La Saudi Aramco a déclaré mardi 24 novembre qu'une frappe des Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran contre son installation pétrolière de Djeddah a provoqué un trou dans un réservoir de pétrole, déclenchant une explosion et un incendie qui a rapidement été maîtrisé.
Les Houthis ont tiré un missile sur cette installation pétrolière de Djeddah lundi, provoquant une explosion et un incendie dans un réservoir de carburant, ont fait savoir des responsables.
Les Houthis ont revendiqué l'attaque, indiquant qu'ils avaient tiré un missile Quds-2 sur l'installation de distribution de pétrole.
« Une explosion a eu lieu suite à une attaque terroriste avec un projectile, provoquant un incendie dans un réservoir de carburant au terminal de distribution de produits pétroliers au nord de Djeddah », a indiqué le ministère saoudien de l'Énergie dans un communiqué.
Des équipes de pompiers ont éteint l'incendie et il n'y a eu aucune victime, a-t-il précisé, ajoutant que les livraisons de carburant d'Aramco n'ont pas été affectées par cet acte de « terrorisme et de sabotage ».
La coalition arabe a noté que l'attaque « ne visait pas les capacités nationales du royaume, mais plutôt le nerf de l'économie mondiale et ses approvisionnements ainsi que la sécurité énergétique mondiale ».
TankerTrackers, un site web de suivi du transport pétrolier, a repris des photos satellites de Planet Labs montrant qu'un réservoir de stockage de carburant à l'usine de vrac du nord de Djeddah avait été « frappé et rapidement éteint ».
Le toit du réservoir a subi des « dégâts importants », avec un trou de deux mètres de diamètre, a rapporté Abdoullah al-Ghamdi, directeur de l'usine de vrac du nord de Djeddah. « C'était un gros incendie et une grosse explosion, mais il a été maîtrisé. »
Le directeur a indiqué que la distribution partant de l'usine, qui fournit des produits raffinés, y compris du kérosène à l'ouest du pays, a été rétablie en trois heures, même si le réservoir endommagé (un sur treize) est resté hors service.
« L'incendie a été maîtrisé en très peu de temps, il n'a fallu qu'environ 40 minutes pour éteindre un incendie majeur dans un grand réservoir comme celui-ci », a-t-il déclaré.
Condamnation internationale
Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a condamné cette attaque, la qualifiant « d'acte de terrorisme » dans une déclaration publiée par la Saudi Press Agency.
Le président du parlement arabe, Adel Abdourrahman al-Assoumi, l'a également dénoncée, la décrivant comme « faisant partie d'un plan visant à cibler les installations vitales et économiques et à affecter l'approvisionnement en énergie et les prix du pétrole sur le marché mondial ».
Nayef Falah M. al-Hajraf, secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a déclaré que « ces attaques terroristes répétées et délibérées » ne visent pas seulement la sécurité du royaume, « mais également la sécurité et la stabilité de la région du Golfe dans son ensemble ».
Les attaques de cette nature « constituent une violation flagrante des lois et des normes internationales, qui interdisent de prendre pour cible des civils et des biens civils », a-t-il affirmé.
Le secrétariat général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) a également condamné l'attaque et a réaffirmé sa solidarité envers l'Arabie saoudite.
Les Nations unies ont dans le même temps exprimé leur inquiétude concernant l'attaque d'une cible civile, qui selon elles viole le droit international.
Elles ont appelé « tous les acteurs à faire preuve d'un maximum de retenue et à démontrer un engagement sérieux pour le processus politique facilité par les Nations unies ».
Le Koweït, la Jordanie, l'Égypte et les Émirats arabes unis sont quelques-uns parmi les États arabes à avoir publié une déclaration exprimant leur solidarité avec l'Arabie saoudite.
James Cleverly, ministre d'État britannique pour le Moyen-Orient, a condamné cette attaque, déclarant qu'elle menaçait de faire dérailler les efforts visant à mettre fin à la guerre qui a dévasté le Yémen.
« La seule façon de mettre fin à la terrible crise humanitaire du Yémen est que les belligérants cessent leurs hostilités et se mettent autour de la table des négociations », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.
« La résilience prévaudra »
L'Arabie saoudite a été la cible de dizaines d'attaques par des missiles balistiques et des drones depuis le début de l'année dernière, dont une frappe dévastatrice et sans précédent contre des installations d'Aramco dans l'est du pays.
Les États-Unis et l'Arabie saoudite ont tenu l'Iran pour responsable de cette attaque.
En début de mois, un incendie s'était déclaré dans un terminal pétrolier saoudien au large des côtes après que deux bateaux chargés d'explosifs lancés par les Houthis (Ansarallah) eurent été interceptés par les troupes de la coalition arabe.
Al-Ghamdi a comparé l'incident de lundi à l'attaque de septembre 2019 contre l'usine de traitement d'Abqaiq et le champ pétrolifère de Khurais, qui avait temporairement réduit de moitié la production de brut du royaume et avait provoqué des turbulences sur les marchés mondiaux de l'énergie.
« Ce qui s'est passé hier est une autre attaque hostile, similaire à ce qui s'était produit à Khurais et Abqaiq », a-t-il affirmé.
« Toutefois, elle ne fera que démontrer que la résilience d'Aramco à une telle attaque hostile prévaudra, et prouvera la fiabilité de notre approvisionnement énergétique » à l'intérieur et à l'extérieur du royaume, a-t-il ajouté.
Les attaques aériennes des Houthis avaient jusqu'ici principalement visé les provinces du sud le long de leur frontière commune. Or, Djeddah se trouve à quelque 600 kilomètres de la frontière.
Pour Moammar al-Eryani, ministre yéménite de l'Information, le ciblage d'Aramco est un « véritable crime de guerre » qui touche non seulement l'Arabie saoudite, mais aussi la sécurité énergétique et l'économie mondiale.