Plusieurs mois après que les Houthis (Ansarallah) soutenus par l’Iran ont accepté de libérer le leader bahaï Hamid ben Haydara et d’autres membres de la communauté emprisonnés, aucune mesure effective n’a été prise pour leur libération.
Cela montre que la milice ne respecte pas ses engagements, ont déclaré des observateurs à Al-Mashareq.
Le 25 mars, le dirigeant du soi-disant Conseil politique suprême des Houthis, Mahdi al-Mashat, a annoncé que les Houthis allaient gracier et libérer les prisonniers bahaïs.
La grâce est intervenue quelques jours seulement après que la Cour d’appel de Sanaa, dirigée par les Houthis, a confirmé la condamnation à mort d’Haydara en janvier 2018.
Des organisations locales et internationales, dont Amnesty International, ont appelé les Houthis à annuler la condamnation à mort d’Haydara et à libérer tous les prisonniers bahaïs détenus pour leurs croyances religieuses.
Cette minorité religieuse a fait l’objet de persécutions systématiques sous le règne des Houthis.
Haydara avait été arrêté en décembre 2013 sur son lieu de travail pour des raisons religieuses et a été soumis à des mauvais traitements physiques et psychologiques. Il s’est vu refuser l’accès à des soins médicaux et des visites, y compris de sa femme et de ses filles.
« Des paroles en l’air »
On ne sait pas vraiment pourquoi les Houthis n’ont pas encore libéré Haydara ou les autres bahaïs détenus, plusieurs mois après l’annonce de sa grâce et de sa libération, a indiqué Abdoullah al-Olafi, porte-parole de la communauté bahaï du Yémen.
« Les Houthis temporisent et promettent de les relâcher sans prendre de réelles mesures », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
« Des efforts sont entrepris par des organisations internationales, et des appels sont lancés par plusieurs ministres européens des Affaires étrangères demandant aux Houthis de faire ce qu’ils ont promis », a déclaré al-Olafi.
Mais le maintien en détention des bahaïs, trois mois après l’annulation de leur sentence, montre que la décision de grâce et de libération des Houthis n’était « que des paroles en l’air », a affirmé Mouammar al-Eryani, ministre de l’Information.
« La milice n’honore pas ses engagements », a-t-il indiqué dans une déclaration.
Les Houthis ont enlevé les bahaïs chez eux, les ont soumis aux pires formes de torture psychologique et physique, et les ont condamnés à mort pour leurs croyances religieuses, a-t-il déclaré.
Ces actions constituent des violations flagrantes du droit international et peuvent être qualifiées de crimes contre l’humanité, a-t-il ajouté.
Al-Eryani a appelé la communauté internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies et les groupes de défense des droits de l’homme à adopter une position claire sur la question, à annoncer une condamnation explicite et à mettre un terme à ce type de crimes et d’exactions.
Accords non respectés
« Le non-respect par les Houthis de leurs engagements et la décision de libérer les Bahaïs est typique de leur comportement », a déclaré le vice-ministre des Droits de l’homme Nabil Abdoul Hafeez à Al-Mashareq.
« Les Houthis n’ont pas respecté l’accord du Koweït, l’accord de Stockholm ou tout autre accord, et ils ne le feront jamais », a-t-il poursuivi.
« L’Iran mène un programme régional et utilise les Houthis pour le mettre en œuvre », a-t-il affirmé. « Ils sont très heureux de ce rôle, car ils sont des faiseurs de guerre et veulent continuer à jouer ce rôle. »
Les Houthis acceptent leur rôle d’instrument de l’Iran parce qu’il « remplit leurs comptes bancaires, et ils ont donc le sentiment de ne rien perdre », a expliqué Abdoul Hafeez.
« Les Houthis ne respecteront aucun accord, qu’il concerne l’aspect humanitaire, juridique ou autre », a-t-il ajouté, appelant le Conseil de sécurité des Nations unies à « les forcer à cesser leurs crimes afin de mettre fin à cette tragédie ».
Les procès des Houthis manquent de légitimité
« Les Houthis ont soumis tous ceux qui s’opposent à leurs objectifs à des procès illégaux qui manquent de transparence et de justice », a rapporté l’avocate et militante des droits de l’homme Hoda al-Sarari.
« L’inconstitutionnalité de l’autorité des Houthis fait que ces procès et décisions judiciaires sont invalides, car ils sont émis par une autorité illégale qui ne respecte pas les normes minimales de la justice », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
Le fait que les Houthis n’aient pas respecté la décision de libérer Haydara et d’autres membres de la communauté bahaï confirme qu’ils ne sont « ni sincères ni bien intentionnés dans ce qu’ils annoncent », a indiqué al-Sarari.
Les pressions exercées sur les Houthis par les organisations internationales et la communauté bahaï hors du Yémen « ont obligé les Houthis à rendre la décision de grâce, mais ils sont vite revenus sur leur décision », a-t-elle ajouté.
La façon dont les Houthis traitent les Bahaïs « ressemble à la façon dont l’Iran traite cette même communauté, parce qu’ils ont la même autorité religieuse de référence et les mêmes rituels », a-t-elle déclaré.
« Les Houthis ne sont pas moins criminels que l’Iran à cet égard. »