Le principal objectif des sanctions américaines contre les personnalités irakiennes accusées de corruption, de répression des manifestations et de collaboration avec l'Iran est de juguler l'ingérence du régime iranien en Irak, a déclaré Entifadh Qanbar, président du Future Iraqi Constitutional Party, dans une interview accordée à Diyaruna.
Qanbar, important homme politique irakien qui a été membre du parlement, consultant du Conseil de gouvernement irakien et membre du comité qui a rédigé la constitution actuelle, a mené une campagne de grande envergure pour lutter contre l'ingérence iranienne en Irak et sensibiliser les citoyens à ses dangers.
Il met en garde contre les pratiques de la force al-Qod du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI-FQ) et souligne la nécessité de combattre le sectarisme et la haine semés par les sbires de l'Iran en Irak.
Dans une interview exclusive accordée à Diyaruna, Qanbar s'est dit confiant que les États-Unis prennent les bonnes mesures pour aider les Irakiens à bâtir un pays souverain, sûr et stable.
Diyaruna : Comment voyez-vous les récentes sanctions américaines imposées aux personnalités collaborant avec la force al-Qod en Irak ?
Entifadh Qanbar : Ces sanctions sont un important outil de pression et de dissuasion que Washington utilise pour aider les Irakiens et mettre fin à l'ingérence iranienne en Irak, qui est négative et nuisible.
Elles ont démontré leur efficacité par le passé, comme celles imposées aux personnalités et aux établissements qui soutiennent le CGRI, comme Aras Habib, président et directeur général de la banque islamique al-Bilad, qui a été désigné, avec la banque elle-même, pour avoir soutenu le CGRI [en 2018] et avoir transféré de l'argent en leur nom pour aider [à financer] leurs activités terroristes.
Ces dernières sanctions ont été imposées à Qais al-Khazali (chef d'Asaib Ahl al-Haq, une milice soutenue par l'Iran), Laith al-Khazali (frère de Qais, lui aussi membre d'Asaib Ahl al-Haq), Khamees al-Khanjar (personnage important qui entretient des liens étroits avec les principaux partis politiques irakiens) et Abou Zeinab al-Lami (qui dirige l'appareil sécuritaire des Forces de mobilisation populaire) pour leur implication dans des crimes et des violations des droits de l'homme liés aux récentes manifestations.
Je pense que c'est une indication claire que les Américains veulent réellement s'attaquer à tous les « bras » de l'Iran.
Nous connaissons tous l'ampleur des liens entre ces personnalités et la force al-Qod et le CGRI, et leur implication dans le financement des gangs qui tuent les manifestants [...].
Donc, je pense que cette liste récente a une signification importante et est un avertissement aux autres qu'ils figureront sur la prochaine liste.
Je considère les sanctions comme l'un des outils que les États-Unis utilisent pour aider le peuple irakien contre ceux qui sont impliqués dans la corruption et les exactions, et qui travaillent pour l'Iran.
Les chefs de milice tels que Qais al-Khazali, al-Lami, Abou Walaa al-Walai (chef des bataillons Sayyed al-Shuhada), Akram Kaabi (chef de la milice Harakat al-Nujaba), Abou Mahdi al-Muhandis (chef adjoint des FMP), et d'autres « bras » de l'Iran sont désormais le vrai problème de l'Irak.
Ce sont des outils utilisés pour subvertir et détruire l'Irak et le maintenir piégé dans un cercle vicieux de problèmes.
Diyaruna : Les sanctions américaines vont-elles freiner les activités subversives de ces personnes ?
Qanbar : Sans aucun doute. Les sanctions sont lourdes et douloureuses d'un point de vue financier et politique, ainsi que sur un plan moral à l'intérieur de l'Irak.
L'imposition de sanctions à une personne signifie qu'elle a été impliquée dans des activités qui vont à l'encontre des intérêts du peuple irakien.
Je répondrai ici aux sceptiques qui doutent de l'efficacité des sanctions, [en expliquant] que les banques irakiennes, par exemple, tant gouvernementales que privées, sont régies par la Banque centrale d'Irak, et que cette dernière est liée par des accords contraignants irrémédiables avec les États-Unis, l'Union européenne et divers pays occidentaux et de la région.
Ainsi, toute action ou entreprise risquée pour traiter avec ces personnalités exposera la banque elle-même à des sanctions.
C'est pourquoi la Banque centrale a émis des ordres rapides pour geler les comptes de toutes les personnes sanctionnées par le passé et pour interdire de traiter avec elles, et je pense que la même mesure sera prise à l'encontre des quatre personnes sanctionnées récemment.
Diyaruna : Les sanctions peuvent-elles être considérées comme un avertissement pour quiconque coopère ou collabore avec les Iraniens ?
Qanbar : J'ai personnellement averti à plusieurs reprises et dans plusieurs interviews que personnes sont impliquées dans des affaires de corruption avec les milices, l'Iran et la force al-Qod, et j'ai dit qu'elles seront soumises à des sanctions.
Je crois que des sanctions seront bientôt imposées à d'autres, et le gouvernement irakien n'aura d'autre choix que de se conformer à ces sanctions ou d'être lui-même soumis à des sanctions.
Il existe des sociétés affiliées au CGRI qui opèrent en Irak et travaillent sur divers projets sous de faux noms.
Elles devraient toutes être expulsées, et tout futur gouvernement irakien devra mettre en place une commission composée de représentants de chaque institution étatique [...] afin d'identifier, d'expulser et de fermer toutes les sociétés et tous les intérêts du CGRI en Irak.
Diyaruna : Selon vous, comment l'Irak peut-il se rétablir après les récentes manifestations ?
Qanbar : L'Irak ne pourra se rétablir sans mettre fin à l'ingérence iranienne et aux projets de Qassem Soleimani [commandant du CGRI-FQ] qui sont fondés sur la haine, le sectarisme, la division des irakiens, l'usurpation de leurs ressources et le contrôle de leur processus de décision.
Ces actions menacent le système démocratique dans son ensemble et font du parlement un simple organe nominal entaché par la fraude électorale.
Il est donc impératif que les milices formées par l'Iran soient dissoutes, que l'autorité, la souveraineté et le processus décisionnel soient uniquement entre les mains de l'État irakien [...] et que les institutions [étatiques] soient purgées des agents du CGRI et de Qassem Soleimani.