Terrorisme

Yémen : 4,5 millions de personnes handicapées de façon permanente par les mines des Houthis

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Jamila Qassem Mahyoub, une Yéménite dont les jambes ont été amputées après avoir marché sur une mine pendant qu'elle gardait ses moutons en 2017, est assise dans un fauteuil roulant devant sa boutique dans la ville yéménite de Taez le 20 mars 2019. [Ahmad al-Basha/AFP]

Jamila Qassem Mahyoub, une Yéménite dont les jambes ont été amputées après avoir marché sur une mine pendant qu'elle gardait ses moutons en 2017, est assise dans un fauteuil roulant devant sa boutique dans la ville yéménite de Taez le 20 mars 2019. [Ahmad al-Basha/AFP]

Hassan Ahmad Bilal Adhabi, âgé de 60 ans, faisait paître ses bêtes dans le village d'al-Jaada, dans la province d'Hajjah du nord-ouest du Yémen, lorsqu'une mine l'a gravement blessé.

Les éclats de l'explosion du 14 mars l'ont amputé des deux jambes, mais il a survécu.

Mais le jour suivant, Ali Motanbak, 60 ans, n'a pas eu autant de chance. Il a été tué par une mine dans la même zone du district de Midi alors qu'il quittait son domicile pour aller chercher de la nourriture pour son bétail.

Ces mines, posées par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran, ont tué trois autres personnes le même jour dans le même quartier, dont deux adolescents alors qu'ils traversaient la zone à moto.

Un membre des forces yéménites cherche des mines le 6 novembre 2019 à Taez, dans le sud-ouest du Yémen. [Ahmad al-Basha/AFP]

Un membre des forces yéménites cherche des mines le 6 novembre 2019 à Taez, dans le sud-ouest du Yémen. [Ahmad al-Basha/AFP]

Le général de brigade Ali Siraj, directeur général du district du Midi, a confirmé les incidents des 14 et 15 mars.

Une mine des Houthis a touché une moto au nord du village de Bani Fayed dans le district de Midi, tuant trois civils : Mouhammad Ali Jarbahi, 35 ans, Hassan Yousouf Jarbahi, 15 ans, et Ismail Hussein Musawa, 14 ans, a-t-il rapporté.

4,5 millions de personnes blessées par les mines

Ces accidents survenus dans le district de Midi ne sont qu'un exemple des souffrances imposées au peuple yéménite par les mines des Houthi.

Deux millions de mines posées par la milice houthie ont handicapé 4,5 millions de personnes, soit environ 15 % de la population du Yémen, selon Arwa al-Khattabi de la Coalition du Yémen pour la surveillance des violations des droits de l'homme (Coalition Rasd).

Les Houthis ont posé ces mines dans les zones d'où ils ont été expulsées, a-t-elle déclaré dans un discours en marge de la 43e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève le 9 mars.

La milice pose des mines dans chaque village et district où elle entre, le soir même où elle y pénètre, a-t-elle fait savoir.

« Le désastre des mines et la probabilité de décès ou de handicaps augmentent en raison du silence du reste du monde sur ce crime des Houthis », a déclaré al-Khattabi.

Les Houthis « fabriquent la mort »

Les mines, qui coûtent la vie à des civils, des femmes et des enfants innocents, sont l'un des « cadeaux » que l'Iran fait aux Houthis pour tuer les Yéménites, ont déclaré des responsables et des militants des droits de l'homme à Al-Mashareq.

« La milice houthie est un gang criminel et un outil qui sert à tuer et annihiler les gens, car elle travaille à fabriquer la mort et devient très créative dans sa fabrication, que ce soit par le biais des mines, le bombardement de zones résidentielles, l'enlèvement ou la torture, souvent à mort », a déclaré le vice-ministre des Droits de l'homme Nabil Abdoul Hafeez.

« Quel est l'intérêt pour la milice houthie de fabriquer la mort ? », s'est-il interrogé.

Les Houthis sont un outil de l'Iran « qui vise à répandre la peur et la terreur, car ils croient que cela va subjuguer le peuple yéménite et lui donner le contrôle de son présent et de son avenir », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

La milice houthie « ainsi que les experts iraniens et du Hezbollah ont fait preuve d'inventivité dans la fabrication de mines », a-t-il poursuivi, « notamment de mines camouflées en jouets et en rochers pour tromper les passants ».

« Ils ont également miné des fermes et posé des mines derrière les portes de maisons que leurs occupants ont quittées par peur de la milice », a-t-il déclaré. « Cela provoquera une catastrophe humanitaire lorsqu'ils rentreront chez eux. »

Le grand nombre de mines houthies soulève des questions sur leur source et leur approvisionnement. Le Yémen n'est pas censé avoir de stocks nationaux de mines, car le gouvernement a déclaré en 2002 avoir détruit ses stocks de quatre types de mines antipersonnel, respectant en cela ses obligations en vertu du Traité d'interdiction des mines.

« Par conséquent, les mines que la milice houthie pose sont le cadeau de l'Iran au peuple yéménite, que les Houthis utilisent pour tuer des Yéménites », a affirmé le vice-ministre de la Justice Faisal al-Majeedi à Al-Mashareq.

Les Houthis « ont intentionnellement posé des mines dans des zones où ils n'ont pas d'incubateur et dans des zones d'où ils sont rejetés », a-t-il précisé.

« Les champs de la mort »

Les mines houthies ne se contentent pas de « faire des victimes humaines, blesser et handicaper des dizaines de personnes », a déclaré l'analyste politique Faisal Ahmed à Al-Mashareq.

« Leurs préjudices se sont étendus aux moyens de subsistance, car les fermes de nombreux habitants de la province d'al-Hodeidah sont jonchées de mines et sont devenues des champs de mort au lieu de champs où l'agriculture, la production et la vie prospèrent », a-t-il rapporté.

Rappelant les histoires tragiques des victimes de mines, Ahmed a raconté qu'une « mariée a perdu une jambe dans l'explosion d'une mine à Taiz quatre jours avant son mariage ».

Il a appelé les Nations unies et les organisations humanitaires à « aider le Yémen à retirer ces mines, à alléger les souffrances de leurs victimes, et à faire pression sur les milices houthies pour qu'elles cessent de poser des mines ».

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