Éducation

Les éducateurs yéménites s'opposent aux changements du programme scolaire par les Houthis

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des écolières yéménites tiennent des pancartes anti-guerre à Sanaa en novembre 2019. [Mohammed Huweis/AFP]

Des écolières yéménites tiennent des pancartes anti-guerre à Sanaa en novembre 2019. [Mohammed Huweis/AFP]

Suite aux nouveaux changements imposés aux programmes scolaires yéménites par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran, le syndicat yéménite des enseignants a exprimé son objection, affirmant que ces changements transformeraient les écoles en incubateurs du régime iranien, encourageant le sectarisme et la pensée dogmatique.

Yahya al-Yanai, le représentant du syndicat auprès des médias, a déclaré que les modifications que les Houthis apportent au programme pédagogique depuis 2016 serviraient les objectifs du régime iranien et consolideraient sa présence au Yémen à travers l'éducation.

Selon al-Yanai, de tels changements porteraient atteinte à l'identité nationale des Yéménites et auraient un impact négatif sur l'avenir du pays. Il a cité en exemple l'influence de l'Iran sur les programmes scolaires au Liban et en Syrie.

Un protocole d'accord signé en janvier entre les ministères iranien et syrien de l'Éducation a autorisé le premier à superviser la révision des programmes scolaires syriens et à imprimer les manuels syriens en Iran.

L'accord comprenait également des aspects supplémentaires concernant la participation de l'Iran à la formation et à l'instruction des enseignants, à l'administration et à la correction des examens, et au soutien de l'enseignement professionnel.

Certains éducateurs et militants des droits de l'homme estiment qu'une idéologie au service des Houthis modifierait le contenu de l'enseignement et orienterait les élèves vers le sectarisme, ce qui constituerait une menace pour le Yémen et la région dans son ensemble.

L'idéologie houthie en pleine expansion

Abdoul Rahman al-Maqtari, secrétaire général du syndicat des enseignants de la province de Taiz, a déclaré à Al-Mashareq que les conséquences de la modification des programmes pédagogiques en faveur d'une idéologie sectaire sont bien plus dangereuses que celles du contrôle militaire des Houthis.

L'effet de l'éducation sur la prochaine génération se fait sur un plus long terme que le contrôle militaire, a-t-il expliqué.

Dans une précédente déclaration aux médias, al-Maqtari a déclaré que plus de 250 000 élèves inscrits dans des colonies de vacances dans les zones contrôlées par les Houthis apprennent l'idéologie sectaire, notamment la doctrine de Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste), qui appelle à l'allégeance au Guide suprême de l'Iran, Ali Khamenei.

Adel Hussein, directeur d'une école publique de Sanaa, a indiqué à Al-Mashareq que les directeurs d'école, les conseillers d'orientation et les superviseurs de district suivent des cours obligatoires sur l'idéologie des Houthis soutenus par l'Iran afin de pouvoir la transmettre aux élèves.

Hussein a déclaré que les collégiens sont plus influencés par l'idéologie que les autres âges, notant que certains finissent par suivre un entraînement militaire et par rejoindre les combats en première ligne.

La province de Saada et certains districts de la province d'Amran, qui sont pratiquement des incubateurs houthis, adhèrent aux récents changements dans les programmes scolaires, a-t-il fait savoir, ajoutant que leur mise en œuvre s'étend également à d'autres domaines.

Modifications unilatérales aux programmes

Mohammed al-Maqtari, directeur d'une école privée de Sanaa, a condamné les changements unilatéraux des programmes effectués par les Houthis, « alors que la procédure établie a toujours été de faire collaborer tous les éducateurs à tout processus de modification ».

Avant que les Houthis ne prennent le contrôle de certaines régions du Yémen, les conseillers d'orientation, les administrateurs scolaires, les enseignants et les membres des associations de parents d'élèves étaient au courant de tout changement, et ils avaient tous leur mot à dire dans le processus, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Les changements actuels transformeraient les écoles en « incubateurs idéologiques au service du projet houthi soutenu par l'Iran », a-t-il affirmé, et cela toucherait le Yémen et la région.

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