Un ministre du gouvernement du Yémen a accusé vendredi 7 février les Houthis (Ansarallah) épaulés par l'Iran de faire peser un risque sur la population en se livrant à des actions qui ne laissent aux agences humanitaires « que d'autre choix » que de réduire leur assistance.
Selon des sources proches des milieux humanitaires, l'aide destinée aux régions contrôlées par les Houthis sera réduite le moins prochain, car les organismes donateurs et les humanitaires ne sont plus en mesure de garantir que cette aide parvient bien à ceux qui en ont besoin, a rapporté jeudi l'agence Reuters.
Les Houthis ont entravé les campagnes de fourniture de denrées alimentaires et d'autres formes d'aide à ceux qui en ont besoin, dans une mesure qui n'est plus tolérable, ont indiqué ces sources à Reuters.
L'environnement de travail dans le nord du Yémen s'est tellement dégradé, a indiqué un responsable des Nations unies à Reuters, que les travailleurs humanitaires ne peuvent plus gérer les risques associés à la fourniture de l'aide qu'ils apportent actuellement.
À moins d'une amélioration de la situation, les ouvriers humanitaires et les bailleurs de fonds n'auront plus « d'autre choix » que de réduire leur assistance, ce qui impliquera de réduire certaines aides alimentaires supervisées par le Programme alimentaire mondial (PAM), a poursuivi ce responsable onusien.
Les bailleurs de fonds, les agences des Nations unies et les organisations humanitaires n'ont pas encore annoncé de réductions de l'aide. Trois sources ont expliqué à Reuters que ces réductions pourraient être mises en place au début du mois de mars après consultation ce mois-ci avec les bailleurs de fonds.
Les Houthis sont entièrement responsables de cette réduction escomptée de l'aide, a déclaré à Al-Mashareq le vice-ministre yéménite des Droits de l'Homme Nabil Abdoul Hafeez .
Ils ont détourné et manipulé l'aide humanitaire fournie par les organisations humanitaires à ceux qui en ont besoin dans les régions qu'ils contrôlent, a-t-il indiqué, accusant la milice de tromperie et de s'adonner à des pratiques corrompues.
« Les Houthis ont mis en place ce soi-disant Haut Conseil pour la gestion et la coordination des affaires humanitaires dans le but de contrôler toutes les activités des organisations humanitaires, y compris la formation de leurs personnels », a-t-il précisé.
« Des litiges ont éclaté entre les Houthis et les organisations humanitaires, notamment l'an dernier lorsque le PAM a accusé les Houthis de manipuler l'assistance », a-t-il expliqué.
Une histoire de corruption
Le PAM avait en partie suspendu l'aide alimentaire à Sanaa en juin dernier, accusant les Houthis de manipuler la distribution de l'aide alimentaire soit directement en la vendant sur le marché noir, soit indirectement en la détournant vers leur effort de guerre.
« De surcroît, les Houthis avaient empêché les employés de certaines organisations d'entrer dans le pays », a poursuivi Abdoul Hafeez.
En décembre, des responsables yéménites ont accusé les Houthis de pratiquer des tentatives d'extorsion ainsi que des tentatives d'imposer de nouvelles manières de fonctionner aux organisations humanitaires destinées à détourner cette aide vers les coffres de la milice.
« Le gouvernement légitime tente de travailler à deux niveaux avec les organisations humanitaires », a-t-il précisé. « Premièrement, pour diriger une partie de l'assistance qui sera réduite vers les [populations déplacées] dans certaines provinces, notamment Marib. »
Des milliers de personnes ont en effet été déplacées dans Marib par suite des récents affrontements entre les forces yéménites et les Houthis à Nahm, al-Jawf et Sarwah.
« Le second niveau consiste à mener des pourparlers avec ces organisations sur un mécanisme de fourniture de l'aide aux bénéficiaires dans les provinces sous le contrôle des Houthis pour éviter de causer plus de souffrances aux habitants de ces provinces », a-t-il poursuivi.
« J'espère qu'aucune aide alimentaire ne sera réduite pour la population affectée dans les zones sous le contrôle des Houthis, et qu'un mécanisme sera mis en place pour assurer la remise de l'aide aux bénéficiaires », a-t-il conclu.