Politique

L’Iran et ses intermédiaires subissent de plus en plus de revers, rapportent des experts

Sina Farhadi

Le député iranien Ahmad Salek Kashani, qui représente Ispahan, a récemment noté le consensus international croissant sur le Hezbollah, une milice libanaise soutenue par l’Iran. [Photo fournie par l’agence de presse officielle du Parlement iranien]

Le député iranien Ahmad Salek Kashani, qui représente Ispahan, a récemment noté le consensus international croissant sur le Hezbollah, une milice libanaise soutenue par l’Iran. [Photo fournie par l’agence de presse officielle du Parlement iranien]

Alors que l’Iran est aux prises avec une crise économique aggravée par les sanctions américaines, sa capacité à aider ses intermédiaires régionaux connaît des revers importants, ont fait savoir des experts.

Dans le même temps, ont-ils noté, l’intermédiaire le plus puissant de l’Iran, le Hezbollah libanais, subit lui-même une pression nationale et internationale croissante, et les intermédiaires de Téhéran en Irak connaissent également des revers.

Cette année, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont pris des mesures punitives supplémentaires contre le Hezbollah, des mesures notées par l’Iran, dont les dirigeants ont exprimé une inquiétude croissante face à la détermination internationale de plus en plus forte contre leur pays.

Dans un récent entretien avec une agence de presse iranienne, le député iranien Ahmad Salek Kashani, qui représente Ispahan, a observé que « ces mesures prises par les pays européens sont un signe pour Téhéran et une pression pour limiter le rôle de l’Iran dans la région ».

Des éléments du Hezbollah libanais en Syrie, sur cette photo non datée publiée par ISNA News.

Des éléments du Hezbollah libanais en Syrie, sur cette photo non datée publiée par ISNA News.

« Quel que soit les désaccords des pays occidentaux sur l’Iran, ils sont assez unanimes pour limiter la puissance de l’Iran en Asie occidentale et au Moyen-Orient », a-t-il poursuivi.

Recul de l’influence en Irak

« L’Iran connaît des revers répétés dans toute la région et perd progressivement tous les acquis obtenus au fil des ans », a rapporté le politologue Karim Samadian à Al-Mashareq.

De la Syrie et du Liban à l’Irak, « les défaites politiques et militaires se suivent comme des dominos, et elles ne semblent pas être sans rapport », a-t-il déclaré.

« Je crois que bien que ces échecs aient commencé sous le commandement de Qassem Soleimani, [...] il ne fait aucun doute que les échecs de l’Iran ont augmenté depuis sa mort, qui a marqué une nouvelle défaite pour l’Iran », a-t-il ajouté.

L’influence politique de l’Iran en Irak a subi des revers, comme en témoigne l’approbation du gouvernement du Premier ministre Moustafa Kadhemi, a noté Samadian.

Suscitant la colère de l’Iran et de ses milices alliées en Irak, Kadhemi a remis le général Abdoul Wahab al-Saadi à la tête du Service anti-terrorisme, après qu’il a été brusquement licencié par le précédent Premier ministre Adel Abdoul Mahdi en septembre.

Al-Saadi est méprisé par la Kataeb Hezbollah et d’autres factions soutenues par l’Iran en Irak.

Échecs militaires en Irak

« Alors que les échecs politiques de l’Iran en Irak ont été scrutés par les médias, les échecs militaires de l’Iran sont moins visibles », a précisé Samadian.

Le commandant de la Force al-Qods du CGRI, Esmail Qaani, « n’a pas l’influence dont se vantait autrefois Soleimani », a-t-il déclaré, notant que lors de sa récente visite en Irak, Qaani n’a pas pu rencontrer le responsable religieux populiste Moqtada al-Sadr.

Il n’a pas non plus rencontré le principal imam chiite d’Irak, Ali al-Sistani.

En plus des problèmes de l’Iran en Irak, les milices irakiennes pro-iraniennes opérant sous les auspices des Forces de mobilisation populaire (FMP) « n’acceptent pas l’autorité de Hadi al-Amiri », a-t-il ajouté.

Al-Amiri, qui dirige l’Organisation Badr, a été nommé pour succéder au chef adjoint des FMP, Abou Mahdi al-Mouhandis, tué avec Soleimani.

Al-Mouhandis avait équilibré le pouvoir entre les milices dans le but de promouvoir l’agenda iranien en Irak, mais avec sa mort, les milices sont maintenant dans la tourmente, a-t-il indiqué.

Le régime iranien est de plus en plus freiné par la « crise financière sans précédent » à laquelle le pays est confronté, en partie à cause des sanctions américaines, qui ont rendu difficile pour l’Iran de payer « les coûts énormes de ses interventions dans la région », a-t-il déclaré.

Défaillances au Liban

Les échecs de l’Iran au Liban, où les manifestations populaires ont fait apparaître des sentiments anti-Hezbollah, sont un autre exemple de ses revers croissants.

Certains manifestants ont appelé au désarmement du Hezbollah, « provoquant une grande inquiétude en Iran, où certains médias officiels tels que l’agence de presse gouvernementale IRNA condamnent ces slogans », a déclaré Samadian.

« Parallèlement, la pression sur le Hezbollah a également augmenté dans le monde entier, signe d’opposition à l’influence de l’Iran », a-t-il ajouté.

Cela est important, car le Hezbollah est considéré comme « la meilleure réussite » de la stratégie iranienne consistant à créer des groupes intermédiaire pour exercer une influence dans la région, qu’il a cherchée à reproduire dans d’autres pays, a-t-il expliqué.

Les échecs du Hezbollah reflètent l’échec du modèle d'influence du régime iranien et mettent à mal des décennies d’expansionnisme.

« La pression exercée par la communauté internationale pour réduire l’influence de l’Iran dans la région a augmenté les pressions sur le Hezbollah », a fait savoir le militant politique Siavash Mirzadeh, qui vit à Téhéran.

Les manifestants scandent des slogans contre la milice dans presque toutes les manifestations libanaises, a-t-il dit à Al-Mashareq, ajoutant que les attaques du Hezbollah contre les manifestants ont affaibli sa position au Liban.

« Il n’y a plus d’argent »

La position du Hezbollah au Liban a été encore affaiblie par son intervention dans le conflit syrien au nom du régime, au mépris de la politique de dissociation du Liban, a déclaré Mirzadeh.

« En tant que groupe d’origine iranienne, le Hezbollah a étendu son influence au Liban pendant des années grâce aux millions de dollars dépensés par l’Iran », a indiqué Mirzadeh.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a admis avoir reçu de l’argent de l’Iran à plusieurs reprises, a-t-il fait savoir, « mais il semblerait qu’il n’y ait maintenant plus d’argent à dépenser ».

La milice libanaise « est au cœur de l’interventionnisme iranien dans la région », a-t-il ajouté. « Si la communauté internationale peut rendre [le Hezbollah] inefficace, cela ouvrira la voie pour contrecarrer les actions déstabilisatrices de l’Iran dans toute la région. »

Les Libanais « voient clairement que les problèmes et les intérêts nationaux du Liban ne sont pas importants pour le Hezbollah, et que ce n’est qu’un groupe obéissant à des ordres étrangers », a déclaré Mirzadeh.

« Le Hezbollah libanais est confronté à un déclin historique, et ce sera la plus grande défaite pour l’Iran », a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500