Les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu dans la ville portuaire d'al-Hodeidah, un comportement répété qui a mis la trêve en grand danger, ont déclaré des experts à Al-Mashareq.
Par leurs actions dans cette ville déchirée par la guerre qui sert de point d'entrée et de passage vital pour l'aide humanitaire, les Houthis nuisent aux habitants en mettant en danger leur sécurité, leurs moyens de subsistance et leur accès à l'aide, ont-ils fait savoir.
Au lieu de soutenir le processus de paix, les Houthis essaient de renforcer leur position militaire et de faire avancer le programme du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) au détriment de la stabilité du Yémen, ont-ils ajouté.
Les pourparlers entre les belligérants sous l'égide des Nations unies à Stockholm en décembre dernier ont amené une série d'avancées, dont un cessez-le-feu à al-Hodeidah.
Dans une déclaration du 5 novembre, Abhijit Guha, qui dirige la mission onusienne pour le soutien à l'accord d'al-Hodeidah (UNMHA) et préside le Comité de coordination du redéploiement, a appelé toutes les parties à respecter l'accord de trêve.
Les violations récentes ont eu un effet négatif sur les habitants de la province d'al-Hodeidah et doivent être évitées à tout prix, a-t-il indiqué, exhortant toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute escalade de la situation.
Il a appelé toutes les parties à soutenir les efforts en cours visant à maintenir le cessez-le-feu à al-Hodeidah, à appuyer les missions de contrôle de l'UNMHA et à accorder la liberté de mouvement nécessaire à son personnel.
Postes d'observation en danger
Fin octobre, le gouvernement yéménite et les Houthis ont mis en place cinq postes d'observation du cessez-le-feu conjoints le long des lignes de front, dans le cadre d'actions de désescalade à al-Hodeidah.
L'envoyé des Nations unies Martin Griffiths a salué la création de ces postes d'observation et le déploiement d'officiers de liaison, estimant que cette mesure « renforcerait la désescalade dans les zones sensibles et sauverait des vies ».
À l'époque, Guha a déclaré que ces postes étaient « conçus pour faciliter la désescalade directe entre les parties dans les zones considérées comme pouvant mener à un conflit ».
Mais le 3 novembre, des commandants militaires yéménites ont menacé de fermer les points d'observation pour protester contre les violations commises par les Houthis.
Selon les médias locaux, les Houthis creusent des tunnels pour contourner ces postes d'observation et établissent des postes de contrôle à la périphérie de la ville.
Ils ont creusé 19 tunnels depuis la création des postes d'observation, en violation flagrante de l'accord de Stockholm, selon Waddah al-Dabish, porte-parole militaire des Forces conjointes yéménites de la côte ouest.
Dans un autre exemple d'infraction à l'accord de cessez-le-feu, les gardes-côtes yéménites de la mer Rouge ont saisi fin octobre un bateau à destination des Houthis qui était chargé de matériaux utilisés dans la fabrication d'explosifs.
Et à la mi-septembre, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a indiqué avoir intercepté et détruit un « bateau piégé télécommandé » que les Houthis comptaient utiliser pour un « attentat terroriste dans le sud de la mer Rouge ».
Aggravation d'une crise humanitaire
Pendant ce temps, les Houthis « continuent de terroriser les habitants d'al-Hodeidah », a fait savoir à Al-Mashareq Walid al-Qadimi, gouverneur adjoint d'al-Hodeidah.
La ville subit actuellement une crise humanitaire à cause de l'intimidation des habitants par la milice soutenue par l'Iran et de « la destruction de tous les aspects de la vie normale, y compris les installations, les services, les fermes, les ponts et les routes », a-t-il déclaré.
Les Houthis commettent ces violations « pour limiter les chances de paix et profiter de l'accord de Stockholm pour transformer al-Hodeidah en caserne militaire », a-t-il affirmé.
Pendant ce temps, ils « continuent de bombarder à l'artillerie les zones libérées de la province d'al-Hodeidah », a-t-il ajouté.
Avec ces actions, les Houthis montrent clairement qu'ils « ne cherchent pas la paix, mais plutôt à défendre les intérêts du CGRI, ce qui compromet la sécurité et la stabilité du Yémen et de la région », a déclaré al-Qadimi.
Une menace pour la paix
« Les Houthis ont commis près de 12 000 violations [du cessez-le-feu] depuis la signature de l'accord de Stockholm en décembre 2018 », a fait savoir à Al-Mashareq le chercheur politique Wadih Atta.
Plus de 350 civils ont été tués, et beaucoup d'autres ont été blessés, a-t-il indiqué, prouvant que les Houthis « ne cherchent pas la paix et ont l'intention de continuer à mettre en œuvre le programme iranien et d'aggraver les souffrances des habitants ».
Ces violations peuvent être vues comme une tentative de la part des Houthis d'exercer une pression militaire « afin d'améliorer les dispositions des négociations et prouver leur force en tant que partie militaire, et non en tant que partie souhaitant faire la paix », a-t-il déclaré.
« Les Houthis savent les conséquences de la perte d'al-Hodeidah, qui est d'une importance financière et militaire pour eux, de sorte qu'ils ne vont pas l'abandonner facilement », a-t-il ajouté.
Le port d'al-Hodeidah est devenu un passage entre l'Iran et les Houthis pour l'arrivée d'armes, d'explosifs et de divers types de matériel d'espionnage, a rapporté le politologue Faisal Ahmed à Al-Mashareq.
Par leurs actions, les Houthis ont étouffé les moyens de subsistance de la population locale et menacé la paix dans la ville et le port, qui est un point d'entrée essentiel pour l'aide, a-t-il poursuivi.
Les actions de la milice à al-Hodeidah « ne servent pas le Yémen et sa stabilité, mais plutôt l'agenda iranien sans égard pour les souffrances des Yéménites, qui empirent chaque jour », a conclu Ahmed.