Le Président libanais Michel Aoun ne signera pas de décrets destituant trois hauts responsables mis en cause dans une enquête sur l'explosion du 4 août du port de Beyrouth sans un vote officiel du gouvernement, a annoncé son bureau lundi 5 octobre.
Le directeur du transport terrestre et maritime, Abdel Hafiz Kaissi, le directeur-général du port Hassan Koraytem et ledirecteur des douanes Badri Daher, qui est proche du président, sont en détention suite à l'explosion qui a tué plus de 190 personnes et blessé au moins 6.500 autres.
Mais le président ne signera pas un décret les démettant de leurs fonctions sans une décision officielle du gouvernement approuvée par la majorité des ministres, a indiqué son bureau dans un communiqué publié sur Twitter.
L'ancien ministre de la Justice Ibrahim Najjar a affirmé à l'AFP que la décision du président « va être très mal perçue par l’opinion publique et va prendre l’allure d’une rebuffade » qui est destinée à protéger les suspects.
Daher a manqué d'agir
L'enquête a montré jusqu'à présent que la plus grande responsabilité incombe à Daher concernant un stock de fertilisant de nitrate d'ammonium qui a pris feu selon les autorités et causé l'explosion du port, a indiqué une source judiciaire.
Daher était au courant que la substance chimique était stockée dans un entrepôt au port pendant des années et est à blâmer pour sa réticence à s'en débarrasser, selon les enquêtes, a ajouté la source.
L'enquête a démontré aussi que Daher savait qu'une partie du fertilisant avait été retirée de l’entrepôt du port avant l'explosion, a indiqué la source, sans préciser les volumes retirés ou la partie responsable de cette évacuation.
Un décret de destitution signé par le président, le premier ministre et les ministres concernés, est souvent suffisant pour qu'un responsable soit démis de ses fonctions.
Le premier ministre sortant Hassan Diab, le ministre des finances par intérim Ghazi Wazni et le ministre des travaux publics par intérim Michael Najjar ont déjà approuvé les décrets, a affirmé une source judiciaire à l'AFP.
C'est la deuxième fois que Aoun refuse de signer un décret destituant Daher depuis le début de l'enquête au lendemain de l'explosion.
Deux mois après l'explosion du port qui a ravagé Beyrouth, l'enquête n'a pas encore rendu public ses conclusions.
L'enquête sur l'explosion a entraîné jusqu'à présent l'arrestation d'au moins 25 personnes, Daher et Koraytem étant les plus proéminentes parmi eux.
Même si aucun responsable au gouvernement ou au parlement n'est actuellement détenu, plusieurs ont été appelés pour témoigner, y compris Diab lui-même.