Politique

Le CGRI érige des statues alors que le peuple iranien souffre

Faris al-Omran

Le Comité de mobilisation populaire irakien inaugure la fresque « Beauté de la victoire » à l’entrée de l’aéroport de Bagdad, le 19 juin. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le Comité de mobilisation populaire irakien inaugure la fresque « Beauté de la victoire » à l’entrée de l’aéroport de Bagdad, le 19 juin. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le régime iranien continue de fournir des fonds au Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et d’ériger des statues de ses dirigeants alors que le pays est confronté à un effondrement économique, aux sanctions internationales et à des troubles internes.

La détermination obstinée de l’Iran à faire avancer ses ambitions à l’étranger, qui l’a vu s’immiscer dans des conflits dans toute la région, a suscité la dérision dans la région et parmi le peuple iranien, ont déclaré des analystes politiques.

Ces ambitions sont financées aux dépens du peuple iranien, qui a vu ses conditions de vie se détériorer, avec des services publics de mauvaise qualité et un secteur de la santé poussé au bord de l’effondrement par la pandémie de coronavirus.

Pourtant, la résolution des crises économiques et sanitaires internes n’est « pas une priorité absolue » pour le régime, a rapporté le journaliste et analyste politique irakien Ziad al-Sinjari à Al-Mashareq.

Un prétendu appareil de détection et de traitement du coronavirus dévoilé par le CGRI a été largement ridiculisé. [Photo diffusée sur internet]

Un prétendu appareil de détection et de traitement du coronavirus dévoilé par le CGRI a été largement ridiculisé. [Photo diffusée sur internet]

Des éléments du CGRI affrontent des manifestants iraniens le 26 janvier 2018. [Photo fournie par le Centre des droits de l’homme en Iran]

Des éléments du CGRI affrontent des manifestants iraniens le 26 janvier 2018. [Photo fournie par le Centre des droits de l’homme en Iran]

Au lieu de cela, a-t-il expliqué, le régime iranien considère le financement du CGRI comme « une priorité absolue, car son existence dépend de celle du CGRI et des milices affiliées qu’il utilise pour faire son sale boulot hors des frontières du pays ».

C’est la raison pour laquelle le régime « continue de financer le CGRI et ses alliés, alors que les sanctions américaines sur ses sources de financement s’intensifient », a-t-il fait savoir.

Les récentes séries de sanctions ont ciblé des entreprises et négociants en métaux iraniens, ainsi que les capitaines de cinq navires qui avaient livré du pétrole iranien au Venezuela.

Monuments et fresques

« Le CGRI contrôle aujourd’hui la plupart des leviers de l’État », a déclaré al-Sinjari.

Afin de générer des revenus pour ses opérations, le CGRI a cherché à exploiter la structure économique des pays voisins, a-t-il ajouté, notant que le programme iranien en Irak se concentre sur la domination de ce pays et l’épuisement de ses ressources.

Le CGRI a cherché à promouvoir et protéger ses intérêts en Irak en finançant des milices irakiennes et en diffusant la doctrine de la Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste) à travers la création d’écoles telles que l’école Khamenei dans la province de Ninive.

Dans le même temps, alors que sa population est confrontée à des difficultés croissantes, il finance des monuments et peint des fresques à l’effigie des commandants du CGRI, a-t-il poursuivi.

Parmi celles-ci se trouve la nouvelle fresque « Beauté de la victoire », à l’entrée de l’aéroport de Bagdad, inaugurée le 19 juin par les Forces de mobilisation populaire.

Cette fresque montre Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods du CGRI, et Abou Mahdi al-Muhandis, chef adjoint de la FMP, tous deux tués lors d’une frappe américaine près de l’aéroport, saluant une foule d’Irakiens.

Une nouvelle statue de Soleimani a été érigée en juin dans la ville de Jiroft, dans sa province natale de Kerman, en pleine crise du coronavirus. Les utilisateurs des réseaux sociaux ont critiqué les priorités du régime iranien.

Pendant ce temps, au Liban, le Hezbollah, fidèle à l’Iran et financé par celui-ci, a inauguré une statue de Soleimani dans la ville de Maroun al-Ras, dans le sud du pays.

Rejet et mécontentement croissants

« Le mécontentement populaire s’accroît en Iran », a fait savoir le politologue Ghanem al-Abed à Al-Mashareq. « Les Iraniens sont en colère parce que le régime ignore les problèmes du chômage, des prix élevés, de la pauvreté et de la corruption. »

Ils déplorent également le manque de transparence du régime, notamment en ce qui concerne sa gestion de la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19).

Après avoir initialement dissimulé, voire contribué à la propagation du virus, l’Iran a tardé à mettre en place des mesures de santé publique, et le CGRI a été la cible de moqueries en annonçant l’invention d’un appareil détectant le coronavirus à distance.

Le régime iranien s’est « ridiculisé », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il aurait mieux valu qu’il consacre des ressources à la lutte contre le virus.

L’Iran essaie maintenant d’emprunter des milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI) sous prétexte de lutter contre la pandémie, a-t-il ajouté.

Alors que les responsables iraniens affirment que les sanctions ont entravé leur capacité à lutter contre la pandémie de coronavirus, les experts en affaires iraniennes réfutent ces allégations, affirmant que le régime cherche à détourner l’attention de sa gestion de la crise sanitaire.

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