Politique

Les fonds et l’influence régionale du CGRI diminuent

Sina Farhadi

Des membres du CGRI iranien manifestent à Téhéran le 3 janvier 2020 après la mort du major général Qassem Soleimani, dirigeant du CGRI, lors d’une frappe américaine contre son convoi à l’aéroport international de Bagdad. [Atta Kenare/AFP]

Des membres du CGRI iranien manifestent à Téhéran le 3 janvier 2020 après la mort du major général Qassem Soleimani, dirigeant du CGRI, lors d’une frappe américaine contre son convoi à l’aéroport international de Bagdad. [Atta Kenare/AFP]

L’influence de la République islamique d’Iran dans la région, y compris en Irak et en Syrie, décline rapidement, après une série d’échecs et de défaites attribués à son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Les analystes estiment que le principal facteur à l’origine de ces échecs croissants est la pénurie de liquidités due aux sanctions américaines.

« Le CGRI affirme depuis des années que la présence active de l’Iran dans la région se base sur la religion et l’influence spirituelle du Guide suprême iranien Ali Khamenei », a rapporté le politologue Karim Samadian à Al-Mashareq.

« Le régime a même affirmé une fois que [le président russe Vladimir] Poutine et [le président turc Recep Tayyip] Erdogan sont également influencés par le pouvoir spirituel de Khamenei », a-t-il ajouté.

Parviz Fattah, directeur de la Fondation Mostazafan, en avril 2020. [Photo fournie par Etemad Online]

Parviz Fattah, directeur de la Fondation Mostazafan, en avril 2020. [Photo fournie par Etemad Online]

Les mêmes allégations ont été faites à propos de l’organisation et de la mobilisation des groupes de militants dans la région, a-t-il indiqué. De l’Afghanistan à la Syrie, les groupes paramilitaires alliés à Téhéran ont été qualifiés « d’alliés spirituels et idéologiques ».

Fonds et influence en baisse

Sous le coup de sanctions américaines encore plus strictes et d’une campagne de « pression maximale », l’Iran semble incapable de payer les milices qu’il finance. Des observateurs rapportent que la réduction significative de ses revenus pétroliers a entraîné une diminution inévitable de l’influence régionale de l’Iran.

Le CGRI « connaît en ce moment des difficultés financières et il ne dispose pas de suffisamment d’argent pour remplir les poches des commandants du CGRI et de ses alliés régionaux », a-t-il déclaré.

Samadian a ajouté que la raison de la récente escalade des désaccords et du mécontentement parmi les intermédiaires de l’Iran tient également à la pénurie de fonds, ce qui prouve que l’argent, et non la religion, est en réalité leur « idéologie » depuis le début.

Dans un entretien télévisé en avril, Parviz Fattah, directeur de la Fondation Mostazafan et ancien directeur de la Fondation coopérative du CGRI, a déclaré que le commandant du CGRI de l’époque, Qassem Soleimani, lui avait une fois demandé de l’aide pour payer la milice.

Selon Fattah, Soleimani, qui était confronté à des pénuries budgétaires, avait demandé de l’argent à la fondation pour pouvoir payer les salaires des membres de la milice Fatemiyoun en Syrie (des miliciens afghans soutenus par l’Iran).

Les déclarations de Fattah ont été sévèrement critiquées par les réformistes et les modérés en Iran, bien que ses collègues conservateurs soient restés globalement silencieux. Selon les critiques, Fattah n’aurait pas dû parler des secrets du régime et du manque de fonds du CGRI.

Mentionnant l’entretien donné par Fattah, Samadian a déclaré que « le fait que le CGRI ne soit plus en mesure de payer [suffisamment] ses agents est la cause de leur déclin quotidien dans la région ».

Dépendance financière du Hezbollah envers l’Iran

L’influence financière actuelle de l’Iran dans la région est loin d’être celle d’il y a quinze ans. En juin 2006, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait déclaré qu’il n’était « pas inquiet des sanctions bancaires américaines », car tous les fonds de sa milice « proviennent d’Iran ».

Remerciant Khamenei, il avait déclaré que le Hezbollah recevait « tous ses besoins, de la nourriture et des vêtements aux missiles et roquettes » de Téhéran.

« Pendant plusieurs années, les responsables de la République islamique n’ont jamais caché le fait qu'en les finançant, ils ont pu former des groupes intermédiaires pour étendre leur influence dans la région », a fait savoir Zahra Zanjani, experte politique et ancienne militante étudiante.

Les déclarations de Nasrallah en 2006 « ont suscité une large opposition chez les Iraniens, mais les médias affiliés au CGRI ont défendu les paiements au Hezbollah », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.

Les sanctions affaiblissent le CGRI

À la lumière de sanctions plus sévères, a indiqué Zanjani à Al-Mashareq, « l’argent du peuple iranien ne peut plus être dépensé dans des aventures régionales », ajoutant que « ces dernières années, certains membres du Hezbollah se sont plaints de ne pas être payés régulièrement ».

En juin, le général de brigade Esmail Qaani, nouveau commandant des forces du CGRI qui a succédé à Soleimani, n’aurait ainsi pas été en mesure d’emporter de l’argent liquide en Irak par manque de fonds, a-t-elle ajouté.

Au lieu d’argent, Qaani a distribué des bagues en argent à certains dirigeants de milices affiliées à l’Iran, leur disant que pour l’instant, ils devaient compter sur le gouvernement irakien pour les financer.

Alors que les Iraniens font face à une inflation galopante, au chômage et à d’autres problèmes financiers, leur argent a été dépensé dans l’expansionnisme irrationnel de Khamenei et du CGRI pendant des années, a déclaré Zanjani.

Au fil des ans, le CGRI et Khamenei ont dépensé des milliards de dollars de revenus pétroliers pour créer le chaos et étendre leur influence régionale de type mafieux, a-t-elle indiqué.

« Khamenei n’occupe plus la position qui était la sienne il y a dix ans. Il est maintenant devenu une figure détestée dans toute la région, même chez les chiites irakiens », a conclu Zanjani.

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