Les miliciens houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont commis un crime humanitaire lorsqu'ils ont pillé un grand entrepôt de l'agence alimentaire des Nations unies dans le district d'Aslam de la province de Hajja, déclarent des responsables et des travailleurs humanitaires yéménites.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé le 28 janvier qu'un de ses entrepôts dans une zone contrôlée par les Houthis avait été pillé par des « milices », qui ont mis la main sur plus de 115 000 kilos d'aide.
Un responsable humanitaire, parlant sous condition d'anonymat par crainte de représailles, a fait savoir que des miliciens houthis étaient derrière les pillages, a rapporté l'Associated Press.
Le PAM a partiellement suspendu la distribution d'aide alimentaire au Yémen en juin 2019, après des accusations de « détournement de nourriture » destinée aux civils yéménites.
Les Houthis manipulent la distribution de l'aide alimentaire directement en la vendant sur le marché noir, et indirectement en la détournant vers leur effort de guerre, la distribuant à leurs partisans au lieu des nécessiteux, avait à l'époque expliqué l'organisation.
Les livraisons d'aide ont repris en août après qu'un accord a été signé et que les Houthis ont offert des garanties concernant les bénéficiaires de l'aide, a déclaré l'agence onusienne.
Condamnation générale
Cette dernière infraction des Houthis en matière de distribution d'aide alimentaire a été largement condamnée.
Abdel Raqib Fatah, ministre yéménite de l'Administration locale et président du Higher Relief Committee, a fermement condamné le pillage de l'entrepôt du PAM.
Fatah a exigé que l'ONU et les autres organisations internationales opérant au Yémen centralisent les opérations de secours pour s'assurer que l'aide alimentaire et humanitaire ne soit pas pillée par la milice houthie, a rapporté l'agence de presse officielle yéménite Saba.
Il a appelé Lise Grande, coordinatrice résidente des Nations unies et coordinatrice humanitaire pour le Yémen, à prendre des mesures pour empêcher que ne se répète les pillages de l'aide par les milices.
« Ces événements sont condamnables, d'autant plus qu'ils visent la nourriture pour les pauvres et les nécessiteux, qui le sont devenus à cause des actions de l'Iran et des Houthis contre les institutions de l'État et à leur saisie », a déclaré le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez.
Les Houthis ont l'intention « de vendre [cette aide alimentaire] sur le marché noir et de s'enrichir aux dépens des femmes et des enfants qui ont faim à cause de la guerre provoquée par la milice », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Les Houthis cherchent à accroître la souffrance des citoyens « et à utiliser cela comme moyen de pression pour demander plus d'aide à piller », a-t-il déclaré.
Les houthis volent aux femmes et aux enfants
Mohammed al-Maqrami, responsable des médias de Coalition of Humanitarian Relief, a appelé le PAM à accuser directement les Houthis d'avoir pillé son entrepôt.
« Le PAM aurait dû accuser directement les Houthis d'être derrière cet incident, car l'entrepôt se trouve dans une zone sous leur contrôle, et leurs superviseurs contrôlent la situation sur le terrain », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Le PAM tente d'éviter une confrontation avec les Houthis « afin de poursuivre ses opérations et d'aider les personnes touchées et celles qui ont besoin d'aide », a-t-il précisé.
Le pillage de l'aide alimentaire est « un crime, car cela revient à voler la nourriture des enfants et des femmes, qui sont les segments les plus vulnérables de la société », a déclaré l'économiste Abdoul Aziz Thabet.
Les marchés locaux regorgent de produits alimentaires et d'aide fournie par les organisations onusiennes, et cela est le résultat de la manipulation des Houthis, a-t-il affirmé à Al-Mashareq.
« Le groupe houthi a supprimé le Département de la coopération internationale du ministère du Plan et a créé un conseil supérieur pour gérer et coordonner les affaires humanitaires », a-t-il rapporté.
En réalité, ce conseil supérieur a pour but de « contrôler l'aide alimentaire et le travail des organisations humanitaires en général, y compris en obligeant ces organisations à verser 20 % de cette aide au conseil », a déclaré Thabet.