Analyse

Esmail Qaani: fidèle successeur de l'héritage destructeur de Soleimani

Par Faris al-Omran

Le nouveau commandant de la Force Qods du CGRI, Esmail Qaani, serre la main du chef suprême de l'Iran, Ali Khamenei. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le nouveau commandant de la Force Qods du CGRI, Esmail Qaani, serre la main du chef suprême de l'Iran, Ali Khamenei. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Esmail Qaani, le nouveau commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI), n'était pas suffisamment connu, même parmi les Iraniens eux-mêmes.

Contrairement à Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la force qui a été tué lors d'un raid américain vendredi dernier 3 janvier à Bagdad, les apparitions dans les médias de Qaani sont rares et il serait moins charismatique que son prédécesseur.

Cependant, Qaani devrait assurer une continuité, plutôt qu'un changement, dans les plans expansionnistes de la Force Qods dans la région.

Qaani, ancien commandant adjoint de la Force Qods, a été nommé par le chef suprême l'ayatollah Ali Khamenei au lendemain de l'assassinat de Soleimani.

Esmail Qaani, nouveau commandant de la Force Qods du CGRI. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Esmail Qaani, nouveau commandant de la Force Qods du CGRI. [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le nouveau commandant de la Force Qods du CGRI, Esmail Qaani (2e de droite) pendant la guerre Iran-Irak avec le guide suprême iranien, Ali Khamenei (3e de droite). [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

Le nouveau commandant de la Force Qods du CGRI, Esmail Qaani (2e de droite) pendant la guerre Iran-Irak avec le guide suprême iranien, Ali Khamenei (3e de droite). [Photo diffusée sur les réseaux sociaux]

En nommant Qaani, Khamenei a déclaré que "les ordres restent exactement les mêmes" pour la Force Qods, qui est notamment chargée des opérations extérieures du CGRI - faisant de la force un acteur clé en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen.

Né dans la ville iranienne de Mashhad, Qaani qui est dans la soixantaine, est connu depuis sa jeunesse pour son dévouement et sa défense de la révolution iranienne qui a renversé le régime du Shah en 1979.

Depuis le début de la guerre entre l'Irak et l'Iran en 1980, il s'est vu confier de nombreuses tâches militaires, à commencer par le commandement de la 21e division Imam Reza du CGRI puis de la 5e division al-Nasr.

La guerre entre l'Irak et l'Iran a donné à Qaani une vaste expérience militaire, mais contrairement à son prédécesseur Soleimani, il n'a pas bénéficié de la même présence médiatique ni de la même influence charismatique, a déclaré le journaliste Ziyad al-Sinjari à Diyaruna.

Il n'a pas non plus le même réseau complexe de connexions à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran que Soleimani, a-t-il dit, bien qu'il soit largement connu parmi les dirigeants du régime et occupe une position d'influence, bien qu'il ne soit pas sous les projecteurs.

Depuis la fin de la guerre, Qaani s'est concentré sur la direction des activités de l'Iran en Afghanistan, au Pakistan et en Asie centrale par le biais de sa direction du 4e corps d'Ansar.

Pendant ce temps, Soleimani se concentrait sur le renforcement des mandataires de l'Iran au Moyen-Orient, en particulier au Liban et en Syrie, selon al-Sinjari.

Qaani a brièvement occupé le poste de chef d'état-major adjoint des services de renseignement du CGRI avant que Soleimani ne le nomme commandant adjoint de la Force Qods juste avant la guerre de juillet 2006 au Liban entre le Hezbollah et les forces israéliennes.

Le rôle de Qaani dans les guerres régionales

Qaani a joué un rôle majeur dans l'alimentation des guerres et des crises au Moyen-Orient.

Avec le début du conflit syrien en 2011, il a aidé le président Bashar al-Assad, l'allié stratégique de l'Iran, à s'accrocher au pouvoir grâce à son rôle dans la formation de la brigade Fatemiyoun en 2014.

La Brigade Fatemiyoun est une milice soutenue par le CGRI composée de combattants afghans qui ont participé aux combats aux côtés des forces d'al-Assad.

Connu par ses associés sous le nom de Hajj Esmail, Qaani est l'un des dirigeants iraniens les plus durs et les défenseurs les plus féroces de la révolution iranienne, a affirmé al-Sinjari.

Au cours de la révolte étudiante de 1999 à Téhéran, Qaani était l'un des 24 commandants du CGRI qui a écrit une lettre au président d'alors, Mohammad Khatami. La lettre indiquait que si Khatami n'écrasait pas la rébellion estudiantine, les militaires le feraient et ils ont menacé de lancer un coup d'État contre lui.

Le nommer commandant de la FQ-CGRI immédiatement après la mort de Soleimani est "un signe de la volonté du régime iranien de poursuivre sa politique hostile et de sa réticence à changer son comportement".

"Plutôt, [le régime] veut intensifier ses ingérences dans les affaires des autres pays et poursuivre son soutien aux milices terroristes", a ajouté al-Sinjari.

Qaani, qui ne parle pas couramment l'arabe, "s'efforcera de tout son pouvoir de continuer sur la voie tracée par son prédécesseur et de prouver sa loyauté absolue au régime et au projet iraniens", a-t-il fait savoir.

Ali Alfoneh, chargé de recherche à l'Institut des États arabes du Golfe à Washington, a déclaré à l'AFP qu'il y aurait "plus de continuité que de changement dans la Force Qods" sous la direction de Qaani.

Mais il a ajouté: "Il est difficile de s'attendre à ce que Qaani, le bureaucrate, imite le leadership charismatique de son prédécesseur".

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