Environnement

Les pompiers libanais éteignent l’incendie dans le port de Beyrouth

Tamer Abou Zaid à Beyrouth

Un hélicoptère de l’armée libanaise déverse de l’eau sur un important incendie survenu dans le port de Beyrouth le 10 septembre. [Patrick Baz/AFP]

Un hélicoptère de l’armée libanaise déverse de l’eau sur un important incendie survenu dans le port de Beyrouth le 10 septembre. [Patrick Baz/AFP]

Vendredi 11 septembre, les pompiers libanais ont réussi à éteindre un énorme incendie dans le port de Beyrouth qui avait éclaté jeudi dans un entrepôt contenant de l’aide alimentaire.

Les causes de cet incendie, qui a éclaté après un autre plus petit survenu dans le port il y a quelques jours et dont l’armée explique qu’il était dû à un mélange de déchets, de bois et de vieux pneus, sont pour l’heure méconnues, a rapporté l’AFP.

Le président Michel Aoun a indiqué que l’incendie de jeudi pourrait avoir été « un acte de sabotage intentionnel, le résultat d’une erreur technique, d’une ignorance et d’une négligence ».

« Dans tous les cas, la cause doit en être connue dès que possible et les responsables doivent rendre des comptes », a-t-il déclaré.

Des pompiers libanais tentent d’éteindre l’incendie qui a éclaté dans la zone portuaire de Beyrouth le 10 septembre. [Anouar Amro/AFP]

Des pompiers libanais tentent d’éteindre l’incendie qui a éclaté dans la zone portuaire de Beyrouth le 10 septembre. [Anouar Amro/AFP]

Pour sa part, Greenpeace a mis en garde les habitants de Beyrouth de se protéger contre les fumées « toxiques » provoquées par l’incendie, survenu moins de 40 jours après l’explosion massive qui avait dévasté le port de Beyrouth.

Des volutes de fumée noire très dense ont obscurci le ciel de Beyrouth pendant des heures avant que des pompiers et des unités de la défense civile, soutenus par un hélicoptère de l’armée libanaise, réussissent à éteindre le brasier.

Cet incendie a détruit un entrepôt contenant des huiles de cuisson, des pneus et des parfums et a suscité la panique par crainte d’une répétition de l’explosion du 4 août.

Les ouvriers du port ont évacué la zone, les habitants se sont précipités hors de Gemmayzeh et Mar Mikhael, et les employés ont quitté leurs bureaux dans le centre de Beyrouth et au voisinage du port.

« Un nouveau coup pour tous les Libanais »

Selon l’armée libanaise, le feu se serait déclaré dans un entrepôt contenant des huiles et des pneus dans la zone franche du port de Beyrouth.

Pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), cet entrepôt contenait de l’aide alimentaire, des milliers de paquets alimentaires et « 0,5 million de litres d’huile ».

« Les premières informations indiquent que le feu a débuté lorsqu’un ouvrier a utilisé un outil dans un magasin de réparation qui a provoqué des étincelles et déclenché un incendie », a déclaré le ministre des Transports et des Travaux publics dans le gouvernement sortant Michel Najjar.

Une réunion du Conseil suprême de défense convoquée par Aoun s’est conclue par la mise en place d’une commission présidée par le ministre des Transports et des Travaux publics, avec des représentants des agences de sécurité et de la société du port.

L’objectif est de mettre en place un nouveau système de travail dans les ports maritimes et l’aéroport qui sécurisera la sécurité publique et évitera des catastrophes potentielles pouvant survenir par suite du stockage de marchandises.

« Ce qui s’est produit dans le port aujourd’hui, quelles qu’en soient les causes, est un nouveau coup porté à tous les Libanais, une négligence majeure et une insulte à l’État et à la société », a déclaré le Premier ministre par intérim Hassan Diab à l’ouverture de cette réunion.

« L’enquête devra être rapide afin que les responsables soient identifiés », a ajouté Diab. « Des réponses claires devront être apportées aux questions que se pose la population. »

Dans un post sur les médias sociaux, l’ancien Premier ministre Saad al-Hariri a appelé à « une enquête transparente au plus haut niveau », expliquant que cet incendie avait « rallumé la douleur de la catastrophe du 4 août ».

« Beyrouth suffoque sous la fumée de la négligence et du sentiment de l’absence de l’État », a-t-il ajouté. « Les responsables doivent être identifiés, les mesures de sécurité doivent être revues et ces catastrophes récurrentes doivent être évitées. »

Colère contre « une négligence persistante »

« L’image du port aujourd’hui est le reflet de l’autorité », a expliqué le politologue Bechara Khairallah à Al-Mashareq.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est totalement rejeté ; il est illogique et inacceptable qu’une telle catastrophe puisse se produire à deux reprises en l’espace d’un mois sous les yeux de toutes les agences de sécurité », a-t-il déclaré.

« Comment ces matières peuvent-elles s’enflammer sans une cause et un auteur ? Et comment des erreurs d’une telle ampleur peuvent-elles se produire si facilement et si légèrement ? », s’est-il interrogé.

« C’est un mépris absolu de la sécurité du peuple libanais », a-t-il ajouté.

Des activistes ont utilisé les médias sociaux pour condamner la négligence persistante des agences de l’État, certains exprimant l’opinion que cet incendie prouve, s’il en était besoin, que la classe politique a brûlé ses dernières cartes.

Le Liban a lancé une enquête sur l’explosion du 4 août et a arrêté à ce stade 25 suspects, parmi lesquels de hauts responsables du port et des Douanes, ainsi que des ouvriers syriens qui auraient effectué des travaux de soudure quelques heures avant l’explosion.

Jeudi, le principal magistrat chargé de l’enquête a entendu les témoignages de Najjar et du directeur de l’agence de sécurité de l’État Tony Saliba, a indiqué l’Agence nationale d’information.

Le Liban a rejeté une enquête internationale sur cette explosion, mais son enquête est assistée par des experts étrangers, notamment américains et français.

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