L'Iran est devenu une menace immédiate pour les pays arabes à cause de son ingérence constante dans leurs affaires et le déploiement de groupes intermédiaires dans la région, ont déclaré des ministres arabes des Affaires étrangères lors d'une réunion d'urgence de la Ligue arabe dimanche 19 novembre.
Cette réunion se déroule alors que les tensions grandissent entre l'Arabie saoudite et l'Iran, notamment en ce qui concerne le Liban, membre de la ligue.
La déclaration de clôture des ministres a qualifié le Hezbollah, la milice libanaise appuyée par l'Iran, de « groupe terroriste ».
Riyad a convoqué cette réunion ministérielle au Caire pour discuter des « infractions » commises par l'Iran après qu'un missile a été intercepté près de la capitale saoudienne lors d'une attaque le 4 novembre revendiquée par les Houthis (Ansarallah) au Yémen, a rapporté l'AFP.
Fermes condamnations
Dans une résolution, la ligue a communiqué une « ferme condamnation » de cet incident, déclarant que c'était une « agression flagrante contre le royaume et une menace pour la sécurité nationale arabe ».
Les ministres de la ligue ont affirmé le droit de l'Arabie saoudite à défendre son territoire et ont déclaré qu'ils soutiendraient toutes les procédures légitimes qu'elle pourrait entreprendre « contre ces infractions iraniennes ».
Ils ont également chargé « le Groupe arabe à New York de s'adresser au président du Conseil de sécurité pour clarifier les infractions iraniennes » envers une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies concernant le programme de missiles balistiques de Téhéran.
« Le missile tiré par les Houthis vers l'Arabie saoudite est le plus grave incident d'une série de transgressions, de subversions et de diffusion de troubles sectaires par l'Iran dans la région », a affirmé le dirigeant de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit lors de la réunion.
« Nous sommes obligés d'appeler les choses par leur nom et de dire que ce missile est un message clair de l'Iran indiquant qu'il cherche à semer la subversion, les troubles et la haine », a-t-il ajouté.
« Il existe des incidents avérés de réseaux d'espionnage et de sabotage dont les actions destructrices ont été révélées », y compris aux Émirats arabes unis, en Égypte, en Arabie saoudite, à Bahreïn, en Jordanie, au Maroc et au Soudan, a-t-il affirmé.
« Et il y a des incidents avérés de soutien et de financement de milices armées dans plusieurs lieux du monde arabe », a-t-il poursuivi.
Sheikh Khalid ben Ahmed Al-Khalifa, ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, a déclaré que « la branche la plus importante de l'Iran dans la région à l'heure actuelle est la branche terroriste du Hezbollah ».
Il a ajouté que le Hezbollah « ne fait pas qu'exécuter des opérations sur le territoire [libanais], mais il franchit aussi les frontières vers toutes nos nations », en faisant « une menace pour la sécurité nationale arabe ».
Dans leur résolution, les ministres arabes ont indiqué qu'ils tiendraient le Hezbollah pour « responsable du soutien au terrorisme et aux organisations terroristes dans les pays arabes avec des armes modernes et des missiles balistiques ».
« La patience est épuisée »
« L'appel de [l'Arabie saoudite] à une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères est un message fort destiné à l'Iran », a fait savoir Fathi al-Sayed, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques spécialisé dans les affaires iraniennes.
Cette réunion d'urgence envoie un message clair à l'Iran indiquant que « la patience est épuisée » et qu'il doit arrêter avant que les tensions régionales n'escaladent davantage, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Il a noté que les ministres des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l'Égypte s'étaient entretenus avant la réunion de la Ligue arabe, ce qui confirme la détermination de ces pays à endiguer l'expansion iranienne.
« Bien que la déclaration de clôture publiée par la réunion soit explicite en ce qui concerne la réponse à l'ingérence de l'Iran dans la région, elle a été formulée d'une manière diplomatique qui préserve le niveau minimum de calme », a rapporté Hani Khallaf, ancien ambassadeur égyptien auprès de la Ligue arabe.
La déclaration ne se prête pas aux actions militaires, car elle a insisté sur les relations de bon voisinage et a appelé l'Iran à prendre ses distances avec le Yémen et le Liban, a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« C'est l'occasion pour l'Iran de renoncer à ses ambitions régionales », a-t-il affirmé.
Khallaf a décrit la déclaration de clôture comme étant sage au vu des tensions croissantes qui dominent la région.