Environnement

Les Houthis continuent d’ignorer les mises en garde concernant Safer

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des pêcheurs yéménites amarrent leurs bateaux dans le port de la mer Rouge d’al-Hodeidah, le 11 juin 2019. [STR/AFP]

Des pêcheurs yéménites amarrent leurs bateaux dans le port de la mer Rouge d’al-Hodeidah, le 11 juin 2019. [STR/AFP]

Les Houthis (Ansarallah) soutenus par l’Iran continuent d’ignorer les mises en garde lancées par le Yémen et la communauté internationale visant à autoriser une équipe de maintenance et d’évaluation à monter à bord du terminal de stockage et de déchargement flottant (FSO) Safer.

Ce navire amarré au large des côtes du Yémen en mer Rouge et qui rouille petit à petit contient au moins 1,14 million de barils de pétrole brut. Si la cargaison qu’il transporte ne peut être pompée hors du navire avant qu’il ne coule, la catastrophe est assurée.

Le gouvernement yéménite a lancé des mises en garde répétées sur une catastrophe environnementale potentielle et a récemment averti qu’un tuyau du navire s’était perforé, faisant entrer de l’eau de mer dans la salle des machines.

Malgré le danger croissant, les Houthis insistent pour maintenir le statu quo pour tenter d’utiliser le Safer comme monnaie d’échange, menaçant ainsi la sécurité de la mer Rouge, a déclaré la commission économique du gouvernement.

Le Safer est amarré depuis cinq ans au large du port de Ras Issa, dans les eaux côtières du port d’al-Hodeidah contrôlé par les Houthis.

Les Houthis ont refusé qu’un entretien soit effectué sur le navire ou que les Nations unies prennent en charge le déchargement, même si, selon cette commission, le gouvernement a offert de multiples concessions en contrepartie.

Grave menace pour l’environnement marin

Mouhammad al-Hadrami, ministre yéménite des Affaires étrangères, a tenu le 16 juin des vidéoconférences séparées avec les ambassadeurs au Yémen des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies afin de discuter du problème du Safer.

Tous ont parlé du besoin urgent de trouver une solution à ce problème, qui fait peser une grave menace sur l’environnement au Yémen et dans la région, et des mesures que le Conseil de sécurité pourrait prendre pour empêcher une catastrophe environnementale.

Une marée noire de grande ampleur constituerait une menace sérieuse pour l’environnement marin, a fait savoir Walid al-Qadimi, premier vice-gouverneur de la province d’al-Hodeidah, à Al-Mashareq.

« Elle aurait un impact direct sur le travail de plus de 60 000 pêcheurs de la province d’al-Hodeidah, et plus de cent îles yéménites de la mer Rouge perdraient leur diversité biologique », a-t-il expliqué.

Elle aurait également « des conséquences catastrophiques pour l’environnement marin et causerait la mort de poissons et de récifs coralliens, aggravant ainsi la souffrance humaine de la population dans ces zones côtières », a-t-il ajouté.

Al-Qadimi a dénoncé le refus des Houthis de laisser les travaux d’entretien se poursuivre, et a appelé la milice à permettre aux experts des Nations unies d’accéder au navire, comme l’exige le gouvernement depuis maintenant deux ans.

« Le coût environnemental, économique et humanitaire sera énorme si une marée noire se produit ou si le FSO coule à cause du manque de réponse des Houthis aux demandes internationales à cet égard », a-t-il déclaré.

Impact direct sur la navigation maritime

Selon l’organisation environnementale yéménite Holm Akhdar (Rêve vert), en cas de déversement de pétrole du FSO Safer, 115 îles yéménites de la mer Rouge seraient menacées de perte de diversité biologique.

Environ 126 000 pêcheurs perdraient leur source de revenus, et le Yémen perdrait 850 000 tonnes de sa réserve de poissons. De plus, 969 types de poissons seraient menacés par les marées noires, et 300 espèces de corail pourraient disparaître.

Une fuite de pétrole du Safer déclencherait « une catastrophe environnementale, économique et humanitaire non seulement pour le Yémen mais aussi pour tous les pays de la région », a indiqué Moustafa Nasr, président du Centre d’études et des médias économiques.

En outre, « les conséquences d’un manque de maintenance sur le Safer, qui pourrait entraîner une fuite de pétrole ou le naufrage du navire, seraient catastrophiques pour les économies régionales et mondiales », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Cela aurait également un impact direct sur la navigation maritime et les exportations mondiales de pétrole, a-t-il ajouté, soulignant que les Houthis doivent sentir le danger de ne pas répondre aux efforts pour trouver des solutions à ce problème.

Une fuite de pétrole à grande échelle aurait de graves conséquences « sur la richesse en poissons du Yémen, qui est une ressource économique pour le pays et les habitants des régions côtières », a-t-il expliqué.

Cela aggraverait la souffrance du peuple yéménite, a-t-il ajouté, et pourrait être « une catastrophe plus grave qui infligerait plus de souffrances que la guerre ».

Une menace pour le Yémen et la région

Le politologue Adel al-Shujaa a demandé aux Nations unies d’intervenir.

« L’incapacité de la communauté internationale à traiter fermement avec les Houthis sur cette question a encouragé la milice à rejeter régulièrement toute solution pour y remédier, y compris les solutions proposées par les Nations unies », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Les Houthis et leur soutien iranien « ne se soucient pas des dégâts que pourraient causer une marée noire ou le naufrage du Safer aux Yéménites ou aux pays de la région », a déclaré l’analyste politique Faisal Ahmed.

Les Houthis sont « un outil pour servir les intérêts de l’Iran au Yémen », a-t-il affirmé à Al-Mashareq.

Ils utilisent le Safer « comme une bombe à retardement pour menacer les pays de la région et les intérêts mondiaux, sans se soucier des conséquences économiques et environnementales désastreuses pour les Yéménites », a-t-il conclu.

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