Les nouvelles sanctions américaines contre le régime syrien qui sont entrées en vigueur le 17 juin auront un effet néfaste sur le Liban à moins que le Hezbollah et d’autres factions ne rompent les liens avec le régime syrien, ont déclaré des experts à Al-Mashareq.
Le Caesar Act pénalise les entreprises du monde entier qui traitent avec le régime de Bachar el-Assad et bloque l’assistance américaine à la reconstruction jusqu’à ce que les auteurs d’exactions dans la guerre de Syrie soient traduits en justice.
Les premières désignations faites en vertu du Caesar Act visent 39 personnes physiques et morales, dont el-Assad et sa femme Asma, a rapporté l’AFP.
Le gouvernement libanais a mis en place un comité ministériel pour étudier les répercussions des sanctions sur l’économie, alors que celle-ci est en chute libre.
Et bien que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ait condamné le Caesar Act, nombreux sont les Libanais à l’avoir approuvé avec le hashtag #Ahlan_bil_Caesar (Bienvenue à Caesar) sur Twitter.
« Rompre les liens avec le Hezbollah »
Alain Hakim, responsable des affaires étrangères du parti Kataeb, a déclaré à Al-Mashareq que le Caesar Act « augmentera la pression sur le Liban, et son coût sera très élevé ».
Il aura un impact sur le commerce bilatéral entre le Liban et la Syrie et sur les opérations de contrebande qui passent par environ 142 passages illégaux, privant le Trésor public d’un montant annuel de 350 à 500 millions de dollars, a-t-il déclaré.
« Le gouvernement libanais doit rompre les liens avec le régime d’el-Assad et le Hezbollah au vu des dégâts infligés à l’économie libanaise », a-t-il affirmé, ajoutant que les sanctions auront de graves répercussions sur le Liban.
« Nous refusons de traiter avec le régime syrien actuel et l’économie illégale qui est directement sponsorisée par le Hezbollah, et nous faison savoir ce refus par le biais de manifestations », a-t-il fait savoir.
Les manifestations populaires au Liban portent principalement sur l’état de l’économie et « la cause première de la souffrance des Libanais, à savoir l’existence d’une milice armée illégale qui opère sous la supervision de l’Iran », a indiqué Hakim.
Le Hezbollah ne menace pas seulement l’État, a-t-il ajouté, mais hypothèque également l’aide étrangère que le Liban espère recevoir.
Avec les sanctions imposées au Hezbollah, a-t-il expliqué, le Liban ne peut pas attirer les investissements ou l’aide des pays étrangers ou des institutions financières internationales.
Pression accrue sur le Liban
« Il faudra des semaines avant de pouvoir déterminer quelles seront les répercussions de cette loi sur le régime de Bachar el-Assad et les relations officielles entre le Liban et la Syrie », a déclaré l’ancien député libanais Fares Souaid.
En effet, le Caesar Act s’étend aux « relations commerciales officielles entre les deux pays », a-t-il précisé à Al-Mashareq.
L’'importance de cette loi tient au fait qu’elle change la donne pour ceux qui soutiennent le régime afin de tirer des bénéfices de la reconstruction de la Syrie, a-t-il poursuivi.
Elle renforce les pressions sur le Liban « car certains acteurs continuent à entretenir des liens avec le régime syrien et le Hezbollah, sans se soucier des dégâts que cela entraîne pour l’économie et l’État », a déclaré Souaid.
Si ces acteurs continuaient à maintenir leurs liens avec le régime et le Hezbollah et à ne pas respecter les nouvelles sanctions, « ils seraient soumis à des sanctions et des pressions internationales », a-t-il fait savoir.
« Le rôle du Hezbollah en tant qu’agent de l’Iran en Syrie, ses actions en [Syrie] et son soutien aux infractions aux droits de l’homme par le régime ont nui et continuent de nuire gravement au Liban », a déclaré Souaid.
L’aide étrangère au Liban est en jeu
Le Caesar Act va augmenter la pression sur le Liban à un moment où la Syrie profite de ce pays, avec des accords tels que le contrat électrique mensuel, évalué à 85 millions de dollars, a expliqué le politologue George Chaheen à Al-Mashareq.
« Les acteurs fidèles au régime et au Hezbollah vont-ils se dissocier d’eux pour soulager la situation au Liban, qui est en proie à des difficultés économiques et financières et qui risque de se voir refuser l’aide étrangère ? », s’est-il interrogé.
Les dirigeants libanais alliés au régime syrien sont de plus en plus préoccupés par les sanctions américaines, qui désignent nommément pour la première fois de nombreux responsables, a-t-il indiqué.
Ces inquiétudes sont « sérieuses et dépendront de la rigueur avec laquelle les sanctions seront appliquées », a expliqué Chaheen.
« Dans la pratique, le Caesar Act aura de graves répercussions sur le Liban, qui souffre déjà des sanctions imposées au Hezbollah, lui-même confronté à une crise grave », a-t-il conclu.
Certainement pas.
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