Société

Les agissements du CGRI alimentent les dissensions en Iran

Faris al-Omran

Le Guide suprême iranien Ali Khamenei rencontre des leaders et des responsables iraniens le 17 avril. [Photo largement diffusée en ligne]

Le Guide suprême iranien Ali Khamenei rencontre des leaders et des responsables iraniens le 17 avril. [Photo largement diffusée en ligne]

Les agissements et les positions du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien en Irak et dans le reste de la région alimentent une vague croissante de mécontentement intérieur en Iran, ont expliqué plusieurs analystes politiques à Diyaruna.

Les dirigeants du mouvement réformateur en Iran et les partisans de la ligne dure se disent préoccupés par la manière dont la direction du CGRI traite les affaires étrangères, estimant que cela expose leur pays à plus d'isolement et à des crises économiques.

Le Haut Conseil national de sécurité iranien ne s'est pas réuni à deux reprises en session extraordinaire ce mois-ci, conséquence des profondes divergences existant entre le gouvernement du président iranien Hassan Rouhani, du courant réformateur, et le CGRI dirigé par les fondamentalistes.

Les représentants du gouvernement au conseil auraient accusé la force al-Qods du CGRI, dirigée par le major général Qassem Soleimani, de susciter la colère en Irak contre l'Iran du fait du soutien apporté à certaines milices irakiennes.

Selon plusieurs articles parus dans les médias, certains partis iraniens ont critiqué les récentes menaces proférées par l'ambassadeur iranien en Iraq, Iraj Masjidi.

Lors d'un entretien accordé le 26 septembre à la chaîne de télévision irakienne Dijlah TV, Masjidi avait en effet estimé que si l'Iran était attaqué par les États-Unis, il bombarderait les forces américaines où qu'elles se trouvent, y compris en Irak.

Certains Iraniens ont qualifié ces déclarations d'irresponsables, soulignant qu'elles ne faisaient qu'attiser le ressentiment des Irakiens à l'égard des ingérences iraniennes dans les affaires de l'Irak.

Certains responsables politiques iraniens ont également exprimé leur défiance envers les rapports de terrain envoyés par Soleimani aux hauts responsables, qu'ils qualifient de « trompeurs » et fondés sur « une fausse stratégie ».

« Les voix modérées se font plus fortes »

Le chercheur et journaliste Ziyad al-Sinjari a expliqué à Diyaruna que « l'Iran est un grand pays dont certains responsables regrettent certainement les agissements agressifs du CGRI et de sa force al-Qods en Irak et dans d'autres pays voisins ».

Il a souligné les divisions existant en Iran entre les réformateurs et les partisans de la ligne dure concernant la politique étrangère suivie par le CGRI et son rôle dans les agitations régionales et l'atteinte à la souveraineté des autres pays et gouvernements.

« Les différends ne sont désormais plus cachés mais s'exposent et s'exacerbent au grand jour alors que les tensions dans la région augmentent, comme en attestent les récentes attaques », a poursuivi al-Sinjari.

Les observateurs, parmi lesquels al-Sinjari, estiment que les voix modérées en Irak se font plus fortes pour exiger que soit mis un terme à des politiques dont ils disent qu'elles « font rétrograder l'Iran et n'entraînent que plus d'agressions ».

Ils pointent le fort ressentiment dans la région à l'égard des activités du CGRI.

Le CGRI approvisionne ses milices affiliées en armes et en argent dans le but de renforcer leur influence et d'affaiblir les pays de la région, sapant ainsi leur autorité et semant le chaos et la corruption, a-t-il expliqué.

« Le leadership du CGRI met à mal la sécurité et les ressources des pays au lieu de s'attacher à la situation économique tragique du peuple iranien », a-t-il ajouté.

Les agissements du CGRI rendent la vie plus difficile

Le stratège et analyste militaire Rabie al-Jawary a affirmé à Diyaruna que « l'implosion du régime iranien est proche ».

« En Iran, certaines factions politiques et des segments importants de la population sont opposés aux pratiques du CGRI, et estiment qu'il est responsable du marasme économique actuel », a-t-il continué.

Pour le peuple iranien, les agissements du CGRI ont entraîné « plus de pauvreté et de chômage et la dévaluation de leur devise », a-t-il poursuivi.

« Le peuple iranien est également furieux de l'influence du CGRI dans son propre pays et du détournement auquel il se livre du processus de prise de décision officiel et son contrôle du pouvoir », a continué al-Jawary.

À cela « vient s'ajouter le fait qu'il profite de ressources nationales qui appartiennent aux Iraniens pour alimenter ses activités hostiles et financer ses agents à l'étranger », a-t-il ajouté.

Selon al-Jawary, de nombreux Iraniens souhaitent se débarrasser de la doctrine du Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste), qui appelle à l'allégeance au guide suprême iranien Ali Khamenei.

La poursuite des manifestations depuis des mois en Iran, malgré leur répression par le CGRI, est la preuve de cette exigence, a-t-il ajouté, parce que « les Iraniens sont conscients qu'ils ont besoin d'un changement radical dans leur pays ».

Le gouvernement iranien dispose de peu de soutiens en Iran-même et à l'étranger, a-t-il ajouté.

Les pays de la région et leurs peuples considèrent que le régime iranien est une source importante d'agitation et une force hostile brouillée avec elle-même, qui ne sert que les intérêts d'une petite fraction de dirigeants dans le pays, a-t-il conclu.

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