L'inquiétude grandit en Égypte quant au risque de sécurité que constitue le retour des Égyptiens radicalisés s'étant rendus en Syrie pour y combattre dans les rangs des groupes extrémistes et qui fuient à présent les combats, rapportent des experts à Al-Mashareq.
Les préoccupations se sont renforcées depuis que des enquêtes officielles ont révélé que les deux kamikazes qui ont attaqué les églises de Tanta et d'Alexandrie s'étaient rendus en Syrie pour se battre aux côtés de « l'État islamique » (Daech).
« Le problème des personnes revenant de Syrie n'est pas inquiétant seulement pour l'Égypte », a déclaré le major général Yahya Mohammed Ali, expert en groupes terroristes et officier de l'armée à la retraite. « C'est un problème de sécurité nationale pour de nombreux pays dans le monde qui ont vu des jeunes émigrer vers le prétendu 'État islamique' proclamé par Daech. »
Ce problème ne peut être résolu que par un effort international collectif, l'échange de renseignements étant essentiel pour traquer et arrêter quiconque s'est rendu en Syrie pour combattre avant de décider de revenir.
Les combattants extrémistes recrutés pour combattre en Syrie ont été « transformés en bombes à retardement » et pourraient semer le chaos à leur retour, a-t-il expliqué.
Listes de surveillance et bases de données
L'Égypte a compilé des listes de surveillance contenant les noms de centaines de jeunes hommes s'étant rendus en Syrie pour se battre, a indiqué le lieutenant-colonel Amin al-Zaini, responsable de la police égyptienne attaché à Interpol.
Ces listes comprennent deux groupes de noms, a-t-il précisé à Al-Mashareq – ceux dont on sait qu'ils se sont rendus en Syrie pour combattre, et ceux qui sont soupçonnés d'être partis.
Le nombre précis de ceux qui sont allés en Syrie n'est pas connu, car un grand nombre d'entre eux s'y sont rendus illégalement, a-t-il expliqué, ajoutant que ceux qui en sont revenus présentent le plus grand danger, car il est impossible de savoir où ils se trouvent.
On estime qu'il y a environ 3 000 de ces combattants en Syrie, a-t-il rapporté.
La plupart d'entre eux sont probablement partis en Syrie en 2012 et 2013 et y seraient encore ; leurs noms ont donc été placés sur des listes de surveillance et leurs mouvements sont suivis en coopération avec des pays comme le Liban et la Jordanie.
« Les informations disponibles indiquent que la plupart des Égyptiens ayant rejoint des groupes terroristes en Syrie se trouvent actuellement dans la province d'Idlib, s'étant repliés dans cette région lorsque leurs groupes ont été forcés de se retirer de plusieurs zones », a-t-il fait savoir.
Une base de données très complète contenant des informations génétiques collectées auprès des membres des familles de ceux dont on pense qu'ils se sont rendus en Syrie pour combattre est en train d'être mise en place, a déclaré al-Zaini.
Elle facilitera les opérations de traque et d'arrestation en Égypte, dans toute la région et dans le monde, a-t-il affirmé.
« De plus, un travail est en cours pour développer de nouveaux cadres juridiques et scientifiques sur la façon de gérer les personnes revenant, le déroulement de la procédure d'arrestation et la longueur des peines de prison », a-t-il indiqué.
Responsabilité des personnes revenues
Il existe deux types de personnes revenus de Syrie, a expliqué Rajeh Sabri, de la Direction du conseil religieux du ministère égyptien des Dotations.
Certains « reviennent de leur plein gré pour échapper à l'enfer de la guerre », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, et auront besoin d'aide psychologique et sociale en plus de leur responsabilité légale et juridique à leur retour.
Parmi les autres combattants de retour – la catégorie la plus dangereuse – se trouvent ceux qui sont déterminés à mener des actes terroristes en accord avec les ordres qu'ils ont reçus, comme cela a été le cas avec les terroristes de Tanta et d'Alexandrie, a-t-il précisé.
Ces personnes présentent le danger le plus important, et leur réhabilitation pourrait ne produire aucun effet, a-t-il ajouté.
Sabri a déclaré qu'il était possible de tirer des leçons du programme (de conseil) Munasaha d'Arabie saoudite et de travailler pour le développer et le modifier afin de l'adapter à la société égyptienne, avec la participation de toutes les institutions et agences gouvernementales.
À l'heure actuelle, a-t-il précisé, les détenus sont placés à l'isolement – coupés des autres prisonniers par peur qu'ils répandent leur idéologie extrémiste auprès des autres.
Dieu me suffit et il est le meilleur garant de toutes choses contre tous les traîtres de la religion et de la patrie qui ne connaissent rien de l'Islam!
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