Diplomatie

Le gouvernement du Yémen fixe les conditions des négociations de paix

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Une photo prise le 11 mai 2019 dans le port de la mer Rouge d'al-Hodeidah montre des véhicules des Nations unies arrivant au port de Saleef. [AFP]

Une photo prise le 11 mai 2019 dans le port de la mer Rouge d'al-Hodeidah montre des véhicules des Nations unies arrivant au port de Saleef. [AFP]

Le gouvernement yéménite déclare qu'il ne s'engagera pas dans un nouveau cycle de négociations avec les Houthis (Ansarallah) tant que l'Accord de Stockholm ne sera pas mis en œuvre et que les milices soutenues par l'Iran ne remettront pas les ports d'al-Hodeidah.

Ces ports servent de passages par lesquels les armes iraniennes ont été livrées aux Houthis, ont fait savoir des responsables yéménites à Al-Mashareq, précisant que cela menace la sécurité régionale et la navigation internationale en mer Rouge.

Ces déclarations du gouvernement ont été faites après que Martin Griffiths, l'envoyé des Nations unies, se fut rendu dans les capitales arabes pour tenter de faire pression sur lui afin qu'il s'engage dans un nouveau cycle de négociations.

Cette nouvelle initiative fait suite à l'accord d'Amman du 16 février entre le gouvernement et les Houthis sur l'échange de prisonniers et de détenus, qui est l'une des dispositions de l'Accord de Stockholm.

Des pêcheurs yéménites amarrent leurs bateaux dans le port de la ville assiégée d'al-Hodeidah sur la mer Rouge le 11 juin 2019. [STR/AFP]

Des pêcheurs yéménites amarrent leurs bateaux dans le port de la ville assiégée d'al-Hodeidah sur la mer Rouge le 11 juin 2019. [STR/AFP]

L'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen Martin Griffiths arrive à l'aéroport international de Sanaa le 16 juillet 2019. [Mohammed Huwais/AFP]

L'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen Martin Griffiths arrive à l'aéroport international de Sanaa le 16 juillet 2019. [Mohammed Huwais/AFP]

Griffiths s'est rendu au Caire pour rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, et plusieurs responsables égyptiens, les exhortant à jouer un rôle de soutien dans ses efforts pour organiser un nouveau cycle de négociations.

Le président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi et tous les responsables gouvernementaux ont souligné « l'importance pour les Houthis de s'engager à mettre en œuvre l'Accord de Stockholm et de rendre le contrôle des trois ports d'al-Hodeidah », a déclaré le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez à Al-Mashareq.

Cela est dû au fait que le contrôle des ports par les Houthis « signifie que la contrebande d'armes iraniennes sophistiquées et modernes vers les Houthis va se poursuivre », a-t-il indiqué.

Ces armes sont utilisées « dans la guerre contre le peuple yéménite », a-t-il ajouté, notant que les mines navales et les bateaux chargés d'explosifs déployés par les Houthis constituent également une menace pour le transport maritime international.

Muammar al-Eryani, ministre de l'Information, a souligné la récente escalade des Houthis suite à la mort en janvier dernier à Bagdad de Qassem Soleimani, commandant de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique.

Il a noté que les forces navales de la coalition arabe avaient, le 23 février, déjoué une tentative d'attentat des Houthis dans le sud de la mer Rouge impliquant un bateau chargé d'explosifs qui avait été lancé depuis al-Hodeidah.

Dans un rapport diffusé par les médias locaux, il a précisé que cette attaque « souligne une fois de plus la menace que représente la présence [des Houthis] dans certaines parties de la bande côtière pour les voies de navigation, le flux du commerce international et la paix et la sécurité mondiales ».

Un canal pour la contrebande d'armes

« La marine américaine a découvert plusieurs cargaisons d'armes destinées aux Houthis via la mer Rouge, dont les plus récentes l'ont été le 25 novembre et le 9 février », a déclaré Abdoul Hafeez.

Ces deux événements « constituent une preuve suffisante que les Nations unies et la communauté internationale devraient utiliser pour faire pression sur les Houthis afin qu'ils appliquent l'Accord de Stockholm », a-t-il déclaré.

Al-Hodeidah est « l'une des sources de pouvoir des Houthis, en termes de revenus que la ville génère pour soutenir l'effort de guerre, et pour son utilisation comme canal pour la contrebande d'armes iraniennes », a expliqué l'analyste politique Faisal Ahmed.

« Si nous voulons que la guerre au Yémen prenne fin et que les Houthis acceptent des négociations de paix équitables qui servent le peuple yéménite, la seule façon d'y parvenir serait qu'ils perdent al-Hodeidah », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Il a décrit al-Hodeidah comme « le poumon qui permet aux [Houthis] de respirer et de continuer à poursuivre le programme iranien visant à miner la stabilité de la région et la navigation internationale".

Dimensions économiques et militaires

Selon les termes de l'Accord de Stockholm, les revenus générés par le port d'al-Hodeidah seront dirigés vers la Banque centrale du Yémen afin de payer les salaires des fonctionnaires dans tout le pays.

« Ainsi, le refus des Houthis de remettre les ports a des dimensions économiques et politiques », a affirmé l'économiste Abdoul Aziz Thabet à Al-Mashareq.

Les Houthis ont détourné les revenus générés par les ports d'al-Hodeidah vers leurs propres coffres, a-t-il indiqué.

Le refus des Houthis a également une dimension militaire, a déclaré Thabet, notant que la coalition arabe a accusé la milice d'utiliser al-Hodeidah comme rampe de lancement pour diriger des tirs de missiles contre l'Arabie saoudite et les navires en mer Rouge.

Thabet a souligné l'importance de la mise en œuvre intégrale de l'Accord de Stockholm, « afin de réduire les sources de la force des Houthis, qui mettent en danger la vie des Yéménites durant cette guerre ».

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