Le Premier ministre libanais désigné a entamé mercredi 2 septembre des discussions sur la formation d’un gouvernement de crise dans un délai de deux semaines pour commencer à mettre en œuvre les réformes dont le pays a désespérément besoin.
La formation du gouvernement est généralement un processus long dans un Liban multiconfessionnel, où un système politique complexe cherche à partager le pouvoir entre les différents groupes religieux.
Mais une explosion traumatisante dans le port de Beyrouth survenue le mois dernier a créé une pression intense pour des réformes rapides afin de sortir le pays de la pire crise économique qu’il a vécue depuis des décennies.
Le dernier gouvernement, au pouvoir depuis seulement le début de l’année, a démissionné suite à l’explosion du 4 août qui a tué au moins 188 personnes, blessé des milliers d’autres et dévasté des quartiers entiers de la capitale.
Alors que le temps presse, le Premier ministre désigné Moustapha Adib devait rencontrer le président du parlement, d’anciens Premiers ministres et des représentants des blocs parlementaires.
Les législateurs libanais se sont empressés d’approuver la nomination du diplomate peu connu de 48 ans lundi, à la veille d’une visite de haut niveau du président français Emmanuel Macron .
En visite pour marquer le centenaire de l’ancien protectorat français, Macron a déclaré mardi que toutes les parties s’étaient engagées à aider Adib à former un gouvernement sous deux semaines.
Il a promis d’accueillir deux conférences à Paris dans la seconde moitié du mois d’octobre, l’une pour aider à mobiliser l’aide, l’autre pour discuter des réformes politiques.
Et il a ajouté qu’il serait de retour au Liban en décembre pour un rapport de progression.
Le secrétaire d’État adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, David Schenker, devait se rendre au Liban mercredi pour « exhorter les dirigeants libanais à mettre en œuvre des réformes qui répondent au désir du peuple libanais de transparence, de responsabilité et d’un gouvernement exempt de corruption », a fait savoir l’ambassade.
Rencontre avec le Hezbollah
Macron a rencontré mardi de hauts responsables politiques libanais, alors que des affrontements ont éclaté à Beyrouth entre les forces de sécurité et les manifestants qui rejettent le nouveau Premier ministre.
Des représentants du Hezbollah, désigné par les États-Unis comme un groupe terroriste, faisaient partie de ceux qui ont rencontré Macron mardi.
Macron a déclaré que le Hezbollah, qui fait partie d’un bloc ayant une majorité au parlement, « est probablement au parlement grâce à de l’intimidation, mais aussi parce que d’autres forces n’ont pas réussi à bien diriger le pays », mais a noté qu’il disposait également d’une « base populaire ».
La question du désarmement de la milice devra être abordée, a-t-il déclaré, mais pas immédiatement.
« C’est exactement la discussion que nous avons eue il y a une heure [...]. Elle ne devrait pas constituer un tabou », a-t-il conclu.