Les autorités yéménites ont indiqué à Al-Mashareq qu'il y avait eu une augmentation notable au cours des derniers mois de la quantité de drogue passée en contrebande dans les régions du pays contrôlées par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran.
Elles attribuent cette augmentation du trafic au moins en partie à la nécessité pour les Houthis de trouver de nouvelles sources de revenus, car l'Iran réduit son soutien à ses intermédiaires sous la pression des sanctions.
Selon les responsables de la sécurité d'Aden, les autorités judiciaires d'Aden ont détruit le 28 octobre 250 kilos de cocaïne découverts dans le port d'Aden.
Le 23 octobre, les forces de la coalition arabe ont intercepté une demi-tonne de drogue trouvée cachée dans une cargaison de sucre qui faisait partie de 15 cargaisons provenant du Brésil.
Le transfert de cette cargaison, facilité par le Hezbollah libanais, était destiné aux Houthis, a précisé la coalition arabe.
Le gouverneur d'Aden, Ahmed Lamlas, a souligné la nécessité pour les forces de sécurité de rester vigilantes pour « lutter contre les activités criminelles, y compris le trafic de drogue ».
Le commerce illégal de drogue « entraîne des dégâts sociaux et économiques », a-t-il affirmé.
En janvier, le tribunal pénal spécialisé de la province de Marib a détruit 3 343 kilos de haschisch, d'une valeur marchande d'environ 9 millions de dollars.
Selon le responsable judiciaire Jamal Omair, les forces de sécurité ont saisi ce haschisch à Marib dans les derniers mois de 2019, ont rapporté les médias locaux.
À l'époque, le directeur du département des enquêtes criminelles de Marib avait déclaré que 64 affaires de drogue avaient été transmises au tribunal pénal spécialisé au cours de l'année écoulée.
Nabil Abdoul Hafeez, ministre adjoint des Droits de l'homme, a déclaré à Al-Mashareq que les Houthis sont responsables de l'augmentation de la quantité de drogue entrant au Yémen.
La milice s'est engagée dans le trafic de drogue pour financer ses activités, a-t-il expliqué. Mais ses combattants les utilisent aussi pour améliorer leurs performances sur le champ de bataille.
De la drogue contre des armes et de l'argent
Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui soutient les Houthis, est depuis longtemps accusé d'aider la milice yéménite dans le trafic de drogue.
« Les milices affiliées au CGRI utilisent la drogue comme monnaie d'échange pour obtenir des armes et de l'argent », a fait savoir l'analyste politique Adel al-Shujaa à Al-Mashareq.
« La vente de drogue est également une pratique courante du Hezbollah libanais, dont les membres ont planté du haschisch et aident maintenant à former les Houthis », a-t-il ajouté.
Le Hezbollah a un long passé dans le trafic de drogue. Celui-ci trouve ses racines dans la vallée de la Bekaa au Liban, une région rurale isolée où la culture du haschisch et de l'opium est florissante.
Le Hezbollah a profité de cette situation et s'est ensuite étendu à d'autres marchés de la drogue. Il a maintenant la réputation d'être l'un des plus grands acteurs du trafic et des réseaux de drogue dans la région et dans le monde entier.
Selon Al-Shujaa, les Houthis suivent la même voie, poussés à trouver de nouvelles sources de revenus par l'incapacité du CGRI à leur fournir des fonds, compte tenu des sanctions américaines contre l'Iran dans le cadre de leur « campagne de pression maximale ».
L'économiste Abdoul Aziz Thabet a déclaré à Al-Mashareq que les Houthis ont récemment augmenté la quantité de drogue qu'ils font passer en contrebande au Yémen afin de financer leurs activités, puisque l'Iran ne peut plus les soutenir au même niveau qu'avant.
Il a conclu en expliquant que les Houthis utilisent le Yémen comme « zone de transit » pour faire passer la drogue vers des marchés plus prospères.