Immédiatement après l'explosion mortelle survenue dans le port de Beyrouth le 4 août, la France s'est empressée de mobiliser de l'aide humanitaire d'urgence à grande échelle, en mettant en place un pont aérien et maritime pour transporter plus de 1000 tonnes d'aides diverses.
Dans le même temps, le président français Emmanuel Macron s'est rendu deux fois au Liban et a rapidement mobilisé un soutien international pour ce pays touché par la crise.
« La France a agi dès le lendemain de l'explosion par la mise en place d’un pont aérien et maritime de 8 vols et 2 navires affrétés par le ministère des Armées. Ce pont a permis d’acheminer plus de 1200 tonnes d’aide en nature », a fait savoir l'ambassade de France à Beyrouth à Al-Mashareq.
Cela comprenait « 900 tonnes d'aide alimentaire, 40 tonnes de matériel médical pour faire face aux conséquences de l'explosion et à la pandémie de Covid-19, 64 tonnes de matériaux de reconstruction (verre, aluminium, bois, tuiles, etc.), 8 tonnes de matériel de secours et d’intervention, et 10 véhicules de secours ».
Le pont a également inclus un hélicoptère et un navire affrétés par la compagnie française de transport de conteneurs et de transport maritime CMA CGM qui a acheminé de l'aide fournie par la France, les collectivités territoriales, des organisations non gouvernementales françaises et le secteur privé.
« Opération Amitié »
« Sur le plan humain, 750 militaires ont été déployés dans le cadre de l’opération « Amitié » et travaillent en parfaite coordination avec l’armée libanaise sur place pour le déblaiement d’urgence et la sécurisation de nombreux bâtiments (écoles, hôpitaux, etc.) », a précisé l'ambassade.
Cent quarante techniciens et experts ont également été déployés, parmi lesquels des sauveteurs, des nettoyeurs, des marins, des pompiers, des gendarmes, des officiers de police judiciaire et des psychologues, ainsi que des experts qui aideront à enquêter sur les causes de l'explosion.
« Sur le plan technique, cette coopération se déroule bien et plusieurs échanges ont été organisés entre les services d'enquête libanais et français », a déclaré l'ambassade.
Certains gros travaux de génie civil seront également entamés par les forces françaises, mais finalisés par les Libanais.
L'ambassade de France a ajouté : « Dès les premiers jours, l’Ambassade de France au Liban s’est assurée que cette aide répondait à un double impératif de rapidité et de transparence au bénéfice direct des populations les plus affectées par l’explosion et en partenariat avec la société civile ».
Elle distribue l'aide par l'intermédiaire d'organisations non gouvernementales libanaises, en coopération avec l'armée libanaise qui coordonne l'aide internationale.
Soutien international
La France a organisé et accueilli avec les Nations unies une conférence internationale de soutien pour Beyrouth et le peuple libanais qui s'est tenue le 9 août, et au cours de laquelle les dirigeants mondiaux ont promis plus de 250 millions d'euros (298 millions de dollars) au Liban.
Ces fonds serviront à fournir une aide d'urgence pour la santé, l'éducation, l'alimentation et la réhabilitation urbaine, à soutenir une enquête impartiale, fiable et indépendante, et à appuyer la stratégie de relance économique et financière.
C'est le seul moyen de permettre à la communauté internationale d’agir efficacement aux côtés du Liban pour la reconstruction.
L'aide française et la mobilisation de la communauté internationale par la France pour aider le Liban « ont été rapides et importantes », a déclaré Robin Richa, directeur général d'Arcenciel, une organisation non gouvernementale qui a reçu de l'aide française.
Arcenciel « travaille dans toutes les zones touchées par l'explosion et contribue à la restauration du mobilier dans les maisons endommagées, à la création d'emplois pour les menuisiers et les tapissiers, et au développement de l'artisanat traditionnel ancien », a-t-il indiqué.
Parmi les projets sur lesquels le groupe travaille se trouve l'élaboration d'une brochure sur les maisons du patrimoine « comme référence pour leur restauration, et l'importation d'une machine pour recycler le verre brisé pour l'utiliser dans la construction », a expliqué Richa à Al-Mashareq.
Briser le cordon de l'isolement
L'intérêt de la France pour aider le Liban « émane d'un lien historique et émotionnel qui n'a pas été rompu après 76 ans d'indépendance du Liban », a déclaré l'économiste Violette Ghazal al-Balaa à Al-Mashareq.
Cet engagement a aidé à briser l'isolement international du Liban « à cause du comportement du Hezbollah et des sanctions qui lui sont imposées », a-t-elle indiqué.
« La France cherche à être un sponsor de la relance de l'économie libanaise frappée par la crise en opérant la clef de la relance de l'activité économique et en ressuscitant les portes du Liban pour les échanges commerciaux avec les pays étrangers », a-t-elle poursuivi.
Al-Balaa a noté que « plus de 72 % des importations du Liban passent par le port de Beyrouth, ainsi que plus de 78 % de ses exportations, et le port coordonne son activité avec plus de 300 autres ports dans le monde ».