-il fait savoir.
Les déclarations d’Amal et du Hezbollah condamnant les sanctions « n’ont aucun effet, et ont été faites dans le but de prendre position et de rassurer leur public, car ils sentent que la peur commence à s’installer parmi eux », a poursuivi Mrad.
Par ailleurs, a-t-il noté, le Hezbollah « a l’opportunité de prendre ses distances avec l’Iran s’il veut préserver un niveau minimum de survie et son existence ».
« Élargissement du cercle »
Les sanctions américaines contre les deux anciens ministres « représentent un changement majeur dans la façon dont les États-Unis abordent le Hezbollah dans le cadre des efforts visant à contrer l’Iran », a déclaré le journaliste Sanaa al-Jack à Al-Mashareq.
Les États-Unis avaient auparavant limité les sanctions au parti et à ses membres, a-t-elle indiqué, et l’élargissement du cercle indique qu’une escalade se profile en ce qui concerne la politique américaine envers le plus puissant des intermédiaires de l’Iran.
Ces sanctions signalent une détermination croissante à mettre fin à l’ingérence du Hezbollah dans les administrations libanaises afin de faire passer des projets qui servent le programme iranien, a-t-elle ajouté.
Ces mesures américaines sont un prélude pour dévoiler les réseaux du parti et mettre fin à sa dangereuse influence sur le Liban et son avenir, a déclaré à Al-Mashareq Hassan Qutb, directeur du Centre libanais de recherche et de conseil.
« La plupart des Libanais pensent que ces sanctions pourraient marquer le début d’une nouvelle phase pour remplacer ce système par des dirigeants indépendants et patriotiques qui ne sont pas entachés par [la corruption] », a-t-il déclaré.
Exploitation d’un système corrompu
Qutb a souligné que la corruption est profondément ancrée au Liban, et que le Hezbollah et le parti Amal exploitent le système pour atteindre leurs objectifs.
Ils le font en « contrôlant les frontières pour percevoir des droits, et en gonflant l’emploi dans les administrations publiques pour canaliser l’argent des fonds publics vers leurs coffres et servir leurs partisans », a-t-il expliqué.
Les sympathisants des agences officielles facilitent également l’attribution de contrats au Hezbollah et à Amal, a-t-il rapporté.
En conclusion, Qutb a exprimé l’espoir que les responsables corrompus continueront à être dévoilés et qu’une plus grande attention internationale sera accordée à la situation au Liban « pour le sortir de ses crises économiques, de la corruption financière et de l’anarchie armée ».