Terrorisme

Le Liban renouvelle ses efforts pour bloquer les passages frontaliers illégaux

Nohad Topalian à Beyrouth

Des caméras de sécurité surveillent les alentours d’un poste-frontière entre le Liban et la Syrie. [Photo fournie par la Direction de l’orientation du commandement de l’armée libanaise]

Des caméras de sécurité surveillent les alentours d’un poste-frontière entre le Liban et la Syrie. [Photo fournie par la Direction de l’orientation du commandement de l’armée libanaise]

Les passages illégaux entre le Liban et la Syrie qui facilitent la contrebande d’armes, de combattants et d’autres marchandises à l’entrée et à la sortie du pays sont une source constante de préoccupation pour le Liban, ont fait savoir des sources politiques et militaires.

La plupart de ces passages sont contrôlés par le Hezbollah, ont-ils expliqué à Al-Mashareq, notant que le parti soutenu par l’Iran les a utilisés pour soutenir ses opérations militaires et remplir ses coffres alors que l’économie libanaise s’effondre.

Dans un effort renouvelé pour s’attaquer à ce problème, le Premier ministre Hassan Diab a présenté le 18 mai une stratégie visant à résoudre le problème des passages frontaliers.

Une stratégie globale de contrôle des frontières, mise en œuvre conformément aux exigences de la communauté internationale, devrait suivre.

Le 13 mai, le président Michel Aoun a présidé une session du Conseil suprême de Défense, au cours de laquelle il a été décidé de « formuler un plan global pour la création de postes de surveillance militaire, sécuritaire et douanière ».

Le député libanais Ziad Hawat a tenu une conférence de presse le même jour pour aborder la question de la contrebande aux points de passage illégaux, et a remis le 19 mai un rapport sur la question au procureur de la Cour de cassation.

Les passages illégaux du Hezbollah

« Le fait que les armes du Hezbollah facilitent la mise en œuvre d’un plan iranien qui implique la contrebande vers la Syrie sous blocus international alors que l’économie libanaise paie un lourd tribut, doit finir », a déclaré Hawat.

« Le parti a des passages militaires par lesquels il envoie des armes et des combattants vers la Syrie » et à travers la Syrie vers l’Irak et au-delà, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

L’engagement du Hezbollah dans les conflits régionaux va à l’encontre de la politique de dissociation du Liban, a-t-il déclaré, et est particulièrement problématique à l’heure actuelle en raison de « la gravité des sanctions américaines contre l’Iran et leur impact sur le Liban ».

Le Hezbollah « nous met tous dans une position difficile », a-t-il indiqué.

« Si le Hezbollah veut lutter contre la corruption, il peut aider l’État libanais à fermer les passages, dont la plupart sont sous son contrôle », a déclaré Hawat.

Le problème des passages frontaliers « est un vieux problème » qui n’a jamais été vraiment résolu, a déploré le général de brigade Richard Dagher, officier militaire libanais à la retraite.

Les passages sont grands ouverts pour la contrebande, l’épuisement des ressources économiques du Liban et l’infiltration de groupes armés et de terroristes au Liban depuis la Syrie, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« Depuis quelque temps, nous assistons à une nouvelle phase de répercussions financières et économiques découlant des frontières libres, à cause du refus despotique des partisans de la Syrie de faire fermer et contrôler la frontière », a-t-il expliqué.

« Nous constatons également des changements radicaux avec l’entrée du Hezbollah dans l’arène politique libanaise, sa façon d’intimider l’État et l’extension de son influence en raison de ses liens avec la Syrie », a poursuivi Dagher.

Le Hezbollah veut garder les points de passage ouverts en raison des revenus qu’il en tire, ce qui soutient également le régime syrien, a-t-il indiqué.

« Si le parti et le régime syrien avaient de bonnes intentions, ils auraient mis fin à la contrebande », a-t-il ajouté.

Opérations de contrebande incessantes

Le militant du nord du Liban Majed al-Ahmed, qui utilise un pseudonyme pour des raisons de sécurité, a déclaré que des opérations de contrebande avaient lieu dans les régions d’Hermel, dans le nord de la Bekaa, et de Wadi Khaled, dans l’Akkar.

Elles se déroulent également dans plusieurs villages de l’Akkar, comme al-Jouma et Fnaydeq, jusqu'à Hermel et aux frontières du Nahr al-Kabir (Grand fleuve) qui sépare le Liban et la Syrie.

La plupart des passages illégaux « sont sous le contrôle du Hezbollah et sont utilisés pour la contrebande d'armes légères, de missiles guidées de précision, de carburant, de bétail et de nourriture », a rapporté l’analyste politique Rabih Tlais à Al-Mashareq.

La contrebande introduite au Liban depuis la Syrie concerne des meubles, du tabac, des tapis persans et du fer iranien, et la contrebande qui arrive en Syrie depuis le Liban porte sur des médicaments et des faux dollars, a-t-il fait savoir.

Les passages en question comprennent Jarmash-Qald al-Sabae et Talal Nasirrudine, le passage le plus fréquenté de la région, qui a été fermé le 14 mai, a-t-il déclaré.

Parmi les autres points de passage figurent Martaba, Hawsh al-Sayyed Ali, Khairrudine, Khidr al-Haj Hassan, al-Mushrif et Hajez al-Muhemma, lequel est directement géré par le Hezbollah et ne laisse passer que ceux qui détiennent une carte du parti avec un numéro militaire, a indiqué Tlais.

Les opérations de contrebande sont menées sous la supervision du Hezbollah, du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et des forces iraniennes, a-t-il précisé.

Les revenus générés par la contrebande fournissent au Hezbollah et au régime syrien les fonds dont ils ont besoin pour leur survie et pour financer leurs activités militaires.

Les opérations de contrebande incluent désormais des biens subventionnés par l’État libanais, et privent ainsi le peuple libanais de ces articles, ainsi que le Trésor libanais de recettes douanières, a déclaré l’économiste syrien Mahmoud Moustafa.

Le Hezbollah envoie en contrebande en Syrie de l’essence, du mazout et de la farine, que le parti acquiert à des prix subventionnés, a-t-il indiqué. Il vend ensuite ces articles par un réseau syrien, et les revenus sont partagés entre le groupe et le régime syrien.

Pour l’État libanais, les pertes dues à la contrebande « s’élèvent à pas moins d’un milliard de dollars par an, dont une grande partie termine dans les caisses du Hezbollah », a-t-il conclu.

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