Droits de l'Homme

Un rapport lève le voile sur les milliers d'exactions commises par les Houthis à Sanaa

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un garçon yéménite place une cartouche sur le canon d'un fusil Kalachnikov, un drapeau accroché à sa veste arborant une photo du chef des Houthis, Abdoulmalik al-Houthi, lors d'une réunion tribale à Sanaa le 21 septembre. [Mohamed Huwais/AFP]

Un garçon yéménite place une cartouche sur le canon d'un fusil Kalachnikov, un drapeau accroché à sa veste arborant une photo du chef des Houthis, Abdoulmalik al-Houthi, lors d'une réunion tribale à Sanaa le 21 septembre. [Mohamed Huwais/AFP]

Les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont commis plus de 25 000 violations des droits de l'homme dans le district administratif de Sanaa (Amanat Sanaa) depuis 2017, a révélé le Bureau des droits de l'homme de Sanaa dans un rapport du 9 novembre.

Ces violations comprennent le meurtre, la torture, la détention, le pillage de biens publics et privés et le recrutement d'enfants-soldats pour les faire combattre dans les rangs de la milice.

Fahmi al-Zubairi, directeur général du Bureau des droits de l'homme de Sanaa, a souligné en présentant le rapport qu'il y avait eu 25 714 cas de violations des droits de l'homme.

Les plus graves de ces crimes, quelque 274 cas, impliquaient des assassinats par balle ou sous la torture, a-t-il déclaré.

Sur les 105 cas de blessures causées par la torture, neuf ont causé une paralysie totale et cinq une paralysie partielle, a fait savoir al-Zubairi, ajoutant que la torture avait entraîné une perte de mémoire dans sept cas documentés dans le rapport.

Au total, 13 895 violations ont été commises en 2019, soit 54 % du total sur trois ans, ce qui représente le pourcentage le plus élevé de la période couverte par le rapport, a-t-il précisé.

Selon le rapport, 6496 violations, soit 25 % du nombre total de violations documentées, ont été commises en 2018, et 5350 violations en 2017, soit 21 % du total, a-t-il ajouté.

L'équipe d'observateurs a enregistré 654 cas de torture, dont 551 cas impliquant des hommes, 83 cas impliquant des femmes et 20 cas impliquant des enfants.

Le nombre total d'affaires impliquant des procès politiques s'est élevé à 105, et l'équipe a enregistré une affaire dans laquelle 31 personnes ont été condamnées à mort lors d'une seule séance de procès, a-t-il indiqué.

Les violations les plus nombreuses commises sur la période de trois ans couverte par le rapport concernaient l'emploi, a-t-il fait savoir.

Cela comprenait les abus allant de la réduction des salaires au non-versement des salaires, jusqu'au licenciement et à la nomination de cadres ayant des liens avec les Houthis, a-t-il précisé.

Processus de documentation

« Nous avons des équipes d'observateurs qui travaillent à Sanaa dans des conditions difficiles, pleines de peur et de prudence, pour rechercher les victimes, les rencontrer et les écouter dans le plus grand secret », a rapporté al-Zubairi au sujet du processus de documentation.

Ce processus « se déroule conformément aux normes adoptées au niveau international, aux règles relatives aux droits de l'homme et au droit international », a-t-il expliqué.

« Vient ensuite le processus de sélection et d'examen juridique », a-t-il déclaré, après quoi l'affaire est renvoyée au ministère des Droits de l'homme et à toute organisation internationale compétente.

Le ministère renvoie ensuite des cas individuels au Comité national chargé de l'enquête sur les violations des droits de l'homme, qui les regroupe dans une affaire judiciaire et les renvoie au pouvoir judiciaire, a indiqué al-Zubairi.

« Les milices ont pratiqué toutes sortes de violations politiques, sociales, économiques et culturelles », a indiqué à Al-Mashareq Nabil Abdoul Hafeez, vice-ministre des Droits de l'homme.

Pour la justice

« Le ministère surveille et documente ces crimes, et ceux qui les commettent seront punis, car il n'y a pas de prescription pour de tels crimes », a affirmé Abdoul Hafeez.

Les principes de la justice transitionnelle feront partie de tout accord restaurant la paix au Yémen, a-t-il indiqué.

L'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Berman a déclaré à Al-Mashareq que les exactions commises à Sanaa sont « les plus nombreuses, car c'est la ville d'où les Houthis projettent leur pouvoir ».

La milice a cherché à répandre « la peur et la terreur, a-t-il indiqué, en éliminant leurs opposants et en étendant leur influence au maximum ».

Berman a appelé les organisations internationales à « faire pression sur les Houthis pour qu'ils mettent fin à ces exactions ».

Tous les segments de la société yéménite ont souffert à cause de l'idéologie des Houthis, qui sert leurs propres intérêts et ceux du régime iranien, « sans égard pour les droits et les intérêts des Yéménites », a-t-il affirmé.

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