Terrorisme

Les Houthis connaissent leur plus grand nombre de victimes depuis 2014

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des soldats houthis montent la garde à Sanaa le 24 septembre lors d'une cérémonie de collecte d'argent, de nourriture et d'autres dons pour les combattants du groupe. [Mohammed Huwais/AFP]

Des soldats houthis montent la garde à Sanaa le 24 septembre lors d'une cérémonie de collecte d'argent, de nourriture et d'autres dons pour les combattants du groupe. [Mohammed Huwais/AFP]

La milice des Houthis (Ansarallah) soutenue par l'Iran a récemment subi son plus grand nombre de pertes militaires contre l'armée yéménite depuis 2014, indiquent les autorités.

Les combats dans les provinces d'al-Jawf, Marib et al-Bayda ont fait des milliers de victimes dans les rangs des Houthis, parmi lesquels des commandants formés par le Hezbollah libanaise et le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran, a fait savoir le 7 septembre Mouammar al-Eryani, ministre yéménite de l'Information.

« La milice n'accorde aucune considération aux pertes parmi ses combattants, qui ont récemment atteint un sommet, car elle cherche à remporter de fausses victoires et à mettre en œuvre le programme destructeur de l'Iran », a-t-il déclaré.

Les milices continuent de profiter des Yéménites les plus pauvres dans les zones sous leur contrôle en les recrutant par la force, la coercition et les slogans vides de sens afin de les envoyer au combat, a rapporté al-Eryani.

Il a appelé les parents dans les zones contrôlées par les Houthis à « arrêter les efforts [des Houthis] s'efforçant d'envoyer leurs fils sur les champs de bataille ».

Du 1er juin au 30 août, le centre de presse des forces armées a documenté la mort de 2 251 membres de la milice houthie, dont des commandants de terrain.

Les décès ont eu lieu sur les lignes de front de Marib et d'al-Jawf, et dans le district de Nehm, à Sanaa, et à Qaniya, dans le nord de la province d'al-Bayda.

Plus de 5 000 miliciens ont été blessés sur cette même période, a précisé le bureau de presse.

Durant les deux premières semaines de septembre, 382 combattants houthis, dont 91 commandants supérieurs, ont été tués, principalement dans des frappes aériennes de la coalition arabe, a-t-il rapporté.

Dans le même temps, l'armée yéménite et les Comités de résistance populaire ont libéré plusieurs zones dans les provinces d'al-Jawf, Marib et al-Bayda, a déclaré le 5 septembre le général Abdo Majali, porte-parole de l'armée.

Ils ont coupé les lignes d'approvisionnement et les routes, tuant et blessant des dizaines de miliciens et détruisant des véhicules de combat et des véhicules blindés, a-t-il indiqué.

Majali a souligné le soutien apporté par la coalition arabe, qui a effectué des frappes aériennes contre des sites houthis et a fourni des renforts et du matériel militaire.

Les forces armées yéménites ont grandement progressé sur les fronts du Najd al-Ataq à Nehm, Qaniya, Hailan, Serwah, al-Mukhdara et al-Dhale.

Mépris envers les combattants décédés

« La milice houthie ne se soucie pas du nombre de [miliciens] tués et est prête à sacrifier toute la population du Yémen pour le projet iranien dans la région », a affirmé à Al-Mashareq le vice-ministre yéménite des Droits de l'homme, Nabil Abdoul Hafeez.

La milice met à profit son pouvoir sur les institutions de l'État dans les zones sous son contrôle pour recruter des jeunes, a-t-il déclaré.

Les jeunes Yéménites sont soumis à un « lavage de cerveau idéologique dans les écoles et les colonies de vacances » sous le contrôle des Houthis, a-t-il fait savoir, ajoutant que les chefs de quartier sont parfois « forcés à fournir des recrues ».

« Les Houthis envoient des innocents à la mort et les mettent en première ligne, tout en gardant leurs combattants idéologiques endurcis en arrière », a-t-il expliqué.

Les rues de Sanaa et d'autres villes contrôlées par la milice sont « couvertes de portraits de [combattants] morts », a indiqué Abdoul Hafeez, car les succès des Houthis se limitent désormais à « l'ouverture de nouveaux cimetières ».

« Il ne se passe pas un jour à Sanaa sans que des processions funéraires ne soient organisées pour les conscrits houthis et leurs commandants », a rapporté le politologue Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

Les Houthis souffrent aujourd'hui d'une pénurie de combattants et ont recours au recrutement de personnes issues de familles pauvres et d'immigrants de la Corne de l'Afrique, a-t-il poursuivi.

Ils obligent également les fonctionnaires et les citoyens à suivre des formations « culturelles », qui influencent les jeunes et leur insuffle du zèle, à tel point que certains demandent à rejoindre la milice, a rapporté Ahmed.

Il y a eu des histoires tragiques de mères qui ont refusé que leurs fils participent aux combats avec les Houthis, mais leurs fils ont disparu et sont revenus plus tard « blessés, handicapés ou dans un cercueil », a-t-il indiqué.

Exploitation de familles acculées

Le Yémen est confronté à des taux records de pauvreté et de chômage, aggravés par six années de guerre et de nouvelles difficultés comme la pandémie de COVID-19.

« La famine se profile à nouveau à l'horizon. Le conflit s'intensifie à nouveau. L'économie est à nouveau en lambeaux. Les agences humanitaires sont à nouveau presque à court de fonds. Et puis les nouveaux problèmes, la COVID-19 se répand de façon incontrôlée », a déclaré fin juillet Mark Lowcock, directeur de l'aide humanitaire des Nations unies.

Il a indiqué au Conseil de sécurité que la crise du coronavirus avait réduit de 70 % les envois de fonds, qui sont depuis longtemps une bouée de sauvetage pour le pays.

Citant un récent sondage, il a déclaré qu'environ la moitié des familles yéménites avaient perdu au moins 50 % de leurs revenus depuis le mois d'avril.

Les Houthis « exploitent la pauvreté pour le recrutement, alors que des familles acculées permettent à leurs fils de rejoindre les milices pour percevoir un salaire dans un contexte d'arrêt de paiement des salaires et de crise économique », a déclaré l'économiste Abdoul Aziz Thabet à Al-Mashareq.

La milice contrôle des ressources financières massives dans les zones sous son contrôle et en alloue une partie pour payer les salaires des conscrits et couvrir tous leurs besoins sur les fronts de bataille et dans les zones militaires, a-t-il indiqué, ajoutant que « cela incite de nombreuses [familles] à accepter les efforts de recrutement ».

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