Le régime iranien envoie un double message alors qu’il est sous le coup d’une campagne américaine de « pression maximale », affirmant d’une part que les sanctions ont été inefficaces, et d’autre part manœuvrant pour les faire lever, ont expliqué des analystes.
Une campagne de sanctions sévères des États-Unis a ciblé les secteurs pétrolier et bancaire de l’Iran, entre autres, et a connu un certain succès en coupant le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) de son réseau financier étranger.
Cette campagne vise à écarter la menace du programme iranien de missiles balistiques, mettre un terme à ses activités terroristes dans le monde et bloquer les dangers que ce régime fait planer sur la région par le biais de ses intermédiaires.
Les analystes politiques et économiques avec lesquels s'est entretenu Al-Mashareq ont fait savoir que cette campagne a réussi à isoler davantage l’Iran et ses affiliés et intermédiaires régionaux.
« L’importance de la nouvelle politique du gouvernement américain est qu’elle a mis de côté les politesses diplomatiques et est allée à la racine du problème » en rétablissant les sanctions, a expliqué l’analyste économique Hossein Rajabi, qui vit à Téhéran.
Des sanctions ont ainsi été imposées à des personnalités de haut rang, notamment au Guide suprême Ali Khamenei et au ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, et a également vu le CGRI être désigné comme une organisation terroriste.
L’Iran est maintenant confronté à un « isolement historique sans précédent », a déclaré Rajabi.
Ses alliés régionaux, dont le Hezbollah libanais, sont également confrontés à une pression croissante, alors que l'Allemagne a récemment interdit toutes les activités du Hezbollah sur son sol et désigné l’ensemble du mouvement comme une organisation terroriste.
Le Royaume-Uni a également pris des mesures punitives contre le Hezbollah cette année en étendant les mesures de gel des avoirs à l’aile politique de la milice.
Précédemment, le régime iranien avait trouvé des moyens pour contourner les sanctions, a rapporté Rajabi. Mais le ministre du Pétrole Bijan Zangeneh a admis que tous les canaux par lesquels l’Iran effectuait jusqu’à présent des ventes secrètes de pétrole ont été fermés.
Presque tous les pays ont exprimé leur réticence à enfreindre les sanctions américaines, a ajouté Rajabi, ce qui est considéré comme la plus grande défaite diplomatique de la République islamique.
Décrochage de la devise iranienne
La campagne américaine visant l’isolement de l’Iran sur la scène internationale et l'affaiblissement de ses outils d'intervention dans la région a mis le régime iranien « au bord de la capitulation », a affirmé l’expert économique Behzad Gonabadi à Al-Mashareq.
À cause de cette campagne, l’économie iranienne « est dans un état d’effondrement », a-t-il déclaré, notant que le rial iranien a chuté et ne s’établit plus qu’à un quart de sa valeur précédente.
En 2017, le taux de change du dollar américain par rapport au rial iranien était de 37 000 rials. Après la nouvelle campagne de sanctions, a-t-il précisé, ce taux est passé à environ 170 000 rials.
« L’instabilité du marché est telle que l’anticipe qu’en cas de maintien des sanctions, la baisse de la valeur du rial se poursuivra et sera même deux fois plus importante qu’aujourd'hui », a déclaré Gonabadi.
La situation s’est dégradée à un point tel que le parlement iranien « a autorisé la suppression de quatre zéros de la monnaie nationale », a-t-il déclaré, et a décidé de remplacer le rial par le toman, qui vaut 10 000 rials.
« Ils s'imaginent que grâce à la suppression de ces zéros, l’argent retrouvera sa valeur ! », a-t-il déclaré. « Nous en sommes arrivés à un point où les gens font la queue pour acheter des dollars. »
« L’effondrement de l’économie iranienne s’est produit en raison de la réduction sans précédent des ventes de pétrole », a expliqué Gonabadi.
Les intermédiaires de l’Iran souffrent
En novembre dernier, lors d’une session publique organisée lors d’une visite à Kerman, le président iranien Hassan Rohani a déploré que son gouvernement enregistre un déficit budgétaire de plusieurs milliards de dollars, qui aurait été résolu si les ventes de pétrole avaient pu se maintenir.
Le déficit budgétaire de l’Iran a durement impacté ses affiliés dans la région, qui souffrent de déficits en raison des difficultés financières de l'Iran, a rapporté Gonabadi.
« Aujourd'hui, personne ne cache plus que l’Iran finance ces groupes, y compris le Hezbollah », a-t-il déclaré, notant que le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a publiquement admis que le parti reçoit des fonds de l’Iran.
Dans un message vidéo, Nasrallah a déclaré que tant que l’Iran a de l’argent, le Hezbollah en a aussi.
Le reste des intermédiaires de l’Iran sont dans la même situation, a poursuivi Gonabadi, notant que l’isolement de la République islamique signifie que ces groupes satellites deviennent également isolés et inefficaces.
« Je crois que les signes de cette inefficacité vont progressivement se manifester dans toute la région », a-t-il conclu.