Santé

Le coronavirus gâche les célébrations de l’Aïd au Yémen

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Certains habitants de Sanaa portent des masques sur un marché en plein air le 20 mai, tandis que d’autres n’en portent aucun. Les Houthis ont été critiqués pour avoir minimisé les infections au coronavirus dans la ville et n’avoir pas fait adopter les mesures de précaution nécessaires. [Mohammed Huwais/AFP]

Certains habitants de Sanaa portent des masques sur un marché en plein air le 20 mai, tandis que d’autres n’en portent aucun. Les Houthis ont été critiqués pour avoir minimisé les infections au coronavirus dans la ville et n’avoir pas fait adopter les mesures de précaution nécessaires. [Mohammed Huwais/AFP]

Dans certaines provinces, les Yéménites ont passé les vacances de l’Aïd al-Fitr sous un couvre-feu total ou partiel pour limiter la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), tandis que d’autres ont été critiquées pour ne pas avoir fait plus pour obliger les gens à rester confinés.

La commission suprême du Yémen pour la lutte contre la pandémie de COVID-19 a rapporté lundi 25 mai que le nombre de cas confirmés dans les provinces contrôlées par le gouvernement était passé à 233, dont 44 décès.

Les Houthis (Ansarallah) épaulés par l’Iran n’ont pour leur part fait état que de quatre cas dans les régions placées sous leur contrôle, mais ont été accusés de dissimuler l’étendue de la propagation.

Les Houthis ont demandé aux gens de rester chez eux pendant les vacances de l’Aïd al-Fitr, et de s’abstenir d’effectuer les prières de l’Aïd dans les mosquées. Ils leur ont également demandé de ne pas rendre visite à leurs familles et à leurs proches au premier jour de l’Aïd, comme il est habituellement de coutume.

« Certains ont envoyé des messagers à leurs familles pour leur dire qu’elles ne pourraient pas les recevoir au premier jour de l’Aïd en raison du coronavirus », a expliqué à Al-Mashareq Marawan Sallam, un habitant de Sanaa.

« Cela a eu lieu après que de nombreux décès ont été rapportés dans différents quartiers », a-t-il poursuivi, soulignant que certains proches chez lesquels il se rend généralement lui ont dit qu’ils ne pourraient recevoir personne, tandis que d’autres l’ont contacté par téléphone pour échanger leurs vœux.

« Je n’aurais jamais pensé faire les prières de l’Aïd à la maison, et non à la mosquée », a-t-il expliqué, ajoutant que ne pas faire les visites habituelles était aussi inhabituel pour lui.

Pour leur part, les autorités locales de Sanaa ont annoncé que les parcs et les jardins publics resteraient fermés jusqu’à nouvel ordre, et ont averti les gens de ne pas sortir de chez eux sauf lorsque cela est nécessaire, et de porter des masques et des gants lorsqu’ils le font.

Certains docteurs et responsables ont critiqué les Houthis pour n’avoir publié qu’une ordonnance de confinement volontaire, insistant sur le fait que ces instructions devaient être suivies.

« Les enterrements n’ont pas cessé »

« Dans la plupart des quartiers » de Sanaa, « les enterrements n’ont pas cessé ces jours-ci », a expliqué le Dr Moetaz al-Maqtery à Al-Mashareq.

Dans la plupart des cas, la cause de la mort n’est pas précisée, a-t-il poursuivi, soulignant que « quelques proches confirment que le défunt présentait des symptômes similaires à ceux du coronavirus ».

« Les informations auxquelles ont pu avoir accès mes collègues des centres de quarantaine de Sanaa indiquent que le virus s’est diffusé à Sanaa et dans d’autres zones contrôlées par les Houthis », a-t-il ajouté.

« Il n’y a aucune raison logique à la non-publication des chiffres réels et à la non-imposition de mesures de précaution, au lieu d’exhorter les citoyens à s’y conformer », a-t-il ajouté.

Le ministre yéménite de la Santé publique et de la Population Nasser Baum a déclaré que plusieurs décès survenus dans les dispensaires de Sanaa n’avaient pas été signalés.

Il a exhorté les Houthis à unir leurs efforts et à partager leurs informations qui permettraient de s’assurer que le virus est contenu et que les patients sont assistés.

Dans un communiqué adressé aux médias locaux, Baum a instamment demandé aux gouverneurs de respecter les mesures de précaution et de ne pas autoriser les gens à se déplacer d’une ville et d’une région rurale à une autre, « sinon quoi, le virus continuera de se propager et d’atteindre de nouvelles zones ».

Mesures de précaution

Dans les provinces contrôlées par le gouvernement, les mesures de précaution sont mises en œuvre, ont expliqué les responsables.

Le ministre des Dotations et de l’Orientation Ahmed Attiyah a appelé les gens à effectuer les prières de l’Aïd chez eux, parce que les rassemblements dans les mosquées pourraient propager le virus.

Le major général Faraj al-Bahsani, gouverneur de l’Hadramaout, a instauré un couvre-feu total durant l’Aïd, tandis que le gouverneur d’al-Mahrah Mohammed Ali Yasser a décrété, lui, un couvre-feu total durant les premier et deuxième jours de l’Aïd.

« Des véhicules de police ont fait usage de haut-parleurs pour appeler les citoyens à rester chez eux pendant l’Aïd, mettant en garde ceux qui sortiraient pour une raison quelconque qu'ils passeraient l’Aïd en prison », a expliqué à Al-Mashareq Saeed Mabrouk, un habitant de Seiyoun.

« Les principales activités de l’Aïd consistent à aller prier à la mosquée, à rendre visite à sa famille et à sortir dans les lieux publics », a-t-il poursuivi. « Mais toutes ces activités ont disparu avec le coronavirus. »

À Marib, les autorités locales ont mis en vigueur un couvre-feu partiel de 18 heures à 6 heures jusqu’à plus ample informé, et ont interdit l’accès aux visiteurs venant de Sanaa et d'Aden, où le virus s’est propagé.

Elles continuent également d’interdire les rassemblements, y compris les prières de l’Aïd, de fermer les mosquées, les salles de mariages, les parcs et les jardins publics, et de surveiller le respect par les centres commerciaux et les marchés des mesures de précaution et de désinfection.

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