Économie

Iran: le commerce du pétrole étouffé par la campagne de pression intensifiée

Par Nohad Topalian à Beyrouth et Sina Farhadi

Le pétrolier battant pavillon iranien Fortune est accosté à la raffinerie El Palito après son arrivée à Puerto Cabello à l'tÉat du nord de Carabobo au Venezuela, le 25 mai. Face à une série de sanctions, l'Iran a cherché à vendre son pétrole à ses alliés restant. [AFP]

Le pétrolier battant pavillon iranien Fortune est accosté à la raffinerie El Palito après son arrivée à Puerto Cabello à l'tÉat du nord de Carabobo au Venezuela, le 25 mai. Face à une série de sanctions, l'Iran a cherché à vendre son pétrole à ses alliés restant. [AFP]

La production et les exportations de pétrole iraniennes ont connu une importante chute cette année vu que la République islamique est confrontée à de sévères sanctions américaines, en dépit de ses efforts à vendre son pétrole à ses alliés, dont le Hezbollah libanais, ont indiqué des observateurs à Al-Mashareq.

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, un proche allié de l'Iran, a exhorté le 7 juillet le gouvernement libanais à étudier la possibilité d'acheter le pétrole iranien, dans une déclaration qui a provoqué des objections du gouvernement et internationales.

« Nous pouvons parler aux iraniens pour nous vendre le diesel, pétrole et [autres] dérivés du pétrole, et leur payer en livres libanaises», a affirmé Nasrallah, qui ne cesse d'appeler Beyrouth à conclure un accord pétrolier avec Téhéran.

Le ministre de l’Énergie libanais Raymond Ghajar a indiqué que le gouvernement n'a pas discuté les achats de pétrole de l'Iran, d'autre côté le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a clarifié que les États-Unis ne permettront pas à l'Iran de vendre le pétrole brut au Hezbollah.

Les sympathisants du Hezbollah observent alors que Hassan Nasrallah fait un discours sur un écran dans la ville libanaise du sud Nabatieh le 12 janvier. Nasrallah a récemment tenté de convaincre le gouvernement libanais d'acheter le pétrole iranien. [Mahmoud Zayyat/AFP]

Les sympathisants du Hezbollah observent alors que Hassan Nasrallah fait un discours sur un écran dans la ville libanaise du sud Nabatieh le 12 janvier. Nasrallah a récemment tenté de convaincre le gouvernement libanais d'acheter le pétrole iranien. [Mahmoud Zayyat/AFP]

« Nous n'accepterons pas que le Liban un État satellite de l'Iran», a martelé Pompeo.

Le député libanais Mohammed al-Hajjar, du Bloc Futur, a affirmé à Al-Mashareq que les déclarations de Nasrallah étaient destinées à ses propres sympathisant et alliés, et peuvent être vues comme une tentative de les rassurer au milieu de la crise économique actuelle.

Nasrallah a fait ses déclarations alors que « le Liban est en besoin urgent du soutien de la communauté internationale », a souligné al-Hajjar, notant qu'en ces moments difficiles, il n'est pas dans l'intérêt de l'Iran de s'aligner aux côtés de l'Iran.

L'Iran n'a pas pu acheminer l'argent au Hezbollah à cause du nouveau blocus, c'est pourquoi le Hezbollah à son tour n'a pas pu payer ses entités affiliées.

La proposition de Nasrallah à importer le pétrole de l'Iran alors que les États-Unis appliquent la Loi César de protection civile syrienne de 2019 fait partie de son « projet de changer le Liban », a fait savoir l'analyste politique Mounir al-Rabie, de almodononline.

Nasrallah entraîne le Liban vers la ruine, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, remarquant cependant que le gouvernement libanais « n'oserait pas importer le pétrole de l'Iran ».

Nasrallah « ne se soucie pas des intérêts du Liban ou la communauté chiite, qui paie un prix lourd pour sa politique », a affirmé la personnalité de l'opposition chiite Hussein Ezzedine du Mouvement Chiite pour la réforme .

Sa politique « sert uniquement l'agenda du gouvernement iranien», a-t-il signalé à Al-Mashareq.

« Nasrallah s'engage de plus en plus avec l'Iran, qui est sous desévères sanctions américaines», a indiqué Ezzedine, notant que le refus de Pompeo à autoriser l'Iran à vendre le pétrole au Liban envoie « un message clair au Hezbolah ».

L'Iran signe un contrat de 25 ans avec la Chine

La production du pétrole iranien a reculé de 33% jusqu'à présent cette année, en comparaison avec 2019, et ses exportations ont chuté de 64%. Les données de l'OPEP montrent que ses exportations globales de pétrole ont chuté de 70% en comparaison avec 2017, lorsque les États-Unis ont commencé leur campagne de grande pression.

Des responsables iraniens ont exprimé leur inquiétude au sujet de l'incapacité de la république islamique à gérer sa crise pétrolière: le président du comité économique Majles, Mohammad-Reza Pour-Ebrahimi, a annoncé à l'agence de presse iraniennes pour les étudiants (ISNA), « le pétrole est mort dans l'économie iranien à cause des sanctions ou COVID-19 ».

L'Iran essaie toujours de vendre son pétrole, plus particulièrement en concluant un accord de 25 ans avec la Chine.

Le journaliste économique basé à Téhéran Ali Nouri a affirmé à Al-Mashareq qu'il n'y pas de grand acheteur du pétrole iranien à l'exception de la Chine, mais la Chine a progressivement réduit ses achats sous la pression des sanctions américaines.

L'accord iranien-chinois aurait initialement prévu d'inclure les ventes de pétrole. Mais quelques jours après la signature de l'accord, des rapports ont révélé que les achats chinois de pétrole iranien avaient déjà reculé de 90% en 2020, en comparaison à 2019. Pendant la même période, la Chine a doublé ses importations pétrolières de l'Arabie saoudite.

L'Iran a ainsi perdu la Chine, son principal client pétrolier, à la lumière de sanctions américaines paralysantes.

Nouri a affirmé que le gouvernement iranien a conclu un accord de 25 ans avec la Chine « dans l'espoir que les ventes pétrolières n'atteindront pas zéro ».

Le chef suprême iranien Ali Khamenei a supposé à tort que l'impact d'imposer des restrictions sur les ventes de pétrole à l'Iran serait massif sur le marché mondial, et qu'il serait impossible d'imposer des sanctions sévères sur l'Iran, a-t-il dit.

Pas d'argent en espèces pour les iraniens des 'exportations' de pétrole à la Syrie

La république islamique avait tenté de vendre secrètement et faire passer illicitement le pétrole ces derniers mois, en utilisant plusieurs moyens pour contourner les sanctions américaines.

Selon un rapport de Tanker Trackers, un nombre de pétroliers iraniens ont éteint leurs géolocaliseurs et avancent aux côtés de grands navires pour éviter de révéler leur route.

L'économiste Zahra Zanjani basé à Téhéran a affirmé à Al-Mashareq que la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique est chargée d'une partie des ventes pétrolières iraniennes, même si le volume de cette portion n'est pas clair.

Les clients de l'Iran qui trafiquent le pétrole sont souvent la Chine et la Russie, parfois l'Inde, a-t-il expliqué. Il ne s'agit pas de transactions en espèces, et qui sont souvent réglé par l'échange de marchandises.

Une autre portion du pétrole iranien trafiqué va à d'autres pays tels que la Syrie, et ne ramène pas d'argent au pays. « Cela fait partie du prix payé parle peuple iranien pour les politiques d'expansion du régime», a indiqué Zanjani.

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