Une conférence virtuelle des donateurs pour le Yémen, organisée mardi 2 juin en Arabie saoudite en coopération avec les Nations unies, a permis de récolter environ 1,35 milliard de dollars de promesses de dons pour ce pays troublé.
Le montant récolté représente environ la moitié des 2,41 milliards de dollars qui étaient recherchés pour couvrir l’aide essentielle de juin à décembre.
Les promesses les plus importantes faites lors de la Conférence 2020 des donateurs du Yémen à Riyad sont venues d’Arabie saoudite, d’Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Banque islamique de développement.
L’Arabie saoudite a promis un paquet d’aide de 500 millions de dollars, le Royaume-Uni s’est engagé à apporter un nouveau paquet d’aide de 200 millions, les États-Unis ont indiqué qu’ils apporteraient 225 millions de dollars, tandis que l’Allemagne a annoncé 139,8 millions d’aide, a fait savoir l’AFP.
Pour sa part, la Banque islamique de développement a promis 100 millions d’aide pour le développement du Yémen durant les quatre prochaines années.
Les participants À cette conférence représentaient 66 pays, quinze agences des Nations unies, 42 organisations gouvernementales et non gouvernementales internationales, ainsi que la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge et la Banque islamique de développement.
Le but de cette conférence était d’attirer l’attention du monde sur la crise humanitaire dont souffrent les Yéménites et de récolter des fonds pour répondre à leurs besoins essentiels.
« Une crise humanitaire effroyable »
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, qui a prononcé le discours d’ouverture, a déclaré que le Yémen traverse une crise humanitaire effroyable encore exacerbée par la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19).
Famine et malnutrition menacent au moins quatre millions de Yéménites, a-t-il ajouté, soulignant que la moitié de la population du pays n’a aucun accès à l’eau potable.
Le prince Faisal ben Farhan ben Abdoullah, ministre saoudien des Affaires étrangères, a dénoncé les Houthis (Ansarallah) appuyés par l’Iran pour leurs agissements, qui, a-t-il précisé, incluent l’imposition de tributs aux civils et le pillage de l’aide humanitaire.
Il a cependant souligné la nécessité de trouver une solution pacifique pour mettre un terme à cette crise, et a appelé la communauté internationale à remplir les engagements annoncés l’an dernier.
Abdoullah ben Abdoulaziz Al-Rabiah, superviseur général du Centre d’aide et de soutien humanitaire du Roi Salman (KSRelief), a indiqué que le don de 500 millions de dollars du royaume viendra renforcer différents secteurs, en particulier les initiatives de santé publique.
Le Premier ministre yéménite Moeen Abdoulmalik a souligné les risques auxquels sont exposés les Yéménites par suite de la guerre en cours, de la pandémie de coronavirus et d’autres maladies qui se sont répandues par suite du manque de services sanitaires.
Il a indiqué que les Houthis avaient dérobé 35 milliards de riyals du Yémen (140 millions USD) qui avaient été alloués au paiement des salaires des fonctionnaires gouvernementaux, ajoutant que cela n’avait fait qu’exacerber la crise actuelle.
De plus, a-t-il ajouté, les Houthis n’ont pas répondu aux appels à la coopération pour protéger les populations civiles du coronavirus.
« Engagement en faveur de la transparence »
Lors d’une conférence de presse conduite par les Nations unies à l’issue de la conférence, Al-Mashareq a demandé au superviseur général du KSRelief si des garanties pouvaient être mises en place pour veiller à ce que cette aide ne tombe pas dans les mains des groupes extrémistes ou des Houthis.
« Il n’y a absolument aucune garantie que cela ne se produira pas », a répondu al-Rabiah. « Toutefois, en coopération avec les Nations unies et les pays donateurs, nous mettrons en place des systèmes de surveillance à l’intérieur et à l’extérieur du Yémen. »
Si de nouvelles violations devaient se produire, a-t-il continué, « nous publierons des informations relatives à ces violations pour les porter à l’attention de la communauté internationale et dévoiler les parties qui les commettent ».
« Nous sélectionnerons également avec soin les entités qui seront chargées du processus de donation en privilégiant les agences locales les plus crédibles », a-t-il poursuivi.
« Nous ferons ce qui est en notre pouvoir pour réduire ces violations. »
Le sous-secrétaire général des Nations unies pour les affaires humanitaires Mark Lowcock a déclaré à Al-Mashareq que les Nations unies s’engageaient en faveur de la transparence en publiant les montants promis et les montants effectivement versés.
Bien que certains pays n’aient pas totalement rempli leurs obligations, a-t-il précisé, « je peux affirmer que 90 % des promesses ont déjà été tenues, et que si certains montants ont pris du retard pour nous parvenir, ils finiront par arriver ».
« Cet argent est un investissement dans le travail humanitaire et n’a rien à voir avec des intérêts privés ou politiques, que le sujet concerne le Yémen ou un quelconque autre pays », a-t-il indiqué, soulignant l’engagement des Nations unies à maintenir une assistance sur le long terme.
Des engagements insuffisants
Jan Egeland, directeur du Norwegian Refugee Council, a salué ces promesses de dons, mais a déclaré que le montant récolté « reste inférieur à ce qui est nécessaire pour atténuer les souffrances », a rapporté l’AFP.
« Des millions de Yéménites se trouvent dans la double ligne de mire de la famine et d’une pandémie mondiale », a-t-il ajouté.
Alors que se propage le coronavirus, quelque 5,5 millions de personnes au Yémen risquent de perdre cette année tout accès à la nourriture et à l’eau potable, selon une étude conduite par 24 groupes humanitaires internationaux, notamment Save the Children.
Guterres a poursuivi en indiquant que dans la capitale temporaire du gouvernement, Aden, des rapports indiquent que le taux de mortalité due au COVID-19 est « parmi les plus élevés au monde ».
Lowcock a souligné pour sa part que 180 millions de dollars du financement requis étaient nécessaires pour combattre la rapide propagation de ce virus.
Jens Laerke, du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a mis en garde que les agences humanitaires se dirigent vers « une falaise budgétaire » en raison d’un manque de financement qui menace les programmes essentiels des Nations unies.