Le Liban a ordonné jeudi 14 mai la saisie de toutes les marchandises de contrebande à sa frontière avec la Syrie, après une controverse sur la contrebande de carburant, et alors que les deux pays sont confrontés à des crises économiques.
Le Liban est enlisé dans sa pire crise économique depuis des décennies et la pression de l'opinion publique s’est accrue en faveur d’une répression plus sévère de la contrebande, en particulier de carburant et de farine.
Le gouvernement a ordonné jeudi la saisie de « toutes les marchandises entrant ou sortant illégalement du Liban », a déclaré la ministre de l'Information Manal Abdel Samad.
Les véhicules utilisés par les contrebandiers seront confisqués par l’armée et les forces de sécurité intérieure, a-t-elle déclaré.
L’armée affirme avoir saisi environ 215 000 litres de fioul et 71 tonnes de farine à la frontière libano-syrienne entre le 7 et le 14 mai, et arrêté 25 personnes.
Le pays était confronté à une crise politique, l’effondrement de sa devise et un contrôle de facto des capitaux dans les mois précédant un confinement national provoqué par la pandémie de coronavirus.
L’État dépense des milliards de dollars en subventions pour des produits de première nécessité comme le carburant et la farine, mais les contrebandiers les vendent souvent à un prix élevé en Syrie, un pays déchiré par la guerre.
La frontière entre les deux pays a été fermée afin d’arrêter la propagation du nouveau coronavirus.
Mais cette région montagneuse est difficile à contrôler, et la guerre civile syrienne, qui dure depuis neuf ans, a engendré une hausse des activités de contrebande.
L’annonce faite jeudi du Liban est intervenue après que la ministre de la Justice Marie-Claude Najem a ordonné une enquête sur les « opérations de contrebande de grandes quantités de fioul à la frontière ».
Le Liban prêt à faire flotter la livre après l’aide
Vendredi, le ministre des Finances Ghazi Wazni a déclaré que le Liban, dont la monnaie est indexée sur le dollar depuis 23 ans, était prêt à laisser flotter la livre dès lors qu’il obtiendra plusieurs milliards d’aide.
S’adressant à l’AFP après les discussions entamées mercredi avec le Fonds monétaire international sur un plan de sauvetage de l’économie libanaise en chute libre, il a également déclaré qu’une restructuration du secteur bancaire impliquerait une réduction de moitié du nombre de banques dans le pays.
Une crise des devises fortes ces derniers mois a mis à rude épreuve le taux fixe officiel de 1507 livres libanaises pour un dollar, et la livre a perdu plus de la moitié de sa valeur pour s'établir à plus de 4000 livres pour un dollar sur le marché noir.
« Le FMI demande toujours la libération du taux de change de la livre », a déclaré Wazni.
Mais « nous devons changer la politique de stabilisation en faveur d'un taux de change flexible dans un premier temps et pour l’avenir », a-t-il expliqué, en référence à un flottement initial contrôlé.
« Lorsque nous recevrons un soutien financier de l’étranger, nous passerons à la flottaison » en fonction du marché, a-t-il fait savoir.
« Le gouvernement libanais a demandé une période de transition pour passer à un taux de change flexible avant d’arriver à la flottaison », a-t-il ajouté.
Wazni a expliqué que la première phase impliquerait « une augmentation progressive du taux de change par rapport au dollar », en coordination avec la banque centrale.
Il a déclaré que cela était nécessaire, car le gouvernement craint sinon « une énorme détérioration du taux de change de la livre ».
Le Liban, qui a été frappé l'automne dernier par des manifestations sans précédent, a demandé au FMI une aide financière le 1er mai après avoir présenté un plan de sauvetage financier très attendu.
Ce plan a pour ambition de mobiliser des milliards de dollars d’aide, réduire le déficit, restructurer une dette colossale et réorganiser un secteur bancaire surdimensionné.
Wazni a déclaré que la restructuration se ferait « étape par étape ».
« Le Liban compte 49 banques commerciales, et il faudra que ce nombre diminue de moitié au cours de la prochaine étape », a-t-il conclu.
Très, très bien.
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