Médecins sans frontières (MSF) a annoncé jeudi 7 mai avoir pris en charge la gestion du centre d'isolement du nouveau coronavirus (COVID-19) de l'hôpital al-Amal à Aden, suite à des discussions avec les autorités.
Thierry Durand, chef de mission de MSF au Yémen, a signé jeudi un accord avec le vice-ministre de la Santé Ali al-Walidi portant sur la coopération dans les efforts de lutte contre la pandémie mondiale.
Selon les termes de cet accord, MSF assumera la gestion complète du centre d'isolement pour la durée de la crise sanitaire actuelle, et sera chargé de payer et d'équiper le personnel de l'hôpital.
Les tensions politiques à Aden ont eu un impact négatif sur les efforts de lutte contre les coronavirus, a fait savoir Eshraq al-Sebai, porte-parole du comité suprême d'urgence du Yémen pour la lutte contre le COVID-19.
« C'est une bonne chose que MSF gère désormais le centre, d'autant plus qu'il fournira le matériel médical et les ressources financières dont le centre a besoin », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
« Les capacités du secteur de la santé au Yémen sont faibles et ne peuvent faire face à la propagation de la pandémie », a-t-elle expliqué, notant que la coopération et les contributions des organisations internationales aideront à renforcer le secteur.
Augmentation des cas d'infection
À ce jour, 25 infections au coronavirus ont été signalées au Yémen, a déclaré al-Sebai, dont cinq sont personnes mortes de la maladie.
« Le fait que les citoyens ne prennent pas au sérieux la situation et ne se conforment pas aux instructions du comité et du ministère de la Santé aura des conséquences catastrophiques », a-t-elle averti.
« L'augmentation du nombre de cas est le résultat de ce comportement, d'autant plus que la pandémie nécessite les efforts concertés de tous, y compris des citoyens », a-t-elle déclaré.
Mouammar al-Eryani, ministre de l'Information, a accusé les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran d'entraver les efforts visant à contenir la propagation du virus, exposant ainsi des millions de Yéménites à une infection potentielle.
Il a accusé les Houthis de traiter la crise sanitaire « comme un problème politique et militaire », et a affirmé qu'ils « l'exploitent pour extorquer les organisations internationales ».
« Les rapports que nous avons reçus des hôpitaux et des médecins révèlent le danger de l'épidémie dans les zones contrôlées par les Houthis, et réfutent leurs affirmations selon lesquelles il n'y a eu qu'une seule infection », a-t-il précisé.
« Cela témoigne d'un mépris total et absolu de la vie de millions de Yéménites, qui doivent être régulièrement informés de l'évolution de la situation afin de pouvoir être plus prudents et se protéger », a-t-il ajouté.
Des fonds rapides pour lutter contre la crise
Le gouvernement yéménite et la Banque islamique de développement ont convenu jeudi de réaffecter 32 millions de dollars de projets antérieurs et de mettre ces fonds immédiatement à disposition pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
L'accord a été conclu lors de discussions par vidéoconférence entre le ministre de la Planification et de la Coopération internationale, Najib al-Awaj, et le président de la Banque islamique de développement, Bandar Hajjar.
Hajjar a également accepté d'apporter une subvention de 3 millions de dollars du Fonds de solidarité islamique, ainsi qu'une autre subvention de 200 000 dollars et une contribution supplémentaire de 350 000 dollars du Projet philanthropique géré par la banque.
« Tous les fonds promis seront alloués en vertu du mécanisme de la banque afin de répondre aux besoins spécifiés par les ministères yéménites concernés », a-t-il fait savoir.
Dans le cadre des mesures de précaution, le conseil local de Seiyun a imposé un couvre-feu de 22 heures à 5 heures du matin dans tous les districts de la vallée et du désert.
Il a annoncé que les mosquées n'ouvriraient qu'aux heures de prière, a fermé toutes les zones fortement fréquentées et a appelé la population à respecter les mesures de précaution et les instructions des autorités sanitaires.
Le conseil a également prolongé la fermeture des points de passage de la vallée de l'Hadramaout, mais a émis des directives pour la prise en compte des cas humanitaires, notamment l'ouverture du point de passage d'al-Wadia avec l'Arabie saoudite pour permettre aux Yéménites bloqués de rentrer chez eux.