Amnesty International a exhorté mercredi 20 mai les Nations unies à lancer une enquête sur le meurtre de manifestants par les forces de sécurité iraniennes, six mois après l'éruption des manifestation suite à une hausse des prix de l'essence.
Les manifestations se sont déclenchées à travers l'Iran le 15 novembre après l'annonce d'une décision d'augmenter le prix du carburant jusqu'à 200%.
L'Iran n'a pas encore annoncé le bilan officiel.
Dans un rapport, Amnesty affirme avoir des preuves concernant la mort de 304 hommes, femmes et enfants, par les forces de sécurité iraniennes dans la répression « impitoyable » des manifestations.
Le groupe des droits de l'homme affirme que 220 sont morts en deux jours selon les recherches qu'elle a effectuées, notamment à partir de photos et de vidéos.
Il précise que la « vaste majorité » a été tuée par des forces de sécurité qui ont fait usage de la force de manière « illégale » étant donné « qu'aucune preuve ne démontrait que les manifestants étaient en possession d'armes à feu ou représentaient une menace imminente à la vie ».
Amnesty rapporte toutefois une exception avec un cas d'échange de tirs entre manifestants et forces de sécurité dans une ville.
Elle a appelé le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à ordonner une enquête sur la répression de novembre.
« Six mois plus tard, les familles dévastées des victimes continuent le combat pour la vérité et la justice, elles font face à un harcèlement intense et aux intimidations des autorités », a déclaré Philip Luther d'Amnesty.
« L'impunité qui prévaut pour les forces de sécurité permet la récurrence de la force meurtrière pour réprimer la dissidence», poursuit-il.
'Tirer pour tuer'
Amnesty a souligné que sur la base de ses analyses, les forces de sécurité ont tué des personnes dans 37 villes à travers huit provinces.
Ce qui reflète, d'après Amnesty, la « nature généralisée de la répression ».
Les banlieues pauvres de Téhéran ont été les plus touchées, avec 163 morts, suivies par les provinces dans lesquelles vivent les minorités du Khouzestan et de Kermanshah, avec respectivement 57 et 30 morts, selon Amnesty.
Amnesty affirme avoir des informations crédibles confirmant la mort de 304 hommes, dont 10 femmes et 23 enfants.
Mais elle a souligné que le vrai bilan pourrait être plus élevé.
« A l'exception de quatre cas, les victimes ont toutes été tuées par les forces de sécurité iraniennes -- dont des membres des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), des paramilitaires du Bassidj et la police -- qui ont tiré à balle réelle, souvent en visant la tête ou le torse, ce qui indique qu'elles tiraient pour tuer », souligne Amnesty.
« L'organisation est consciente de dizaines de cas additionnels rapportés par des militants, mais a estimé qu'elle ne dispose pas encore de détails suffisants et fiables».