Politique

Les législateurs libanais approuvent l’état d’urgence

AFP

Les forces de sécurité libanaises montent la garde devant le palais de l’UNESCO à Beyrouth lors d’une session parlementaire le 13 août. Le parlement libanais s’est réuni pour approuver un état d’urgence de deux semaines à Beyrouth, déclaré par le gouvernement à la suite de l’une explosion mortelle qui a ravivé les manifestations. [Anouar Amro/AFP]

Les forces de sécurité libanaises montent la garde devant le palais de l’UNESCO à Beyrouth lors d’une session parlementaire le 13 août. Le parlement libanais s’est réuni pour approuver un état d’urgence de deux semaines à Beyrouth, déclaré par le gouvernement à la suite de l’une explosion mortelle qui a ravivé les manifestations. [Anouar Amro/AFP]

Le parlement libanais a approuvé jeudi 13 août l’état d’urgence de deux semaines imposé par le gouvernement après l’explosion mortelle survenu la semaine dernière dans le port de Beyrouth, qui lui confère l’autorité légale pour réprimer les manifestations qui reprennent.

Des appels ont circulé sur les réseaux sociaux pour que des manifestants empêchent les législateurs de participer à la session, la première depuis l’explosion du 4 août qui a ravagé de grandes parties de la capitale.

Mais le taux de participation était trop faible jeudi matin, avant les visites officielles de la ministre française de la Défense Florence Parly et de David Hale, diplomate de très haut rang du département d’État américain.

Les forces de sécurité étaient plus nombreuses que la douzaine de manifestants qui s’étaient regroupés dans une rue près du palais de l’UNESCO dans le sud de Beyrouth pour chahuter les véhicules se rendant au débat, mais elles n’ont pas pu empêcher le parlement d’atteindre le quorum.

Un Libanais parle au téléphone le 12 août, assis près des décombres d’un bâtiment détruit dans le quartier de Gemmayzeh à Beyrouth, après l’explosion cataclysmique survenue la semaine dernière dans le port, qui a dévasté la capitale. [AFP]

Un Libanais parle au téléphone le 12 août, assis près des décombres d’un bâtiment détruit dans le quartier de Gemmayzeh à Beyrouth, après l’explosion cataclysmique survenue la semaine dernière dans le port, qui a dévasté la capitale. [AFP]

La colère est générale contre une direction politique qui a permis à une importante cargaison de nitrate d’ammonium dangereux de pourrir pendant des années dans un entrepôt portuaire malgré des avertissements de sécurité répétés.

La justice libanaise va interroger plusieurs ministres et anciens ministres sur la catastrophe, a déclaré mercredi un responsable judiciaire, le président Michel Aoun estimant qu’elle a causé plus de 15 milliards de dollars de dégâts.

Une enquête de l’AFP a révélé que jusqu’à la veille de cette explosion meurtrière, les responsables avaient échangé des avertissements sur la cargaison, mais n’avaient rien fait malgré les craintes des experts qu’elle puisse provoquer une déflagration majeure.

Alors qu’il présentait lundi la démission de son gouvernement, le Premier ministre Hassan Diab a attribué l’explosion à des décennies de corruption et de mauvaise gestion officielle.

Même Aoun, symbole du statu quo, a reconnu la nécessité de « reconsidérer » la gouvernance du pays après la catastrophe.

Le parlement a approuvé jeudi la démission de huit législateurs qui avaient renoncé à leurs fonctions depuis la semaine dernière suite à l’explosion.

Besoin urgent de réformes

Le gouvernement avait déjà déclaré un état d’urgence de deux semaines le 5 août, au lendemain de l’explosion qui a tué 171 personnes, en a blessé 6500 autres et laissé quelque 300 000 personnes temporairement sans abri dans la pire catastrophe qu’ait connue le pays en temps de paix.

Mais la mesure durant plus de huit jours, la loi libanaise exige qu’elle soit approuvée par le parlement, selon l’organisation non gouvernementale The Legal Agenda.

L’état d’urgence permet à l’armée de fermer les points de rassemblement et d’interdire les rassemblements considérés comme des menaces pour la sécurité nationale, et élargit la compétence des tribunaux militaires aux civils.

L’armée peut également fouiller les maisons à tout moment et imposer une assignation à résidence à toute personne engagée dans des activités considérées comme menaçant la sécurité, ont déclaré les groupes de défense des droits de l’homme.

« Human Rights Watch s’inquiète que l’état d’urgence soit utilisé comme prétexte pour réprimer les manifestations et étouffer les griefs très légitimes d’une grande partie de la population libanaise », a déclaré Aya Majzoub, chercheuse de HRW Liban.

La colère dans les rues a ravivé un mouvement de protestation qui s’était largement éteint face à la pandémie de coronavirus et à l’aggravation de la crise économique.

L’explosion a également renouvelé les appels des partenaires internationaux du Liban pour des réformes attendues depuis longtemps afin de consolider une économie profondément endettée.

Hale, qui doit arriver au Liban pour une visite de trois jours, « soulignera le besoin urgent d’adopter une réforme fondamentale dans les domaines économique, financier et de gouvernance », a indiqué un communiqué.

« Il soulignera la volonté de l’Amérique de soutenir tout gouvernement qui reflète la volonté du peuple et qui est véritablement engagé dans un tel programme de réforme et qui agit en conséquence », a conclu la déclaration.

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