Le Premier ministre libanais a annoncé la démission de son gouvernement lundi 10 août sous un barrage de pression suite à l'explosion catastrophique du port de Beyrouth six jours plus tôt qui a ravivé les manifestations furieuses dans les rues.
« J'annonce la démission du gouvernement», a déclaré Diab à la fin d'un discours télévisé.
L'annonce a été accueillie par les klaxons de voitures dans les rues et des feux d'artifice dans la ville de Tripoli au nord du pays mais il est peu probable qu'elle répondent aux attentes à long terme du peuple.
Alors même au moment que Diab livrait son discours, les forces de sécurité étaient en confrontation au centre de Beyrouth pendant la troisième nuit avec les manifestants demandant de mettre fin à un système politique enraciné vu généralement comme inapte, corrompu et dominé par les intérêts sectaires et les dynasties familiales.
Le gouvernement sortant devrait maintenant rester à titre intérimaire, et de nouvelles élections pourraient être dans quelques mois encore.
Avant l'annonce de Diab, quatre ministres avaient décidé qu'ils ne pouvaient plus servir un gouvernement qui s'est montré peu incliné à assumer la responsabilité ou à mobiliser les ressources de l’État au service des victimes.
Au moins neuf législateurs avaient également annoncé qu'ils démissionneraient en signe de protestation, ainsi que deux hauts responsables à la municipalité de Beyrouth.
D'après le ministère de la santé, au moins 160 personnes ont été tuées et 6000 blessées dans le pire désastre au Liban en période de paix. Environ 20 personnes sont toujours portées disparues après l'explosion du 4 août, attribuée à la négligence du gouvernement.
Pendant ce temps, la France a exhorté lundi la formation rapide d'un nouveau gouvernement libanais « qui pourrait répondre aux attentes du peuple ».
« Les aspirations exprimées par les libanais au sujet des réformes et de la gouvernance doivent être entendues», a souligné le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian dans un communiqué.
Le nouveau gouvernement doit « faire face aux principaux défis du pays, en particulier la reconstruction de Beyrouth et les réformes sans lesquelles le pays plongera dans le chaos économique, social et politique », a-t-il confié.