Le gouvernement des États-Unis a imposé des sanctions à l’encontre d’un ministre du gouvernement iranien et de plusieurs hauts responsables de l’armée et de la police pour des atteintes aux droits de l’homme.
« Le régime iranien réprime violemment la dissidence du peuple iranien, notamment les manifestations pacifiques, par des violences physiques et psychologiques », a déclaré dans un communiqué le secrétaire américain au Trésor .
« Les États-Unis continueront de tenir responsables les dirigeants iraniens et les institutions qui oppriment leur propre peuple. »
Ces sanctions sont les dernières en date d’une série de mesures prises à l’encontre du régime iranien.
Elles visent le ministre de l’Intérieur et président du Conseil de sécurité intérieur de l’Iran Abdolreza Rahmani Fazli, sept responsables de la police et un commandant provincial du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).
Le Trésor soupçonne Fazli d’avoir publié des décrets autorisant les Forces iraniennes d’application de la loi (LEF) à utiliser « la force létale en réponse aux manifestations de novembre 2019, ce qui a engendré des violences à l’égard de manifestants et de spectateurs pacifiques ».
« Ses ordres ont conduit à la mort de nombreux manifestants, parmi lesquels au moins 23 mineurs. »
Les États-Unis ont également ciblé le général de brigade du CGRI Hassan Shahvarpour Najafabadi, le commandant des LEF Hossein Ashtari Fard et son commandant en second Ayoub Soleimani.
Ces sanctions bloquent tous les avoirs et les biens aux États-Unis de ces responsables et interdisent aux institutions financières américaines de traiter avec eux.
Ces mesures ont également des implications pour les banques et les entreprises étrangères qui peuvent aller à l’encontre des autorités américaines si elles traitent avec des responsables ou des entreprises sous le coup de sanctions.
Le Département d’État a également sanctionné Fazli pour « son implication dans des atteintes grossières aux droits de l’homme ».
Le gouvernement américain a expliqué que les LEF étaient « responsables ou complices de sérieuses atteintes aux droits de l’homme qui se sont produites depuis l’élection présidentielle controversée de juin 2009 et des manifestations qui s’ensuivirent ».
Ces LEF gèrent des centres de détention dans lesquels ont lieu des violences physiques et psychologiques, et ont été impliquées dans la torture et la noyade de ressortissants afghans qui tentaient d’entrer en Iran, selon le gouvernement américain.
« Réfléchissez-y à deux fois »
« Ces sanctions auront un impact sur le court et le long terme en contraignant les responsables iraniens à y réfléchir par deux fois avant de répéter ces actions », a expliqué le journaliste et analyste politique dissident iranien Ali Narimani.
Dans le même temps, a-t-il déclaré à Al-Mashareq, l’appareil sécuritaire iranien continue d’employer la même approche pour traiter avec les manifestants : élimination, assassinat et restrictions aux libertés publiques et individuelles.
Tandis que les médias iraniens et les organes de propagande propagent activement l’idée que l’Iran se porte bien, a-t-il poursuivi, leurs efforts ne trompent plus personne dans le pays comme à l’étranger.
« Chacun sait désormais que le peuple iranien connaît une situation très difficile par suite des politiques du CGRI et des sanctions imposées en conséquence de ses projets et de ses agressions dans la région », a-t-il ajouté.
Ces nouvelles sanctions américaines « donneront un nouvel élan important aux manifestants pour continuer à organiser des actions de protestation », a déclaré à Al-Mashareq Hossein Shayan, natif de Téhéran.
Ces sanctions font clairement savoir que « ce qui se passe en Iran est scruté par le monde entier et [que] le peuple iranien n’est pas seul dans son combat », a-t-il ajouté.
« Ce soutien psychologique est très important pour les manifestants face aux pressions, aux campagnes d’arrestations et aux tirs à balles réelles qu’ils subissent pour tenter de les dissuader de manifester », a-t-il poursuivi.
Avec la diminution de la crise du coronavirus, a indiqué Shayan, il s’attend à une reprise des manifestations.
Il a toutefois souligné que des milliers de prisonniers de conscience sont toujours incarcérés pour leur opposition au régime iranien, malgré des annonces répétées des autorités du pays que des milliers d’entre eux ont été relâchés.
« La poursuite de l’imposition de sanctions contre des entités et des responsables iraniens resserrera l’étau sur l’Iran et le CGRI », a expliqué à Al-Mashareq Fathi al-Sayed, spécialiste des affaires iraniennes.
Ces sanctions sont « destinées à mettre un terme aux attaques contre le peuple iranien » et aux activités menaçantes de l’Iran dans les pays du Moyen-Orient, a-t-il poursuivi.
La campagne de sanctions américaines vise « les entreprises internationales, les institutions gouvernementales et les banques » ainsi que tous ceux qui ont des liens avec les individus et les institutions sanctionnés, a-t-il rappelé, « et la liste est longue ».
« La marge de manœuvre dont peut bénéficier l’Iran pour contourner ne serait-ce que partiellement ces sanctions se rétrécit avec chaque nouveau train de sanctions, et c’est un outil de pression puissant et efficace pour contrer les plans du CGRI », a-t-il conclu.