Politique

Discussion sur le terminal pétrolier rouillé au large du Yémen au menu du Conseil de sécurité des Nations unies

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Une photo prise le 11 mai 2019 dans le port de la mer Rouge d’al-Hodeidah montre des véhicules des Nations unies à l’entrée du port de Saleef. [AFP]

Une photo prise le 11 mai 2019 dans le port de la mer Rouge d’al-Hodeidah montre des véhicules des Nations unies à l’entrée du port de Saleef. [AFP]

À la demande du Yémen, le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra une session extraordinaire le 15 juillet pour discuter du pétrolier abandonné amarré dans la mer Rouge et des mesures nécessaires à prendre pour éviter une catastrophe écologique.

Le terminal de stockage et de débarquement (FSO) Safer, un navire rouillant amarré au large du port de Ras Isa dans la province d’al-Hodeidah contrôlée par les Houthis, contient au moins 1,14 million de barils de pétrole brut.

Si la cargaison qu’il transporte ne peut être retirée du navire avant qu’il ne coule, une catastrophe écologique pourrait s’ensuivre.

Abdoullah al-Saadi, représentant permanent du Yémen aux Nations unies, a déclaré le 8 juillet que le Conseil de sécurité avait répondu positivement à la demande du ministère des Affaires étrangères de séparer la question du FSO Safer des autres questions politiques.

Lors d’une réunion par vidéoconférence avec les ambassadeurs de l’UE au Yémen le 9 juillet avant la session du Conseil de sécurité, le Premier ministre Moeen Abdoulmalik a appelé à « intensifier les pressions des Nations unies et de la communauté internationale sur les Houthis (Ansarallah) ».

Le ministre des Affaires étrangères Mohammed al-Hadhrami a écrit au Conseil de sécurité le 3 juillet, l’appelant à faire pression sur les Houthis afin qu’ils permettent aux experts onusiens d’accéder librement au terminal pour éviter une catastrophe écologique majeure.

La question de savoir ce qu’il convient de faire de ce terminal est devenue une monnaie d’échange politique, les Houthis refusant l’accès au Safer si leurs conditions ne sont pas respectées.

Éviter une catastrophe écologique

Lors d’un briefing à huis clos sur le Yémen le 24 juin, et dans une déclaration du 29 juin, le Conseil de sécurité a souligné la nécessité pour les Houthis de permettre un accès sans entrave aux experts techniques de l’ONU afin d’évaluer l’état du terminal.

L’équipe procéderait aux réparations d’urgence et présenterait des recommandations pour décharger la cargaison du navire en toute sécurité.

« La prochaine session du Conseil de sécurité sur le Safer doit aboutir à des résolutions contraignantes pour faire pression sur toutes les parties afin qu’elles coopèrent au déchargement du terminal », a déclaré à Al-Mashareq Moustafa Nasr, président du Centre d’études et des médias économiques.

L’incapacité à résoudre cette situation « fait courir la menace d’une catastrophe écologique et économique majeure non seulement au Yémen, mais également pour la région et le monde entier », a-t-il affirmé.

Le point central, a-t-il souligné, « est de proposer une mesure pratique pour éviter une catastrophe écologique en mer Rouge ».

Pour les Houthis, le traitement du terminal doit faire partie des plans globaux visant à trouver une solution complète au Yémen.

Mais le danger que représente le Safer a incité le ministère des Affaires étrangères à demander que la question soit séparée des propositions de l’envoyé spécial des Nations unies, a rapporté l’analyste politique Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

Le gouvernement estime que le FSO Safer est une question écologique et économique qui peut et doit être traitée séparément, mais les Houthis insistent sur le fait que toute décision concernant le pétrolier est intrinsèquement politique.

« Les Houthis, et l’Iran derrière eux, ont fait du terminal une partie de la solution politique, et l’ont lié à la cessation totale des hostilités, afin de conserver leurs acquis au cas où un cessez-le-feu complet serait conclu », a fait savoir Ahmed.

« Les Houthis ont ainsi transformé le Safer en une bombe à retardement et une arme entre les mains de l’Iran, car une marée noire provenant du terminal nuirait aux pays de la région et au commerce international », a-t-il conclu.

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