L'Iran a indiqué être favorable à une désescalade après dix jours de tensions accrues avec les États-Unis au cours desquels les deux pays ont tiré des missiles et Téhéran a accidentellement abattu un avion de ligne.
La sécurité a été renforcée dans la capitale iranienne dimanche 12 janvier après qu'une veillée la nuit précédente dédiée aux personnes tuées dans la catastrophe aérienne se soit transformée en manifestation.
Des vidéos apparues lundi semblaient montrer que les manifestations anti-gouvernementales ont été combattues avec des gaz lacrymogènes et ont fait au moins un blessé.
Le président américain Donald Trump avait prévenu l'Iran dans un tweet dimanche qu'il ne devait pas tuer de manifestants, déclarant que le monde et, « plus important encore, les États-Unis, regardent ».
Le secrétaire américain à la Défense Mark Esper a fait savoir que Trump était toujours disposé à « discuter sans condition préalable d'une nouvelle voie à suivre » avec l'Iran.
Téhéran a déclaré qu'il favorisait un apaisement des tensions après que les États-Unis aient tué le général de division Qassem Soleimani, commandant de la Force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI) dans une attaque de drone à Bagdad le 3 janvier.
Lors d'une rencontre entre le président iranien Hassan Rohani et l'émir du Qatar, les deux parties ont convenu que la désescalade est « la seule solution » à la crise régionale, a rapporté le dirigeant qatari.
« Nous nous accordons à dire [...] que la seule solution à ces crises est la désescalade de la part de tous et le dialogue », a déclaré l'émir Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani lors de ce qui semble être sa première visite officielle en République islamique.
Pour sa part, Rohani a déclaré : « Nous avons décidé d'avoir plus de consultations et de coopération pour la sécurité de toute la région».
Le président iranien a également reçu la visite du ministre pakistanais des affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, dont le pays a offert de servir de médiateur entre Téhéran et Riyad.
Lors d'une rencontre dimanche avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le premier ministre japonais Shinzo Abe a averti que le conflit militaire avec l'Iran aura un impact sur la paix et la stabilité mondiales, a rapporté Masato Ohtaka, le porte-parole du ministère japonais des affaires étrangères.
Dans un discours au Parlement, le commandant du CGRI Hossein Salami a indiqué que les missiles que le groupe a tirés mercredi dernier sur les bases irakiennes accueillant des troupes américaines ne visaient pas à tuer le personnel américain.
Les États-Unis ont déclaré qu'aucun personnel américain n'avait été blessé lors des attaques.
Du gaz lacrymogène contre les manifestants
Le ministère allemand des affaires étrangères a fait savoir lundi que le peuple iranien doit être autorisé à « manifester pacifiquement et librement » et à exprimer sa « douleur et aussi sa colère » après la catastrophe aérienne.
Des manifestations ont éclaté pour une deuxième nuit consécutive après que l'Iran a admis avoir abattu un avion de ligne ukrainien par erreur le 8 janvier, tuant les 176 personnes à bord.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux semblaient montrer de grandes foules scandant des slogans contre les autorités du pays sur l'emblématique Place Azadi, au sud du centre de la ville.
De nombreuses vidéos, dont plusieurs ont été partagées par le Centre pour les droits de l'homme en Iran, organisation basée à New York, semblaient montrer des gens criant et se dispersant alors que des gaz lacrymogènes étaient tirés sur la foule dans la rue Azadi, grande artère de Téhéran.
L'AFP n'a pas pu vérifier de manière indépendante les heures ou les lieux exacts des vidéos, qui sont souvent diffusées sur Telegram ou d'autres services de messagerie, mais a pu vérifier qu'elles n'étaient pas apparues en ligne avant dimanche.
Dans une vidéo qui viendrait de la ville d'Amol, dans la région de Mazandaran sur la mer Caspienne, une foule marche en criant : « Nous ne voulons pas de la République islamique ».
Samedi, la télévision d'État a rapporté que des manifestations « anti-régime » avaient eu lieu dans la capitale, ce qui constitue une rare reconnaissance de ces manifestations.
« Erreur catastrophique »
L'Iran a nié pendant plusieurs jours les accusations occidentales selon lesquelles le Boeing 737 d'Ukrainian International Airlines aurait été abattu par un missile, l'armée admettant samedi une erreur catastrophique.
Plus tard dans la soirée, une veillée à l'université Amir Kabir de Téhéran en l'honneur des personnes tuées s'est transformé en une manifestation à laquelle ont participé des centaines d'étudiants.
Les manifestants ont crié « mort aux menteurs » et ont exigé la démission et la poursuite des responsables du crash de l'avion et de la prétendue dissimulation de l'acte accidente.
Le lendemain du rassemblement, il y avait une forte présence policière, notamment autour de la Place Azadi.
Des policiers anti-émeute armés de canons à eau et de matraques ont été aperçus dans les universités d'Amir Kabir, Sharif et Téhéran ainsi que sur la Place Enqelab.
Une cinquantaine de miliciens Basij brandissant des fusils de paintball, potentiellement pour marquer les manifestants pour les autorités, ont également été vus près d'Amir Kabir.
Lundi, l'Iran a nié qu'il y ait eu une quelconque dissimulation de l'abattage de l'avion.