Société

L'Iran lutte pour limiter les retombées de la catastrophe aérienne

Sultan al-Barei à Riyad et l'AFP

Des forces iraniennes sur le lieu du crash après qu'un avion de ligne ukrainien ait été abattu par un missile iranien le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord. [Photo de Fars News Agency]

Des forces iraniennes sur le lieu du crash après qu'un avion de ligne ukrainien ait été abattu par un missile iranien le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord. [Photo de Fars News Agency]

L'Iran s'est efforcé de limiter les retombées sur sa gestion de la catastrophe aérienne qui a vu s'écraser un avion de ligne ukrainien, et la tragédie a provoqué la colère de centaines d'Iraniens, la plupart étudiants, qui sont descendus dans les rues.

De nouvelles vidéos sont apparues, montrant deux missiles iraniens traversant le ciel nocturne et frappant l'avion, le faisant s'écraser en flammes et tuant les 176 passagers et membres d'équipage à bord.

Ces images floues, tournées depuis un toit dans un village à 6 km d'un site militaire iranien, montre le Boeing 737 en train de prendre feu avant d'exploser et de s'écraser.

Pendant plusieurs jours, l'Iran a nié les allégations selon lesquelles l'avion aurait été abattu par ses missiles.

Mais samedi, le général de brigade et commandant aérospatial du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) Amirali Hajizadeh a reconnu qu'un opérateur de missiles avait pris l'avion pour un missile de croisière et ouvert le feu.

De nouvelles vidéos circulant sur les réseaux sociaux prétendaient montrer de nouvelles manifestations mardi 14 janvier dans la soirée dans des universités de Téhéran, ainsi que des affrontements entre les étudiants et la Force de résistance Basij, une composante du CGRI.

Avant cela, environ 200 étudiants, pour la plupart masqués, s'étaient rassemblés à l'université de Téhéran et avaient eu un face-à-face tendu avec des jeunes du groupe Basij.

Une trentaine de personnes ont été arrêtées lors des manifestations concernant la catastrophe aérienne, selon Gholamhossein Esmaili, porte-parole du pouvoir judiciaire.

Mardi, Téhéran a déclaré avoir procédé à ses premières arrestations suite à l'abattage de l'avion, sans toutefois fournir de détails.

Fracture entre le régime et le peuple

Mehdi Rahmanian, directeur du quotidien réformiste Shargh, a déclaré à l'AFP que les dernières manifestations ont montré qu'il y existe une « véritable fracture entre le peuple et les autorités ».

« J'espère que [la retenue policière] se poursuivra et qu'aucune vie ne sera perdue, car cela pourrait être un catalyseur pour de nouvelles manifestations », a-t-il indiqué.

Autre signe de dissidence croissante, un groupe d'artistes a annulé sa participation au festival Fajr, organisé chaque année à l'occasion de l'anniversaire de la révolution islamique de 1979, selon le journal Hamshahri.

Même avant le crash de l'avion, il y avait une colère généralisée en République islamique contre le régime iranien, ont fait savoir des experts à Al-Mashareq.

Le régime a été accusé de réprimer brutalement les manifestations dans tout le pays qui ont éclaté à la mi-novembre à cause de l'état de l'économie, que de nombreux manifestants ont attribué à la mauvaise gouvernance, ont-ils indiqué.

Les manifestants ont accusé l'Iran de concentrer ses ressources sur sa politique étrangère expansionniste, dirigée par le CGRI et exécutée par des milices affiliées, alors que l'économie du pays est au bord de l'effondrement.

La poursuite de cette politique extérieure se fait aux dépens de la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple iranien, qui souffre du délabrement des infrastructures et du déclin général des services publics, ont fait savoir des analystes.

L'écrivain et analyste politique dissident iranien Ali Narimani a accusé le régime iranien de « défaillance et de négligence » en matière d'entretien des infrastructures.

« Le CGRI est plus intéressé par l'agrandissement de sa présence au Moyen-Orient et le soutien aux milices qui lui sont affiliées grâce à des armes, de l'équipement et de l'argent », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« Il y a beaucoup de colère en Iran à cause de cette négligence, en plus de la crise économique étouffante à laquelle le peuple iranien est confronté », a-t-il poursuivi.

L'Iran forcé d'admettre ses mensonges

L'Iran a été forcé d'admettre qu'il avait menti sur l'abattage de l'avion après que « des dizaines d'éléments de preuve ont confirmé que l'avion avait été abattu par un missile guidé », a déclaré Sami Gheit, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Selon lui, le crash « a été causé par la négligence et le manque de considération pour la vie et la sécurité des civils, car le CGRI et l'armée iranienne sont censés fermer l'espace aérien aux vols civils lorsqu'ils mènent une action militaire ».

Il a également noté qu'une grande base abritant des missiles balistiques est située très près de l'aéroport civil de Téhéran.

La réaction à l'incident est visible sur les réseaux sociaux et dans les manifestations qui se déroulent dans la plupart des provinces iraniennes, a rapporté Hossein Shayan, natif de Téhéran et dissident iranien, à Al-Mashareq.

Il y a eu des appels au changement de régime en Iran, a-t-il indiqué, et au licenciement et à la poursuite en justice de hauts responsables.

Le crash « a provoqué autant que possible le peuple iranien, surtout vu que les autorités ont insisté pour mentir à l'opinion publique internationale et locale en affirmant que l'avion s'était écrasé en raison d'un dysfonctionnement ou d'un problème technique », a-t-il ajouté.

Le président Hassan Rohani a appelé mercredi à « l'unité nationale » et a souligné la nécessité de changements dans la manière dont l'Iran est dirigé après l'abattage de l'avion de ligne.

L'attaque au missile a été lancée en représailles à la frappe d'un drone américain qui a tué le plus important général iranien, Qassem Soleimani, qui dirigeait la Force Qods du CGRI.

Au moins 59 personnes en deuil ont été piétinées à mort le 7 janvier dans un cortège funéraire pour Soleimani dans sa ville natale de Kerman, dans le sud-est de l'Iran.

L'Iran est également ravagé depuis vendredi par des inondations qui ont coûté la vie à au moins trois personnes et ont isolé des centaines de villages.

Faisant référence à la série de catastrophes qu'il a décrites comme « inimaginables » et « inacceptables », Rohani a déclaré qu'elles devraient mener à une « grande décision » sur le système politique iranien.

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1 COMMENTAIRE (S)

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L’Iran est un État ignoble qui se ment à lui-même et à son peuple. Ce qui est étrange, c'est qu'ils suivent ce bouc qui se fait passer pour un dieu et se disent musulmans bien qu'il soit sikh et hostile à l'islam.

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