Le gouvernement yéménite a prolongé de deux semaines les fermetures de l’Aïd el-Fitr, qui prendront fin le 11 juin, car le nouveau coronavirus (COVID-19) continue de se propager sans être détecté dans ce pays ravagé par la guerre.
Le ministère de la Fonction publique et des Assurances a déclaré avoir approuvé la prolongation des vacances en coordination avec la Haute Commission d’urgence pour la lutte contre la COVID-19 après avoir examiné les répercussions de la pandémie sur le secteur de la santé.
Le système de santé du Yémen était déjà au bord de l’effondrement après cinq années de guerre entre les Houthis (Ansarallah) soutenus par l’Iran et les forces pro-gouvernementales.
Cette prolongation des fermetures est entrée en vigueur le 31 mai, le jour où les institutions publiques devaient rouvrir dans toutes les provinces libérées.
Dans le même temps, le ministère a demandé aux ministres, aux gouverneurs et aux chefs des agences centrales dont les unités fournissent des services liés à la santé et à la subsistance des citoyens et qui ont continué à exercer leurs fonctions pendant l’Aïd de continuer à fournir ces services.
Plusieurs médecins et spécialistes ont toutefois estimé que la prolongation des vacances ne suffirait pas à elle seule à contenir le nombre d’infections.
Des mesures obligatoires et l’application de la distanciation sociale pour empêcher la congestion des marchés sont également nécessaires, ont-ils affirmé.
« Les citoyens sont imprudents, et les marchés et les rues sont bondés », a rapporté à Al-Mashareq le Dr Anhar Faisal, médecin à Aden.
« Cela les expose à une infection au coronavirus alors que les hôpitaux sont incapables de recevoir des cas supplémentaires en raison de la pénurie de matériel médical et du fait que les centres [médicaux] qui fonctionnent encore tournent en pleine capacité », a-t-elle ajouté.
La commission d’urgence a signalé une augmentation du nombre d’infections confirmées à 419 cas, dont 95 décès, en date du 4 juin.
« Nous devons sensibiliser la société à la prévention des infections par le coronavirus, car l’épidémie est devenue une réalité dans toutes les provinces du Yémen », a déclaré Abdoul-Raqeeb al-Haidari, vice-ministre de la Santé.
Tous les membres de la société doivent assumer leur responsabilité en sensibilisant, en faisant preuve de prudence s’ils présentent des symptômes et en suivant les directives émises par les autorités et la communauté médicale, a-t-il ajouté.
Al-Haidari a souligné « l’importance de la distanciation sociale, d’éviter la congestion des marchés et de rester chez soi pour protéger sa santé et endiguer la propagation de la pandémie ».
La situation se détériore à Aden
Aden connaît une augmentation du nombre d’infections à la COVID-19 et autres fièvres, ce qui entraîne une hausse du nombre de décès.
Le Centre caritatif d’urgence pour le traitement des maladies fébriles de l’Hôpital moderne cubain d’Aden a signalé avoir reçu les 28 et 29 mai 616 cas de maladies fébriles, qui sont répandues dans tout Aden.
Le 31 mai, Médecins sans frontières (MSF) a déclaré que le Centre al-Amal d’Aden avait atteint sa pleine capacité en raison de la forte augmentation des cas confirmés et suspectés d’infections au coronavirus.
MSF a annoncé avoir conclu un accord avec le ministère de la Santé pour apporter un soutien immédiat au centre de traitement des infections au coronavirus de l’hôpital al-Joumhouriya à Aden.
MSF gère également les centres de quarantaine sanitaire à Aden et dans l’Abyan.
Mohammed Rubeid, directeur général adjoint du Bureau de la santé et de la population à Aden, a appelé le gouvernement et les organisations internationales à intervenir plus énergiquement « pour sauver [les Yéménites] après l’apparition du coronavirus et d’autres maladies fébriles ».
« En coopération avec les autorités locales dans certains districts d'Aden, le Bureau de la santé a lancé des initiatives pour relancer les opérations dans un certain nombre de centres de santé », a-t-il fait savoir.
Le Yémen compte sur la conférence des bailleurs de fonds qui s’est tenue le 2 juin en Arabie saoudite en coopération avec les Nations unies « pour soutenir le secteur de la santé qui se détériore et sauver ce qui peut l’être », a poursuivi Rubeid.
Cette conférence a permis de recueillir environ 1,35 milliard de dollars de promesses de dons pour ce pays en grandes difficultés.
Le montant recueilli représente environ la moitié des 2,41 milliards de dollars nécessaires pour couvrir l’aide essentielle de juin à décembre.