Santé

La crise du COVID-19 fait vaciller le système de santé au Yémen

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Des agents de sécurité masqués à l’entrée de l’hôpital al-Kubi à Aden le 17 mai, alors que les autorités redoutent que le coronavirus ne se propage librement dans la ville yéménite. [Nabil Hasan/AFP]

Des agents de sécurité masqués à l’entrée de l’hôpital al-Kubi à Aden le 17 mai, alors que les autorités redoutent que le coronavirus ne se propage librement dans la ville yéménite. [Nabil Hasan/AFP]

Le système de santé du Yémen, déjà mis à rude épreuve après cinq ans de guerre, est au bord de l’effondrement alors qu’il subit la pression supplémentaire de la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19), ont averti des responsables yéménites et internationaux.

En plus de ces défis, plusieurs programmes d’aide, dont ceux visant à répondre à la crise du COVID-19, pourraient être réduits dans les semaines à venir à cause du manque de financement, ont averti les Nations unies le 22 mai.

Afin de renforcer le soutien au Yémen, les Nations unies et l’Arabie saoudite organiseront une conférence des bailleurs de fonds mardi 2 juin, a rapporté l’AFP.

« Nous exhortons les bailleurs de fonds à s’engager généreusement, et ceux qui ont promis des dons à payer rapidement, car les activités au Yémen sont gravement, gravement sous-financées », a fait savoir Jens Laerke, un porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Si nous ne recevons pas l’argent nécessaire, les programmes qui maintiennent les gens en vie et qui sont essentiels pour lutter contre le COVID devront cesser », a-t-il déclaré.

Laerke a déclaré que les Nations unies estiment avoir besoin de près de 2 milliards de dollars pour maintenir les programmes essentiels en cours au Yémen pour le reste de l’année. Il a indiqué qu’à ce jour, seuls 677 millions de dollars avaient été versés, contre plus de 4 milliards de dollars en 2019.

« Le Yémen est vraiment au bord du gouffre maintenant. La situation y est extrêmement alarmante », a indiqué Laerke.

Le Yémen a officiellement enregistré 49 décès, mais Médecins sans frontières (MSF) a déclaré le 21 mai qu’au moins 68 patients atteints du virus étaient morts dans ses centres à Aden rien que pendant la première moitié du mois de mai, ce qu’il appelle la « partie émergée de l’iceberg ».

Selon Laerke, les Nations unies « travaillent selon l’hypothèse qu’une transmission communale généralisée est déjà en cours ».

MSF a déclaré que le nombre de patients admis dans son centre de traitement d’Aden, la seule installation dédiée au COVID-19 dans tout le sud du Yémen, « traduit une catastrophe plus large qui se déroule dans la ville ».

« Une véritable catastrophe sanitaire »

Nasser Baum, ministre de la Santé publique et de la Population, a annoncé la réception de 100 lits de soins intensifs fournis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ils seront distribués aux provinces yéménites pour aider à combattre la pandémie, a-t-il précisé.

« Le Programme national d’approvisionnement médical de l’Hadramaout a également reçu le deuxième lot d’aide médicale pour lutter contre le coronavirus, fourni par le Centre d’aide et de secours humanitaire du Roi Salman (KSRelief) », a-t-il déclaré.

Cinq camions transportant l’aide médicale apportée par le Croissant-Rouge des Émirats arabes unis sont arrivés au centre du Programme national d’approvisionnement en médicaments à Aden, a indiqué Baum, précisant que cette aide sera distribuée à toutes les provinces.

Le Yémen vit une véritable catastrophe sanitaire due à la pandémie de coronavirus, a déclaré Eshraq al-Sebai, porte-parole du comité suprême d’urgence du Yémen pour la lutte contre le COVID-19.

« Le manque de matériel de laboratoire pour tester les cas suspects, ainsi que le grand nombre de décès à Aden nous confrontent à une réalité difficile et désastreuse qui menace la vie de nombreux habitants », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.

Elle a appelé les organisations internationales à désigner des hôpitaux et des centres d’isolement pour les patients atteints de coronavirus et à aider le Yémen en fournissant des équipements, notamment des équipements de protection individuelle pour le personnel de santé.

« Ils constituent la première ligne de défense », a déclaré al-Sebai.

Besoin d’un soutien « accéléré »

« Le soutien au Yémen doit être fourni à un rythme accéléré pour éviter que le nombre d’infections ne se multiplie », a expliqué à Al-Mashareq Abdoul Raqeeb al-Haidari, vice-ministre de la Santé.

Des hôpitaux mobiles et la fourniture de matériel de dépistage dans toutes les provinces « révéleront l’étendue de la propagation de la pandémie au Yémen », a-t-il déclaré, soulignant que de nombreux patients meurent sans que la cause du décès soit déterminée.

Abdoul Raqeeb a salué les propositions de l’OMS concernant « le déploiement de navires équipés d’hôpitaux mobiles pour faire face à l’épidémie de coronavirus ».

Aden et le Yémen « ont besoin d’un soutien réel et urgent de la communauté internationale et des organisations des Nations unies pour lutter contre le coronavirus », a déclaré Mohammed Rubeid, directeur général adjoint du Bureau de la santé et de la population à Aden.

Le nombre de victimes se multiplie dans un contexte de grave pénurie de fournitures médicales et de kits de test et de manque de personnel médical, qui craint d’être infecté après que plusieurs d’entre eux ont contracté le virus, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

« Les médecins sont tiraillés entre deux options », a-t-il conclu : « Arrêter de travailler ou continuer à exercer leurs fonctions avec un manque de ressources, notamment en matière d’équipements de protection personnelle ».

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