Politique

Le gouvernement du Liban au bord du gouffre suite à l'explosion

Par l'AFP

Une image aérienne prise le 9 août, montrant une vue générale du port de Beyrouth, le silo à grains détruit et le cratère causé par l'explosion gigantesque d'un énorme stock de nitrate d'ammonium laissé pendant des années dans un entrepôt au port. L'explosion a causé un cratère d'une profondeur de 43 mètres. [AFP]

Une image aérienne prise le 9 août, montrant une vue générale du port de Beyrouth, le silo à grains détruit et le cratère causé par l'explosion gigantesque d'un énorme stock de nitrate d'ammonium laissé pendant des années dans un entrepôt au port. L'explosion a causé un cratère d'une profondeur de 43 mètres. [AFP]

Le gouvernement du Liban trébuchait lundi 10 août alors que les démissions des ministres suite àà l'explosion mortelle au port de Beyrouth menaçaient de se multiplier et la colère des manifestants dans les rues détruites ne montre aucun signe d'apaisement.

Le gouvernement contesté, lutant pour traverser la tempête politique, devrait se réunir en après-midi face à des revendications généralisées de mettre fin à un système politique enraciné dominé par les intérêts sectaires et les dynasties familiales.

Six jours après l'énorme explosion chimique qui a ravagé de grandes parties de la capitale et qui a été ressentie aussi loin que l'île de Chypre, les résidents et les volontaires débarrassaient toujours les rues de débris.

Des équipes internationales de secours avec des chiens renifleurs et équipement spécialisé continuaient à travailler dans « l'épicentre » calciné du désastre, à la recherche de maintenant de cadavres et non de survivants.

Affrontements entre les manifestants libanais, enragés par une explosion mortelle attribuée à la négligence du gouvernement, et les forces de sécurité pour la deuxième nuit près d'une rue avec accès direct au parlement au centre de Beyrouth le 9 août. [Joseph Eid/AFP]

Affrontements entre les manifestants libanais, enragés par une explosion mortelle attribuée à la négligence du gouvernement, et les forces de sécurité pour la deuxième nuit près d'une rue avec accès direct au parlement au centre de Beyrouth le 9 août. [Joseph Eid/AFP]

D'après le ministère de la santé, au moins 158 personnes ont été tuées dans le pire désastre au Liban en période de paix, 6000 ont été blessées et 20 sont toujours perdues.

Les dirigeants du pays ont promis une enquête rapide et profonde -- mais ne sont pas allés jusqu'au point d'accepter une enquête indépendante menée par des experts étrangers comme exigée par les manifestants.

Quatre ministres ont décidé qu'ils ne pouvaient plus rester avec un gouvernement qui s'est montré peu enclin à assumer la responsabilité ou à mobiliser les ressources de l’État au service des victimes.

Démissions

Le ministre libanais des Finances Ghazi Wazni a démissionné lundi dans la quatrième démission d'un gouvernement sous le feu.

Sa démission rapproche tout le gouvernement du Premier ministre Hassan Diab de l'effondrement à cause de l'explosion qui a ravivé les manifestations furieuses dans les rues.

Marie-Claude Najm a démissionné de ses fonctions de ministre de la Justice lundi, a annoncé son bureau, après la démission des ministre de l'Information et de l'environnement plus tôt.

Au moins neuf législateurs ont annoncé qu'ils démissionnerait en signe de protestation, ainsi que deux hauts membres de la municipalité de Beyrouth. Le gouvernement tombe si un tiers de ses 20 ministres démissionne.

L'explosion du 4 août a été si gigantesque qu'elle a changé la forme non seulement du ciel de Beyrouth mais aussi de sa côte méditerranéenne, laissant un cratère d'une profondeur de 43 mètres, a affirmé un responsable de sécurité dimanche.

Mais il reste à savoir si le désastre aura aussi un impact durable sur la scène politique au Liban.

Diab a fait un court discours télévisé samedi soir pour suggérer des élections anticipées, mais les manifestants, peu convaincus, ont pillé plusieurs ministères alors même qu'il parlait.

Pendant la deuxième nuit de manifestations dimanche, la colère suscitée par l'explosion n'a pas cédé, et les affrontements violents dans les rues ont éclaté de nouveau.

Aide 'directe'

Les manifestants ont déploré l'utilisation de gaz lacrymogène par les forces de sécurité contre les victimes de l'explosion au lieu de les aider à nettoyer leurs maisons détruites et trouver un toit.

Plusieurs libanais attendent aussi pour voir comment lalivraison d'aide traversera un système sophistiqué et profondément enraciné de patronage local et sectaire.

Les groupes d'aide libanais ont mis en garde les donateurs étrangers que toute aide financière risquerait d'être détourné.

Le désastre de Beyrouth a aggravé la profonde crise économique, qui a poussé la moitié du pays dans la pauvreté ces derniers mois.

L'anéantissement du port et ses énormes silos à grains dans un pays très dépendant des importations a provoqué des craintes de pénuries alimentaires les prochaines semaines.

S'ajoutant aux malheurs du Liban, les cas du coronavirus atteignent de nouveaux records presque chaque jour, mettant plus de pression sur les hôpitaux qui traitent les victimes de l'explosion et les dizaines de blessés dans la répression des manifestations.

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