Criminalité et Justice

Beyrouth identifie les victimes et nomme un juge pour conduire les investigations

AFP et Al-Mashareq

Des pompiers portent le 12 août le cercueil de leur collègue Joe Noun, tué dans la grande explosion de Beyrouth, lors de ses funérailles à la caserne des pompiers du quartier de Karantina, près du port. [Anwar Amro/AFP]

Des pompiers portent le 12 août le cercueil de leur collègue Joe Noun, tué dans la grande explosion de Beyrouth, lors de ses funérailles à la caserne des pompiers du quartier de Karantina, près du port. [Anwar Amro/AFP]

Dix jours après l’explosion mortelle de Beyrouth, les secours ont récupéré les restes des pompiers tués dans la lutte contre l’incendie initial qui aurait déclenché l’explosion dans le port, et les autorités ont nommé un juge respecté pour mener l’enquête.

Les parents de trois pompiers d’une même famille ont été informés que les restes de deux d’entre avaient été identifiés grâce à une analyse ADN.

« Je n’ai pas de mots pour décrire le feu qui nous consume. Imaginez d’en arriver au point d’être heureux d’avoir retrouvé les restes de deux des vôtres », a déclaré Antonella Hitti sur Facebook, après avoir appris que les restes de son frère Najib, 27 ans, et de son cousin Charbel, 22 ans, avaient été identifiés.

« Nous n’organiserons pas de funérailles avant de retrouver Charbel Karam », le troisième pompier disparu de la famille, a déclaré à l’AFP Mayane Nassif, un proche.

Les restes de sept des dix pompiers qui avaient répondu au premier incendie ont été retrouvés.

Jeudi, les secouristes ont également trouvé le corps d’un jeune homme au volant de sa voiture qui avait été projeté en mer par l’explosion.

La colère du public face à la négligence qui a permis de laisser des matières dangereuses dans un entrepôt au cœur de la capitale malgré des avertissements répétés a relancé un mouvement de protestation qui s’était en grande partie atténué avec la pandémie de coronavirus.

Face aux demandes de démission de son gouvernement, le Premier ministre Hassan Diab a quitté ses fonctions lundi.

Son successeur doit être nommé par le président Michel Aoun, qui est soumis aux critiques croissantes des manifestants, à cause de consultations avec les blocs parlementaires représentant des partis politiques libanais établis de longue date, ceux-là mêmes que les manifestants veulent voir disparaître.

Un juge indépendant pour mener l’enquête

Les autorités libanaises ont nommé le juge Fadi Sawan, connu, selon des sources judiciaires, pour son indépendance et son intégrité, pour mener les enquêtes sur l’explosion.

Mais il n’interrogera pas lui-même les ministres actuels et anciens sur le nitrate d’ammonium qui était stocké dans le port.

Ils seront plutôt dirigés vers un organe judiciaire spécial spécialisé dans les interrogatoires des fonctionnaires du gouvernement.

L’envoyé américain David Hale, arrivé jeudi à Beyrouth pour une visite de trois jours, a annoncé que le Federal Bureau of Investigations (FBI) américain se joindra à l’enquête « à l’invitation » des autorités libanaises.

« Le FBI se joindra bientôt aux enquêteurs libanais et internationaux, à l’invitation des Libanais, afin d’aider à répondre aux questions que je sais que tout le monde se pose sur les circonstances qui ont conduit à cette explosion », a-t-il déclaré.

Les appels se sont multipliés au Liban en faveur d’une enquête internationale et indépendante, une option qu’Aoun avait jusqu’à présent écartée.

Des enquêteurs français et étrangers avaient déjà travaillé sur le site de l’explosion, mais leurs conclusions ont été supervisées de manière centralisée par l’échelon de sécurité le plus élevé de l’État libanais.

Hale, qui a rencontré Aoun vendredi, a appelé à la formation d’un gouvernement « qui reflète et réponde à la volonté du peuple et s’engage et agisse véritablement pour un changement réel ».

La France, dont la ministre des Armées Florence Parly a également rencontré Aoun vendredi, s’est faite l’écho de ces appels.

Parly supervisera plus tard la distribution de l’aide du porte-hélicoptère Tonnerre, qui a accosté à Beyrouth avec de la nourriture et des matériaux de construction.

Dans le même temps, l’administrateur par intérim de l’USAID, John Barsa, a déclaré jeudi que son organisation « augmentera son soutien financier aux groupes de la société civile au Liban de 30 %, atteignant 6627 millions de dollars ».

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