Santé

La peur du coronavirus assombrit le ramadan au Yémen

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un travailleur yéménite désinfecte l'intérieur d'une mosquée le 7 mai dans la province de Hajjah, dans le nord du pays, dans le cadre des mesures visant à freiner la propagation du coronavirus. [Essa Ahmed/AFP]

Un travailleur yéménite désinfecte l'intérieur d'une mosquée le 7 mai dans la province de Hajjah, dans le nord du pays, dans le cadre des mesures visant à freiner la propagation du coronavirus. [Essa Ahmed/AFP]

Au début du ramadan, les marchés et les mosquées du Yémen étaient remplis de monde malgré la menace d'une épidémie de nouveau coronavirus (COVID-19).

Mais depuis que le gouvernement a confirmé cinq nouvelles infections à Aden le 29 avril et que les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont rapporté le premier décès par coronavirus à Sanaa le 5 mai, l'atmosphère du mois saint a changé.

Les six premiers jours du ramadan au Yémen ont connu une atmosphère radicalement différente de celle des autres pays arabes et musulmans : les mosquées étaient remplies de fidèles, les appels à la prière retentissaient dans les minarets et les marchés grouillaient d'acheteurs.

Alors que d'autres pays ont imposé des mesures de confinement strictes pour empêcher la propagation du virus, le ministère yéménite des Dotations et de l'Orientation a levé à la veille du ramadan l'interdiction des prières du vendredi et des prières en groupe dans les mosquées.

Un membre des Houthis, portant un masque et des gants de protection, disperse une foule à Sanaa le 6 mai, lors d'actions menées pour freiner la propagation du coronavirus. [Mohammed Huwais/AFP]

Un membre des Houthis, portant un masque et des gants de protection, disperse une foule à Sanaa le 6 mai, lors d'actions menées pour freiner la propagation du coronavirus. [Mohammed Huwais/AFP]

Le couvre-feu partiel qui était en vigueur dans la province de l'Hadramaout a également été levé.

Mais six jours plus tard, le 29 avril, la Haute Commission nationale d'urgence yéménite pour le COVID-19 a confirmé cinq nouvelles infections à Aden.

Mardi 12 mai, elle a fait état de neuf nouveaux cas confirmés dans les zones contrôlées par le gouvernement, y compris pour la première fois dans les provinces d'Abyan, d'al-Mahra et de Shabwa, ce qui porte le nombre total de cas à 65, dont dix décès.

Après avoir confirmé les cas d'infection à Aden, qui sont depuis au nombre de 39, elle a annoncé un confinement de trois jours, la fermeture des mosquées et la suspension des prières du vendredi et des prières de groupe dans les provinces contrôlées par le gouvernement.

À ce stade, aucun cas n'avait encore été signalé dans les provinces du nord contrôlées par les Houthis, où les habitants continuaient à fréquenter les mosquées et où les marchés étaient « bondés de clients », a indiqué le politologue Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

Deux cas ont depuis été confirmés, mais l'on pense que les chiffres réels dans les zones contrôlées par les Houthis sont beaucoup plus élevés que ceux rapportés.

L'atmosphère joyeuse a changé

« Les provinces du sud, contrôlées par le gouvernement légitime, ont connu six premiers jours de ramadan normaux, avant que l'atmosphère ne change rapidement suite à la confirmation des cinq cas d'infection à Aden », a fait savoir Ahmed.

Les habitants des provinces du sud ont été très heureux lorsque le couvre-feu a été levé et que les mosquées ont rouvert à la veille du ramadan, a-t-il rapporté. « Mais cela n'a pas duré, car le couvre-feu a été rétabli et les mosquées à nouveau fermées. »

Certaines familles ont quitté Aden par crainte de contracter le virus, a fait savoir Ahmed.

Depuis l'annonce du premier décès à Sanaa, « les Houthis ont interdit les prières de taraweeh dans la plupart des mosquées dans les zones qu'ils contrôlent », a-t-il poursuivi.

« Mais ils font pression sur les gens pour qu'ils assistent aux rassemblements du soir du ramadan, qui transmettent les leçons des dirigeants de groupe », a-t-il ajouté, notant que celles-ci « font la promotion de leurs idées et de leur projet sectaires qui servent l'Iran ».

Le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeeza a accusé les Houthis « d'utiliser les fêtes religieuses pour promouvoir leur projet sectaire et mobiliser des combattants pour les fronts ».

La milice a poursuivi ses incitations même après que la coalition arabe a annoncé avoir prolongé le cessez-le-feu d'un mois au premier jour du ramadan, il a déclaré.

Aggravation de la crise humanitaire

Les organisations humanitaires ont prévenu qu'une épidémie de COVID-19 pourrait avoir des conséquences désastreuses au Yémen, où le système de santé a été mis à mal par des années de conflit.

« Il y a maintenant une probabilité très réelle que le virus ait circulé sans être détecté et sans être atténué au sein des communautés » du Yémen, a averti le 28 avril le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Depuis le premier cas confirmé de COVID, nous avons prévenu que le virus est maintenant au Yémen et pourrait se propager rapidement »" a déclaré Lise Grande, coordinatrice humanitaire pour le Yémen.

« Les facteurs sont tous présents », a-t-elle expliqué. « De faibles niveaux d'immunité générale, des niveaux élevés de vulnérabilité aiguë, et un système de santé fragile et débordé. »

Il est important que tous les Yéménites respectent les instructions de la Haute Commission, a déclaré à Al-Mashareq le vice-ministre de la Santé et de la Population, Ali al-Walidi.

Cela comprend le fait de protéger leur propre santé, de coopérer avec les équipes de surveillance et de signaler les cas suspects afin d'empêcher la propagation, a-t-il fait savoir.

« Les équipes de surveillance épidémiologique recherchent les contacts des patients confirmés à Aden pour les tester afin de garantir leur sécurité », a-t-il déclaré.

Le ministère a également signé un accord avec Médecins sans frontières (MSF) pour la gestion de l'hôpital Al-Amal d'Aden comme centre d'isolement pour les patients atteints du COVID-19.

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