Une photo montrant une route récemment goudronnée, qui serait le point de passage d’al-Zabadani contrôlé par le Hezbollah à la frontière entre le Liban et la Syrie, a circulé sur les réseaux sociaux le 3 juillet.
La photo était accompagnée de l’enregistrement audio d’un militant du Hezbollah expliquant : « Voici al-Zabadani, le passage le plus récent de la frontière entre le Liban et la Syrie ».
Et ce militant d’ajouter : « Ceux qui ont servi dans l’armée en Syrie savent à quoi cette route ressemblait. C'est un message adressé aux ennemis à l’intérieur et à l’extérieur [du Liban, pour leur dire] que des convois circuleront bientôt par ce point de passage ».
Un dissident chiite et ancien activiste du Hezbollah qui a demandé à rester anonyme a indiqué à Al-Mashareq que la route en question se trouve « dans la région de Jinta, qui est entièrement contrôlée par le Hezbollah ».
La zone n'est pas surveillée par les caméras de sécurité installées par les Britanniques le long de la frontière orientale entre le Liban et la Syrie, a-t-il précisé.
Du côté d’al-Zabadani de la frontière libano-syrienne, les passages menant à la région d’al-Shaara comprennent les passages de Massa et de Jinta et sont contrôlés par le Hezbollah, a fait savoir le dissident.
La milice libanaise contrôle strictement Massa, et ne permet à personne d’autre que ses membres les plus influents et les contrebandiers qui détiennent une carte d’identité de passer, a-t-il rapporté à Al Mashareq.
Il en va de même pour Jinta, où l’on raconte que des personnalités influentes proches du Hezbollah mettent en place des usines métallurgiques et des cimenteries qui serviront d’opportunités d’investissement pour la milice.
La visite de McKenzie au Liban « arrive au bon moment et est importante »
La diffusion de cette photo a coïncidé avec les efforts continus des forces armées libanaises pour intensifier les mesures de contrôle de la frontière et lutter contre les activités de contrebande.
Le 12 juillet, l’armée a publié une déclaration annonçant la fermeture d’un passage illégal dans la région d'Harf al-Summaqa-Hermel, utilisé pour la contrebande de marchandises et de voitures volées.
Par ailleurs, le général Kenneth McKenzie, commandant du Commandement central américain (CENTCOM), s’est rendu au Liban le 8 juillet, où il a rencontré le président Michel Aoun, qui l’a assuré des efforts en cours pour contrôler les passages illégaux.
McKenzie a également rencontré le président du parlement Nabih Berri, le Premier ministre Hassan Diab et le chef d’état major de l'armée, le général Joseph Aoun.
Une source proche de l’armée libanaise a fait savoir à Al-Mashareq que l’armée « n’a pas cessé une seule seconde de contrôler les frontières », et qu’elle met en œuvre des mesures encore plus strictes.
Ces mesures, a-t-elle indiqué, comprennent l’arrestation quotidienne des personnes qui traversent illégalement la frontière et la saisie de marchandises de contrebande à destination de la Syrie.
Cette source a déclaré que la visite de McKenzie « arrive au bon moment et est importante pour l’armée libanaise, qui compte sur l’aide américaine ». Elle a ajouté que l’aide « se poursuit, et l’armée en recevra davantage très bientôt ».
« Le Hezbollah continue sa guerre psychologique »
Le général de brigade Khaled Hamade, directeur du Forum régional pour la consultation et les études, a déclaré que le Hezbollah compte sur les passages de Jinta et d’al-Qasr (Hawsh al-Sayyed Ali) comme principaux conduits.
Le Hezbollah utilise ces points de passage pour transférer des équipements, des militants et des armes lourdes, et il a mis en place des camps d’entraînement dans ces zones, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
Le passage de Jinta commence à Nabi Sheath, au sud-est de Baalbek, et passe par la ville de Jinta (à trois kilomètres de la frontière syrienne) et ses régions du Jouroud, a-t-il indiqué.
Il traverse le village d’al-Shaara et descend les montagnes de l’est (montagnes de l’Anti-Liban) jusqu’au territoire syrien vers al-Zabadani. Le passage continue vers l’ouest de Damas, et mène en fin de compte à la ville.
Selon Hamade, le fait de goudronner le passage et de le publier sur les réseaux sociaux ne le rend pas plus important. Le message du Hezbollah est plutôt un exemple de sa guerre psychologique en réponse au Caesar Act et aux condamnations locales et internationales de son implication continue dans la guerre en Syrie.
Le Hezbollah veut dire aux Libanais qu’il n’abandonnera pas ses alliances et continuera à choisir les intérêts du régime iranien plutôt que la stabilité du Liban, a déclaré Hamade.
La visite de McKenzie et sa rencontre avec les commandants militaires ont appuyé les positions prises par d’autres responsables américains, a-t-il poursuivi.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies Kelly Kraft ont exprimé leur soutien au Liban et ont souligné l’importance qu’il y a à empêcher l’Iran de faire main basse sur les ressources du Liban.