La milice des Houthis (Ansarallah) épaulée par l’Iran ouvre des camps d’été dans les régions qu’elle contrôle pour recruter de nouveaux combattants, expliquent les observateurs du Yémen, parlant de crimes contre la jeunesse et la société.
Mi-juin, les Houthis ont annoncé l’ouverture de camps d’été dans les provinces d’Ibb, Raymah, Hajjah et Sanaa, malgré le fait que les écoles soient fermées dans le cadre des mesures de distanciation sociale destinées à empêcher la propagation du nouveau coronavirus.
Des responsables houthis locaux se sont rendus dans certaines de ces provinces pour y vérifier le fonctionnement de ces camps d’été et ont invité les parents à y envoyer leurs enfants « pour promouvoir l’unité nationale face à agression de certains États ».
Les Comités de mobilisation des Houthis, dont le but est de soutenir le front avec des fonds, des hommes et des armes, se sont récemment réunis dans les districts de Dhi al-Safal, al-Shaar, al-Sabra et al-Makhader de la province d’Ibb.
Ces rencontres ont décidé d’envoyer des membres des comités, chacun dans son propre district, pour superviser le travail de ces camps d’été et aider à mobiliser plus de combattants sur le front.
Lavage de cerveau des jeunes
L’ouverture de ces camps d’été va à l’encontre de l’approche affichée de distanciation sociale des Houthis et des mesures prises pour fermer les écoles sous le prétexte de traiter la propagation de la pandémie de coronavirus (COVID-19), expliquent les observateurs.
Les Houthis ont ouvert de nombreux camps malgré la fermeture des écoles pour les élèves, a expliqué le politologue yéménite Adel al-Shujaa à Al-Mashareq.
La milice houthie se concentre sur les provinces de Hajjah et d’Ibb « car ce sont les provinces qui alimentent le plus le front en combattants, en particulier avec des écoliers », a-t-il ajouté.
Ces camps d’été « apprennent et produisent l’ignorance », a-t-il poursuivi.
Ils « cherchent à laver le cerveau des jeunes et en font de la chair à canon dans leur guerre destructrice, à renforcer l’ignorance dans notre société et à effacer sa mémoire nationale, pour faire en sorte qu’elle accepte l’ignorance et se batte pour elle comme s’il s’agissait de la vérité », a continué al-Shujaa.
Exploiter la pauvreté
Les camps d'été des Houthis et le recrutement d’enfants pour le front « sont destinés à attiser la flamme de la guerre, et le groupe n’attache que peu d’importance à la crise que connaissent tous les Yéménites par suite du coup d’État qu’ils avaient mené il y a presque six ans, qui avait précipité le Yémen dans un conflit violent », a déclaré l’avocate et militante des droits de l’homme Houda al-Sarari.
« Les Houthis savent qu’ils exploitent l’extrême pauvreté dont souffrent les familles dans les provinces dans lesquelles ils ont installé leurs camps de vacances », a-t-elle expliqué à Al-Mashareq.
Ils « exercent toutes sortes de pressions et de menaces sur les familles pour qu’elles envoient leurs enfants [dans ces camps] pour y recevoir l’idéologie qui servira leurs desseins », a ajouté al-Sarari.
Les Houthis sont indifférents aux souffrances du peuple yéménite, a-t-elle poursuivi.
« Le monde entier souffre de la pandémie du coronavirus, qui a mis à mal les systèmes de santé et les économies des plus grandes puissances, et il a mobilisé l’ensemble de ces forces pour contrer ce virus », a indiqué al-Sarari.
« Mais les Houthis ne se soucient pas de tuer les Yéménites avec le virus parce qu’ils les tuent déjà par différents autres moyens et méthodes », a-t-elle ajouté.
La milice a ignoré les consignes de l’Organisation mondiale de la santé concernant la lutte contre le coronavirus et n’a pas respecté les mesures qu’elle avait elle-même imposées, a expliqué le politologue Faisal Ahmed à Al-Mashareq.
Ces camps d’été sont la preuve que la milice « ne cherche qu’à consolider son pouvoir et son contrôle », a-t-il ajouté, et à mener ses opérations militaires qui menacent la stabilité dans la région et dans le monde.
« Les Houthis reproduisent la pratique iranienne du recrutement d’enfants et de leur utilisation pour poursuivre leur guerre », a-t-il conclu.