Criminalité et Justice

Les auteurs du coup d'État houthi jugés par le tribunal pénal d'Aden

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un manifestant marche avec une pancarte montrant le président du Yémen Abdrabbo Mansour Hadi et le Premier ministre Moeen Abdulmalik, sur laquelle on peut lire « Taez soutient les dirigeants politiques dans la bataille pour récupérer l'État et mettre fin au coup d'État », lors d'une manifestation à Taez le 30 août 2019. [Ahmad al-Basha/AFP]

Un manifestant marche avec une pancarte montrant le président du Yémen Abdrabbo Mansour Hadi et le Premier ministre Moeen Abdulmalik, sur laquelle on peut lire « Taez soutient les dirigeants politiques dans la bataille pour récupérer l'État et mettre fin au coup d'État », lors d'une manifestation à Taez le 30 août 2019. [Ahmad al-Basha/AFP]

En septembre 2014, les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran avaient lancé un coup d'État à Sanaa, déclenchant un conflit prolongé qui a dévasté les infrastructures du pays et déplacé, tué et appauvri sa population.

Aujourd'hui, un groupe de 32 dirigeants houthis, dont le chef de la milice, Abdoul Malik al-Houthi, sont jugés par contumace par le tribunal pénal d'Aden, la capitale provisoire du gouvernement yéménite.

La Cour pénale spécialisée d'Aden a tenu la première session de cette affaire le 2 avril, après que l'accusation eut présenté un acte d'accusation contre les 32 dirigeants houthis.

Les défendeurs sont accusés d'avoir formé des milices affiliées à l'Iran, d'avoir organisé un coup d'État armé contre le gouvernement, d'avoir commis des meurtres, des enlèvements et des tortures, et d'avoir pillé les réserves financières de la Banque centrale.

Les charges retenues sont notamment le siège contre le président du Yémen et l'attentat contre sa vie, la dissolution du parlement, la saisie de matériel militaire, l'occupation des institutions de l'État et l'invasion armée de plusieurs villes.

Elles incluent également la communication avec un pays étranger dans l'intention de nuire au statut militaire, politique, diplomatique et économique du Yémen et d'étendre l'influence de ce pays dans la région.

Al-Houthi a été accusé d'avoir formé des milices armées qui répondent à l'Iran pour renverser l'État et le système politique et social par la force, mettant ainsi en danger l'indépendance et l'intégrité territoriale du Yémen.

Il est accusé de diriger un gang formé de transfuges des forces armées, qui ont reçu un entraînement du Hezbollah libanais et du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), dans le but de renverser le gouvernement.

Dans son acte d'accusation, le ministère public a exigé que le tribunal impose les sanctions prévues par la loi, compte tenu du fait que les 32 personnes sont des fugitifs.

Le tribunal a cité les défendeurs à comparaître et leur a ordonné de se présenter devant le tribunal lors de la prochaine session le 1er juillet.

Nécessaires condamnations

« L'importance de cette affaire réside dans la condamnation de ces accusés, afin qu'ils puissent recevoir leur juste châtiment d'un tribunal », a déclaré le vice-ministre des Droits de l'homme Faisal al-Majeedi à Al-Mashareq.

L'ajournement de la séance pour assigner les accusés « est conforme au Code de procédure pénale », a-t-il expliqué, ajoutant que les accusés seront certainement jugés par contumace.

Obtenir des condamnations sera l'étape la plus importante, a-t-il affirmé : « L'application des peines sera discutée plus tard ».

Ce procès se tient après qu'un tribunal houthi de Sanaa a condamné à mort le président yéménite Abdrabbo Mansour Hadi et de hauts responsables de l'État et ordonné la confiscation de leurs biens, accusés de communiquer avec les Saoudiens.

Les tribunaux des zones contrôlées par les Houthis n'ont plus de statut légal depuis que la milice a remplacé ses juges et ses employés par d'autres qui lui sont fidèles, a déclaré al-Majeedi.

« Il s'agit donc de décisions politiques qui n'ont pas de base juridique », a-t-il ajouté.

Cependant, en ce qui concerne le procès intenté contre le chef des Houthis et les autres accusés, « il s'agit de procédures gouvernementales institutionnelles basées sur des preuves », a-t-il poursuivi.

« Les défendeurs ont la possibilité de se défendre selon ce que prévoit la loi », a-t-il indiqué.

« Un pas dans la bonne direction »

Ce procès devant le tribunal pénal d'Aden se déroule par contumace, ce qui est légalement autorisé dans le cas où les autorités ne peuvent pas arrêter les accusés, a expliqué à Al-Mashareq Abdoul Rahman Barman, avocat et militant des droits de l'homme.

Dans ce cas, « les autorités internationales compétentes seront invitées à aider à assurer leur arrestation, et dès leur arrestation, ils seront remis à la justice locale », a-t-il fait savoir.

Barman a qualifié ce procès de « pas dans la bonne direction ».

Le politologue Adel al-Shujaa a expliqué à Al-Mashareq que ce procès aurait eu un plus fort impact « s'il avait eu lieu immédiatement après l'installation du gouvernement légitime à Aden ».

« Néanmoins, il s'agit d'une mesure judicieuse, bien que tardive, et elle sera efficace si elle est traitée par les canaux appropriés et adéquats », a-t-il conclu.

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