Droits de l'Homme

Les Houthis du Yémen gracient un bahaï condamné à mort

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Hamed ben Haydara, un bahaï yéménite, avait fait l'objet d'une arrestation arbitraire en décembre 2013 et avait connu depuis un manque de procédure régulière, des mauvais traitements et de la torture. [Photo fournie par Bahai World News Service]

Hamed ben Haydara, un bahaï yéménite, avait fait l'objet d'une arrestation arbitraire en décembre 2013 et avait connu depuis un manque de procédure régulière, des mauvais traitements et de la torture. [Photo fournie par Bahai World News Service]

Le mercredi 25 mars, les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont ordonné la libération de tous les prisonniers bahais et ont gracié Hamed ben Haydara, un prisonnier de conscience de confession bahaï qu'ils avaient condamné à mort.

Cette grâce est arrivée quelques jours seulement après que la cour d'appel de Sanaa, dirigée par les Houthis, a confirmé dimanche la condamnation à mort prononcée contre Haydara en janvier 2018.

Cette grâce et cette libération ont été annoncées par Mahdi al-Mashat, chef du Conseil politique suprême autoproclamé des Houthis, dans un discours télévisé marquant le cinquième anniversaire de la guerre en cours au Yémen.

Des organisations locales et internationales, dont Amnesty International, avaient demandé aux Houthis d'annuler la peine de mort prononcée contre Haydara et de libérer tous les prisonniers bahaïs détenus pour leurs croyances religieuses.

Cette minorité religieuse a fait l'objet d'une persécution systématique sous les Houthis.

Haydara avait été arrêté en décembre 2013 sur son lieu de travail pour des motifs religieux et avait été soumis à la torture et à des mauvais traitements psychologiques. Il s'était vu refuser l'accès à des soins médicaux et des visites, y compris de sa femme et de ses filles.

Amnesty International a déclaré mercredi que durant l'année écoulée, les Houthis avait eu de plus en plus recours à des tribunaux antiterroristes pour régler leurs comptes politiques.

« Les Houthis doivent cesser d'utiliser le système judiciaire pour étouffer la liberté d'expression, d'association et de religion, en prononçant des peines sévères, y compris de mort, à l'issue de procès manifestement inéquitables », a déclaré Amnesty.

Amnesty a documenté le cas de 66 personnes traduites devant le tribunal pénal spécialisé de Sanaa, un tribunal traditionnellement réservé aux affaires liées au terrorisme, entre 2015 et 2020.

« Des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme, des opposants politiques et des membres des minorités religieuses font partie de ceux qui sont soumis à des procès inéquitables sur la base d'accusations fallacieuses ou inventées de toutes pièces par ce tribunal », a fait savoir le groupe de défense des droits.

Une décision saluée par les groupes de défense des droits

La Communauté bahaï internationale (BIC) a salué l'annonce de mercredi et a appelé à sa mise en œuvre immédiate.

« Les six bahaïs devant être libérés, qui avaient été injustement emprisonnés à Sanaa pendant plusieurs années pour leurs croyances religieuses et qui avaient fait l'objet de plusieurs accusations sans fondement, sont Hamed ben Haydara, Waleed Ayyash, Akram Ayyash, Kayvan Ghaderi, Badioullah Sanai et Wael al-Arieghie », a rapporté la BIC.

« L'ordonnance d'aujourd'hui doit conduire à la levée des accusations de 2018 contre un groupe de plus de 20 bahaïs, à la restitution de tous les biens et propriétés appartenant à des bahaïs, et au fonctionnement des institutions bahaïs », a indiqué la BIC dans un communiqué publié mercredi.

« Comme tous les autres citoyens yéménites, les bahaïs doivent être autorisés à pratiquer librement leur foi, conformément aux principes universels de la liberté de religion et de croyance. »

L'organisation d'Initiative yéménite pour la défense des droits des bahaïs a salué la décision de libérer et de gracier Haydara, et a remercié tous ceux qui ont contribué à cette décision.

« Après plus de six ans de détention et de procès, Haydara a été libéré », a déclaré le groupe dans un message sur les réseaux sociaux. « Nous essayons maintenant d'obtenir plus d'informations sur la date et le mécanisme de libération. »

« Nous espérons que ce sera la fin des persécutions contre cette composante de la société yéménite », a-t-il ajouté.

Scepticisme des militants

Le militant des droits de l'homme Hoda al-Sarari a indiqué que la décision était bonne, malgré l'entité qui l'a rendue, soulignant que « ce procès était une farce, et que cette décision est le résultat de pressions des médias ».

Les Houthis essaient de jouer sur les deux tableaux, a déclaré à Al-Mashareq l'avocat et défenseur des droits Abdoul Rahman Barman.

« Suite aux arrestations, à la torture et aux procès injustes, accompagnés d'extorsions, les Houthis ont prononcé une condamnation à mort, puis ont accordé une grâce », a-t-il rapporté.

« La question de la décision de libération et de grâce en ce moment vise à présenter les Houthis sous un jour positif pour gagner les faveurs de la communauté internationale », a-t-il expliqué.

« Mais je pense que tout cela est inutile, car le monde sait déjà que les Houthis sont un groupe armé qui a toujours exploité les tribunaux », a poursuivi Barman.

« Ils ont même créé ce tribunal après qu'il fut aboli par le gouvernement légitime et ont nommé leurs éléments comme juges pour le faire fonctionner », a-t-il déclaré.

« Les Houthis veulent créer une agitation médiatique sur la décision de grâce pour recevoir des éloges de la part d'entités étrangères », a-t-il affirmé, ajoutant que le véritable objectif est l'extorsion.

« Après qu'ils ont prononcé la peine de mort, je m'attendais à ce qu'ils accordent une grâce, soit pour gagner la faveur de la communauté internationale, soit pour extorquer les familles des détenus », a-t-il déclaré.

« Ils pensaient aussi à l'extorsion par le biais d'un échange de prisonniers en menaçant de faire appliquer les condamnations à mort », a-t-il expliqué.

Dans le même temps, dans un message sur les réseaux sociaux, le journaliste Mounir al-Maweri a déclaré que la décision de libération et de grâce des Houthis était le résultat de l'écoute des conseils.

« La libération et le pardon sont une décision sage et prometteuse », a-t-il déclaré. « Cette sagesse doit être louée, car elle a désamorcé les incitations contre notre pays. »

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L'Islam a montré les relations des musulmans entre eux et avec les autres. L’Islam ordonne aux musulmans de ne pas s'allier avec ceux qui ont fait preuve d’inimitié envers l’Islam et de traiter avec justice ceux qui ne font pas preuve d’inimitié envers l’Islam. Dieu Tout-Puissant dit: "Allah ne vous interdit pas à ceux qui ne vous combattent pas à cause de la religion et ne vous expulsent pas de vos maisons - d'être justes envers eux et d'agir avec justice envers eux." Lorsque le Prophète vivait à Médine, il a établi une relation avec les Juifs de la ville et garanti leur liberté de croyance. Cependant, quand ils ont renié leurs promesses et ont montré de l'inimitié envers les musulmans et ses combats contre les Romains et les Perses, il les a retirés. En effet, ils ont repoussé et bloqué ses efforts pour diffuser le message de l'islam, tué des messagers, fait preuve d'hostilité envers l'islam et empêché les gens de se convertir à l'islam. Lorsque les musulmans ont conquis des pays, ils n’ont forcé personne à se convertir à l’islam; au contraire, leurs mœurs et leurs relations ont fait que beaucoup se sont convertis de plein grè à l'islam.

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